Vincent Peillon voit des fusils partout.
19 janvier 2009 à 14h57Depuis Bruxelles la vue porte loin, celle de Vincent Peillon député européen du PS, en tout cas. Le gigantesque Peillon est si grand qu’il a vu à Gaza « l’immense amas d’armes du Hamas ». Amas du Hamas… On est là dans l’allitération, surement donc dans la licence poétique. Ma question à l’impayable Peillon, qui est surement énarque, normalien et polytechnicien comme tout le monde, est la suivante : « Vincent, comment as-tu vu l’amas d’armes ? Avec tes grands yeux verts surmontés d’un front puis d’une jolie raie digne de John Fitzgerald Kennedy ? »
Mon Peillon, toi qui retire la poussière des mules à plumes de cygne de Ségolène, tu dois lire le site de ta sainte presque de Saintes. Sur « Désir d’Avenir » j’ai lu des choses très courageuses de l’Ophélie du Poitou à propos de Gaza. Quand je dis courageuses, c’est par comparaison avec le silence du PS sur la question, puisque la doctrine de ce parti était : pas d’audace à propos des enfants que l’on assassine. Heureusement pour Ségo, son grand conseiller en matière de Moyen Orient est tout occupé à remonter ses montres, il a donc laissé la Madone à son libre cours, laissé dire que tous ces gens que l’on assassine, ce n’est vraiment pas bon pour leur santé.
A propos des armes du Hamas, ou de celles du Fatah, je trouve surprenant que l’on s’étonne, que l’on s’indigne qu’un mouvement de libération se procure des flingues ? Arafat a renoncé en 1983 à la lutte armée. Et ça a donné quoi ? Rien sinon le marché de dupe d’Oslo dénoncé par Edward Saïd. Un territoire dévoré par un mur et des colonies et toujours pas d’Etat, contrairement à l’engagement pris par l’ONU en 1947. Je vais même vous faire remarquer une chose propre à titiller l’internaute, si un garçon décide de quitter Paris et d’aller bombarder Gaza avec un canon, pas de problème, le boulot fini il rentre à la maison. S’il est fait prisonnier, Delanoë le nomme citoyen d’honneur de la ville de Paris. Mais imaginez qu’un loustic tricolore se pointe pour épauler le RPG aux côtés de gens un peu palestiniens, au retour à Roissy, le juge Bruguière ou son équivalent le met en cabane. Jean-Louis Bianco, le conseiller intelligent de Ségolène, s’est, à ce propos, publiquement posé ces questions…
Alors que disent les barbus, qui ne sont pas des amis vers lesquels la sympathie me pousse ? Ils disent « recréons une force armée ». Ce qui est logique dans leur logique puisque la « diplomatie » est un échec, pardon, mais il faut être cynique ou bête pour ne pas comprendre ça. Au Liban le Hezbollah a adopté ce passage par le militaire, le Hamas a pris le même chemin ; et avec cette paix dont ni Israël ni l’Amérique ni Blair ne veulent, la guerre suit son sentier sans gloire, avec les morts par milliers qui sont ses bornes kilométriques. Alexandre Adler va vous expliquer que tout cela c’est la faute à l’Iran, puisque Hezbollah et Hamas ne sont, dit-il, que des pions de Téhéran. Mais c’est faux, rien qu’une explication pour faire peur aux enfants, le type qui survit dans Gaza en ruines, le petit garçon qui cherche son cahier d’écolier dans les décombres, il veut juste la paix et un pays libre, duquel il puisse entrer et sortir.
Quand je pose la question à un type du Hamas, « Pourquoi ne pas reconnaître l’existence d’Israël », celui-ci me clou mon bec de mal pensant : « Est-ce qu’Israël reconnait le Hamas ? Puis il ajoute, comment reconnaître un pays qui n’a ni frontières définies ni Constitution ? » Vous voyez que nous ne sommes pas au bout du « processus », comme dirait Obama…