Le big boss de Libération (poils (de barbiche) au menton), Laurent Joffrin, n’est pas content : un salarié de son quotidien burlesque, Vittorio de Filippis, a été quelque peu rudoyé par des keufs de la Seine-Saint-Denis.
Ces appliqués fonctionnaires lui ont (notamment) dit comme ça qu’il était "pire que la racaille" [1], et ça énerve aussi Le Monde, qui n’aime pas (non plus) que des journaleux soient traités comme de vulgaires capucheux des faubourgs, et qui s’offusque : "Cela se passe en France, au petit matin" [2].
Ben ouais, ma couille : ça se passe en France au petit matin, ça se passe en France à midi, et ça se passe en France aux grands soirs de la réaction, fifille (à sa mémère) de la restauration du mois de mai 2007.
Je suis toujours ému, quand des gens-de-médias réalisent que la fonction publique sécuritaire n’émolume pas seulement des humanistes raffinés ; qu’elle a (quelle surprise), dans ses rangs, des voltigeurs un peu râpeux - à qui l’exemple fut, c’est vrai, donné d’en haut, quand Nini VRP fit à une mémé d’Argenteuil la promesse de kärchériser "la racaille", précisément.
(Faut pas non plus trop s’étonner, quand le boss de l’État français donne dans la coquette saillie, que baisse le niveau général de la civilité.)
Dans la vraie vie, c’est tous les jours que des gens qui ne sont pas (du tout) les copains de Joffrin expérimentent les rigueurs du tout-sécuritaire, dans les angles tranchants des cités exilées au large du business [3].
Dans le cas de Filippis, la Société civile des personnels de Libération (SCPL), "dénonçant la brutalité des policiers", demande "qu’une enquête soit ouverte sur ces méthodes" : manifestement, ces mecs-là n’ont pas (du tout) compris que ces temps-ci la droite régimaire envoie plutôt à sa police, comme je te disais l’autre fois, de forts signaux d’impunité.
Ainsi, comme tu sais (ou comme d’ailleurs tu ne sais pas, vu que le moins qu’on puisse dire est que la presse ne l’a que (très) mollement répercuté) : "Deux policiers soupçonnés d’avoir porté des coups sur un homme de 20 ans menotté, lors d’une interpellation le 14 octobre à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), filmée par un témoin, ont été réintégrés dans la police le 7 novembre".
Mais là, que l’on sache : Laurent Joffrin ne s’est pas spécialement offusqué.
Ainsi aussi, des jeunes gens sont restés "menottés dix heures dans une salle de bain", quand il y a quinze jours le Barnum sécuritaire a fait son numéro anti-Oussama en Corrèze.
C’est une honte absolue, mais cette fois-là, remember, Laurent Joffrin, suçant de près la roue des keufs, préféra hurler que :
Alors moi, n’est-ce pas, je suis bien désolé pour Filippis.
Mais sa mésaventure nous éclaire d’abord sur la sommitale clownerie de la presse à poils au menton.
Mise à jour 01.12.2008.
Pour info, ce commentaire d’un lecteur, après la publication de ce billet dans les "coups de boule" .
"lundi 1er décembre 2008 pourquoi ne pas dire que M xavier niel (qui a porté plaite en diffamation contre Fillippis) est aussi actionaire de bakchich.info ? cela done un autre sens a cet article !!"
Message perso pour les chefs de Bakchich : les mecs, si Val(taire) est aussi actionnaire, faut me le dire tout de suite.
Trop de surprises tueraient la surprise.
[1] Ça aide à se faire une idée un peu affinée du traitement qu’ils doivent réserver à ladite…
[2] Naturellement, le P"S" et l’UMP s’indignent aussi : tant qu’à se foutre de la gueule du monde, le mieux est encore d’y aller franchement.
[3] Comme disait l’autre.