A la Une de Bakchich.info
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit

Rachid Taha : Le malentendu de l'année

1er novembre 2009 à 13h29
Quand ma chroniqueuse musicale préférée pose le dernier ovni Rachid Taha sur sa platine, ça donne une critique drôle et enlevée.
 - JPG - 113.9 ko

Rachid Taha me dit "Bonjour", titre de son nouvel album. Comme je suis une jeune femme polie, je lui réponds également « Bonjour » avant de m’étouffer devant le design de la pochette de l’album. C’est rose, quand même… Non, mais vraiment ROSE. Et puis, très, très, très jaune. Le mieux c’est de visualiser parce que ce genre de truc, ça ne se décrit pas, ça se vit :

Ouais… Ca pète, hein ?! Je sais, moi aussi, ça m’a fait comme un choc visuel équivalent aux tenues de Lady Gaga au MTV Vidéo Awards. C’est un coup à vous faire un ulcère aux yeux, à créer une maladie orpheline, ces conneries !

Je déglutis et je continue. Enfin, je m’accroche, serait le terme le plus adéquat. Si le choix des couleurs ne m’avait pas donné envie de partir en courant, les fleufleurs m’achèvent et la chemise à jabot rose m’enterre. Faut pas hésiter à mettre en camp de redressement esthétique celui qui a commis (et j’emploie le terme à dessein) cette…. Chose.

Me voilà agonisante sous les coups de couleurs chamarrées. Mais comme je suis bien élevée et que le môssieur me dit toujours « Bonjour », je persiste.

Du coup j’ouvre la pochette du disque. J’aimerais bien lire toutes les informations sur les côtés mais comme c’est écrit en noir sous fond rose fushia (Oui, encore, c’est ce qu’on appelle le comique de répétition) et en lettres capitales vaguement gothiques, je laisse tomber au bout de trois lignes et je m’empresse d’écouter l’album, question que la torture s’achève.

On commence par « je t’aime mon amour », titre suicidaire. « Je t’aime mon amour, je t’aimerai toujours ». OK. Je ne comprends rien à ce qu’il dit. Je n’arrive pas à déterminer s’il chante en français ou en arabe, ce qui, vous en conviendrez, est une sacrée performance. (Vu que les deux langues ne se ressemblent pas spécialement, hein ?).

Pour la seconde chanson, je ne comprends pas les paroles, donc je ne jugerai que la musique : pas mal sans plus, comme la première. « Ha Baby », est un mix de country et de musique algéroise. Je dois avouer que c’est plutôt une bonne idée, ça fait très « Le bon, la brute et le Taha ». Celui-ci se prend pour John Wayne, sacré pied de nez ou revanche, allez savoir.

« Bonjour » qui donne son titre à l’album, est une jolie chanson. C’est là où s’inscrit le mieux Rachid Taha, à mon sens. C’est un artiste parfaitement installé dans la culture populaire française, n’en déplaise à certains. Tout le monde a dansé sur son plus grand succès « Ya Rayah », toujours aussi efficace depuis des années, et personne n’a oublié « Douce France ». Il ne devrait pas s‘échapper de ce créneau qui lui sied à merveille. Faire passer des concepts forts tout en gaîté et en ironie, c’est ainsi qu’il est le plus applaudi.

Mais l’album continue, douche froide avec « Mine Jaï » , insupportable. « Mabrouk Aalik » est la meilleure de l’album. Elle est entraînante, bien arrangée, jolie mélodie, on la retient, carton plein ! « Ila Liqa » et « This is an arabian song » sont extrêmement intéressantes. « Sélu » avec ses arrangements flamenco, est bien foutue. Mine de rien, le cauchemar devient presque un rêve…

J’ai comme une illumination… Il y a un énorme malentendu avec cet album. Et c’est là qu’on voit qu’une mauvaise communication peut tuer un disque. Le parti pris esthétique est une catastrophe et le début de l’album ne reflète absolument pas ce qu’il est. Problème énorme de stratégie car le meilleur est à la fin ! Un souci également de direction. Rien n’est cohérent. Une pochette à la Bollywood et une chanson façon Tricky algérien, ça ne fait pas bon ménage. Enfin, à mon sens car tout ceci n’est que mon humble avis. Et il serait dommage que vous passiez à côté de la créativité dont font preuve certains morceaux.

C’est l’album d’un artiste qui n’a jamais fait aucun compromis. Il tente, il prend des risques. Donc je suis. Et puis l’auteur de « La nostalgie c’est un retour alors que la mélancolie, c’est un recours, c’est totalement différent. » ne peut être foncièrement mauvais…

Bellâm pour Voldemag

Rachid Taha « Bonjour » sortie depuis le 26 octobre 2009

P.-S.

Rachid Taha en concert

10/11 PARIS (75) L’OLYMPIA 1° partie Féfé

17/11 MONTGERON (91) SALLE DES FÊTES

04/12 ANNEMASSE CEDEX (74) CENTRE CULTUREL CHATEAU ROUGE

Casse pas ma Poste ! (s’il-te-plaît !) Fish Tank : comme un poisson dans un bocal