Incontestablement : depuis que Sarkozy a été hissé au(x) pouvoir(s), son copain Martin (Bouygues) se grossit le pouvoir d’achat - durant que nous, t’as noté ?
Pas.
(Il appert donc, ici, que la droite régimaire, dans sa déclinaison reagano-exaltée, serait mieux bénéfique aux riches, qu’aux tristes gueux dont la file s’allonge aux caisses de chez Aldi (où le flan pâtissier aux oeufs reste, certes, moins onéreux que le mille-feuilles aux framboises du Fouquet’s).
Fichtre : pour une surprise…)
Ainsi de la télé, où le copain Martin (Bouygues) vend du temps de cerveau à la multinationale du rot : la "réforme de l’audiovisuel public", outre qu’elle se traduit par la reprise en main(s) de France Télévisions par le régime (suivant le modèle qui prévalait naguère dans l’Albanie d’Enver Hodja), est pour le copain Martin (Bouygues) l’assurance de bientôt se gaver du gros, gros, gros pognon de la "manne publicitaire".
Le marché, qui n’aime rien tant que la noce de l’étatisme hardcore et de la possédance privée, ne s’y est d’ailleurs pas trompé : sitôt su que le gouvernement voulait donner (bien) du plaisir à la chaîne privée où l’on vend du cerveau, l’action de ladite s’est envolée.
On devine qu’alors, Martin (Bouygues), se pâmant, a râlé : "Que ma joie demeure !"
Et justement : le même jour, on apprenait, par Le Monde, que le copain Martin (Bouygues), pendant qu’il gagnait au grattage, triomphait aussi au tirage - par la grâce de la PPP, qui n’a hélas aucun rapport avec Pasolini [1], mais qui désigne le "partenariat public-privé", dont le régime veut ardemment élargir le champ.
Le Monde relève en effet que le groupe du copain Martin (Bouygues) est l’un de ceux qui "apparaissent comme les principaux bénéficiaires du partenariat public-privé".
Vois plutôt : "Bouygues s’est taillé la part du lion (…) dans l’édification et l’exploitation d’établissements pénitentiaires en projet : il en construira six sur dix (…)".
Non content, neffet, qu’il vend du cerveau à des sodeurs, le copain Martin (Bouygues) vend des prisons à l’Etat : je le souligne pour le cas où tu douterais que l’avenir du capitalisme soit comme je disais dans l’épousaille des fonds privés avec le sécuritaire public.
Donc : "Le dernier contrat remporté en mars 2008 par Bouygues est celui qui va le plus loin dans les missions confiées à l’opérateur privé. Outre le financement de la construction, il devra, pendant les 27 ans de la concession, assurer la maintenance et le nettoyage des locaux mais aussi les services aux personnes, blanchisserie, restauration, soin et transport des détenus, ainsi que l’accueil des familles et même la gestion du travail des prisonniers et leur formation professionnelle, moyennant un loyer annuel de 48 millions d’euros".
Ainsi, par la dévolution de la surveillance de ses taules à cet "opérateur privé", l’Etat versera, en l’espace de 27 ans, 1,3 milliard d’euros à un groupe qui se trouve être celui du copain Martin (Bouygues).
(Le principe, notons-le au passage, rappelle étrangement celui des METP, qui furent, à la fin du siècle dernier, une (grosse) machine à fabriquer de l’affaire politico-financière…)
Turellement : c’est par le seul effet de l’une de ces ravissantes coïncidences qui font que le riche trouve que l’argent fait quand même beaucoup de son bonheur, que le copain Martin (Bouygues) s’épaissit le chiffre d’affaire sous le règne décomplexé de l’homme dont il parraine le puîné rejeton - cependant que le nécessiteux fouille les gondoles de chez Lidl.
Non moins turellement : sitôt que Sarkozy, après avoir dûment étrillé la pauvrasse, retournera vers l’avocature d’affaires (afin que d’y faire de l’argent), nous regarderons si des fois, et par même effet de coïncidence, le copain Martin (Bouygues) se compte parmi ses clients.
[1] Lequel, je te rappelle, écrivit notamment ceci, que je t’invite à méditer : "Nul doute (…) que la télévision soit autoritaire et répressive comme jamais aucun moyen d’information au monde ne l’a été. Le journal fasciste et les inscriptions de slogans mussoliniens (…) font rire à côté : comme (douloureusement) la charrue à côté du tracteur. Le fascisme, je tiens à le répéter, n’a pas même, au fond, été capable d’égratigner l’âme du peuple (…), tandis que le nouveau fascisme, grâce aux nouveaux moyens de communication et d’information (surtout, justement, la télévision), l’a non seulement égratignée, mais encore lacérée, violée, souillée à jamais…"