J’ai le sentiment assez vif qu’indépendamment de ses multiples (autres) qualités, le chef de l’État français, Nicolas Kozy, est un homme prudent.
Précautionneux, même, dirais-je (assez volontiers).
Je ne vois pas d’autre explication à cette manie (étonnante) qu’il a de ne plus faire un pas sans être ceint de véritables murs de keufs.
J’ai envisagé, brièvement, quelque chose comme une addiction à l’odeur fauve d’une compagnie de CRS, le soir, au fond des bourgs (de la France d’après) - mais bon, je n’y crois guère : de mon point de vue, le gars est juste circonspect.
Là, tiens.
Il était à Daumeray (Maine-et-Loire).
Bon, Daumeray, tu connais (comme tout le monde) : l’endroit est assez chichement doté en grottes.
Ce n’est par conséquent pas là, du moins peut-on raisonnablement le supposer, que Ben Laden, ce gros péteux, planque sa vile carcasse.
Daumeray, nid de talibans ?
On y croit peu, avoue.
(Ne serait-ce que parce qu’ils auraient quand même du mal, ostentifs comme ils sont (vazi que je t’exhibe une beubar de six mètres, vazi que j’te brandis sous le nez mon AK-47), à bien se dissimuler au sein de la population villageoise - où le Kabouli se raréfie.)
Daumeray : 1.600 âmes, solidement accrochées à des traditions vierges de toute impulsion djihadiste.
Nobstant (j’espère que t’es assis-e) : "Près de 700 gendarmes et policiers ont été mobilisés jeudi 19 février pour assurer la sécurité de la visite de Nicolas Sarkozy à Daumeray".
1.600 habitant-e-s.
700 flics.
Et non des moindres, puisqu’on avait là, en sus des "230 hommes" du groupement départemental de gendarmerie : "Quatre escadrons de gendarmes mobiles" et "un escadron de CRS", puis "des hommes du Raid, du GIPN, une quinzaine de fonctionnaires de police en civil et un hélicoptère, sans compter le Groupe de Sécurité du Président de la République".
Manquaient juste quelques éléments de nos (glorieuses) troupes de choc, pour que la fête soit complètement réussie : je suggère, pour la prochaine fois, un lâcher de green berets, façon la Légion saute sur Daumeray.
Maintenant, est-ce que tu imagines ce qui se passerait, si un président latino-américain dont le prénom serait Hugo se montrait aussi prudent ?
S’il déployait, avant de traverser un village, un fonctionnaire-de-police pour deux habitant-e-s, histoire de sécuriser la zone ?
Pardon : ça se déchaînerait velu dans la presse dominante.
On boufferait de l’État policier aux trois éditions du matin - et à celle du soir.
Mais là ?
Tu peux être sûr que tout le monde va fermer sa gueule - comme si rien de grave ne se passait, dans ce pays, jour après jour.
Ça doit vouloir dire quelque chose ?