Richard Malka est avocat.
Richard Malka est l’avocat de Charlie Hebdo, où l’on aime à défendre la liberté d’expression du "satiriste" hollandais, croqueur de Noirs parasitaires, pour qui "tout le monde doit pouvoir s’exprimer" : un gars qui veut pouvoir lire Charlie Hebdo, il va de soi, mais tout aussi bien… "Mein Kampf".
Richard Malka est aussi l’avocat de Clearstream, où l’on fait comme tu sais une grosse guerre judiciaire à Denis Robert.
Et ce matin, justement.
Par l’un de ses fameux éditoriaux (qui émeuvent si fort BHL), Philippe Val, PDG de Charlie Hebdo, rapporte que Richard Malka justifie par ces mots cette dernière clientèle, si particulière : "Je suis spécialisé dans les affaires de presse. Je me bats, par passion, pour une information de qualité, élément essentiel de la démocratie. Dans le journalisme, la qualité a des critères : c’est le contraire de la calomnie, de l’utilisation démagogique de fantasmes et de la création de boucs émissaires, même s’il s’agit d’une société luxembourgeoise. Ce n’est pas tant Denis Robert que j’ai fait condamner, mais une pratique journalistique, désormais coutumière sur Internet, où l’affirmation que la cause est bonne remplace la preuve et l’exactitude."
(Je trouve ça tellement beau, tellement émouvant, même, que je te l’ai mis en gras.)
Denis Robert, dans son dernier bouquin [1], raconte ça comme ça : "Je rappelle que l’avocat de Charlie Hebdo est, en France, également l’avocat de la multinationale qui me poursuit. Je rappelle que l’avocat de Charlie avait accepté dans un premier temps ce boulot sans apparaître sous son identité dans les documents judiciaires. J’ai divulgué son nom dans mon second livre sur la multinationale. Ce qui ne lui a pas fait plaisir. Aujourd’hui, ce champion de la liberté de la presse (…) dépose et rédige toutes les plaintes de la multinationale contre moi".
(Mais enfin, Denis Robert ?
Puisqu’on te dit qu’il fait ça pour l’amour (passionné) de l’information de qualité, si nécessaire à la démocratie ?)
Le PDG de Charlie Hebdo, quant à lui, trouve très chouette que son avocat défende aussi Clearstream - et d’ailleurs : le PDG de Charlie Hebdo a sur Denis Robert, nous allons bientôt le vérifier, un avis assez proche de celui de Clearstream.
Comme quoi : le hasard fait bien les choses.
Naturellement : il faudrait être complètement cinglé, pour imaginer "que les rapports entre Charlie et son avocat" seraient "compatibles avec des consignes de silence" où l’avocat chercherait à "protéger un client de son cabinet, fût-il Clearstream".
Foi de PDG de Charlie Hebdo.
Par conséquent : si le PDG de Charlie Hebdo voit Denis Robert comme "au mieux une feignasse qui table sur son style pour convaincre, au pire un pervers mythomane" [2], ce n’est pas (du tout) parce que l’avocat de Charlie Hebdo est aussi l’avocat de Clearstream (où l’on doit aimer lire que Denis Robert est "au mieux une feignasse (…), au pire un pervers mythomane").
Pas.
Du.
Tout.
Ca n’a aucun rapport, non plus, avec ce que Bernard Maris, qui officie dans Charlie Hebdo sous le sobriquet d’Oncle Bernard, écrivait à Denis Robert le 28 février 2002 : "Notre avocat préfère ne pas parler de cette affaire, je suis un peu gêné pour insister".
En sorte que, si le PDG de Charlie Hebdo a sur Denis Robert, comme je disais plus haut, un avis assez proche de celui de Clearstream, c’est parce que le PDG de Charlie Hebdo sait que Denis Robert est une "feignasse", ou un "mythomane".
Comment le sait-il ?
C’est un grand mystère.
Mais il détient une preuve : "Denis Robert vient de perdre encore un procès".
Rends-toi compte.
"Une fois de plus Denis Robert a été condamné pour diffamation".
Dans la vraie vie, évidemment : Denis Robert, sur qui les plaintes ont plu, a surtout été relaxé, bien plus souvent qu’il n’a été condamné.
(Vois ceci, par exemple.)
Mais de ce minuscule détail, nonobstant qu’il n’est pas du genre feignasse, le PDG de Charlie Hebdo ne dit mot : sans doute que ça ferait trop de peine à son copain Richard (que passionne si fort l’information de qualité).
Le PDG de Charlie Hebdo préfère considérer que si la justice a condamné Denis Robert, c’est bien la preuve que ce mec-là est une feignasse, hein ?
Parce que, franchement : autant la justice est, du point de vue de Charlie Hebdo, une fieffée s***** quand elle annule un mariage, autant la justice est une fée quand elle se fait Denis Robert.
Après avoir ainsi applaudi à la condamnation du pervers mythomane qui a eu le front de faire des niches à des banquiers innocents, le PDG de Charlie Hebdo peut se consacrer, dans son éditorial de ce matin, à un exercice d’insinuation dégueulasse où Denis Robert finit par voisiner avec "Les Protocoles des Sages de Sion" - mais où le PDG de Charlie Hebdo mêle aussi de gros morceaux de calomnie anti-Chomsky.
(Et tu vas voir : c’est à gerber.)
Le prétexte, cette fois-ci, est un article paru dans Télérama, où la journaliste Weronika Zarachowicz a notamment écrit, à propos du harcèlement judiciaire qu’a subi Denis Robert : "En Russie, pour réduire les journalistes au silence, on envoie des tueurs à gages ; dans les vraies démocraties, on demande à la justice de faire le boulot".
Le PDG de Charlie Hebdo, qui n’est certes pas du genre à se (com)plaire à l’utilisation démagogique de fantasmes (oooooh beeeeen nooooon alooooors, merde, c’est juste qu’il trouve les musulmans un peu rugueux), en tire aussitôt la conclusion que Weronika Zarachowitz souhaite que "crèvent" les vraies démocraties - je t’avais prévenu que ça serait à gerber.
Puis : le PDG de Charlie Hebdo, investigateur chevronné, découvre que la même Weronika Zarachowicz (qui veut la mort de la démocratie) "a signé, aux éditions des Arènes, un livre d’entretien avec Denis Robert et Noam Chomsky", mais qu’elle ne l’a pas "signalé" au lecteurs de Télérama.
C’est, pour le PDG de Charlie Hebdo, le signe que Weronika Zarachowicz n’est pas "une "vraie" bonne journaliste".
Surtout : le seul nom de Chomsky électrise le PDG de Charlie Hebdo, qui n’aime rien tant que diffamer "le fameux intellectuel américain", et qui cette fois encore ne s’en prive pas (du tout), le présentant (pour la 7.544ème fois) comme le "préfacier du négationniste Faurisson" et comme "travaillant courageusement à la réhabilitation des Khmers rouges et des massacreurs de Srebrenica" [3].
Il va de soi que je ne vais pas te redire ici, pour la énième fois, que ce crachat du PDG de Charlie Hebdo est de une infecte calomnie : tu peux vérifier ici, par exemple, qu’il adore salir Chomsky (fort de l’assurance qu’icelui ne risque pas de le faire condamner pour diffamation) [4].
Le pire, cependant, reste à venir.
Le PDG de Charlie Hebdo écrit : "Mais qu’importe que Weronika ne se conduise pas tout à fait comme il faut en dissimulant aux lecteurs de Télérama ses liens avec Denis Robert. Elle le fait pour la bonne cause".
Puis.
Très posément.
Il ajoute : "C’est comme "Les Protocoles des Sages de Sion". On nous bassine en nous répétant que c’est un faux. Oui, et alors ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Si ce que ça raconte correspond à ce que l’on a envie de croire, c’est la preuve que c’est vrai".
Je suppose que ce n’est pas la peine que je te raconte ce qui vient de se passer ?
Du haut de son immense dignité.
Un homme (dont l’avocat est mû par le bel amour de l’information de qualité, qui n’aime pas (du tout) la calomnie).
Vient de te signifier que finalement, Weronika Zarachowicz et Denis Robert ont quelque chose en eux des "Protocoles des Sages de Sion".
Je te laisse digérer cette vilenie mercredique.
Proposition de sujet, pour un prochain bac de philo : "Peut-on aimer l’information de qualité (qui est le contraire de la calomnie, de l’utilisation démagogique de fantasmes et de la création de boucs émissaires) - et cependant être l’avocat de Charlie Hebdo ?"
[1] "Une affaire personnelle", Flammarion, 2008.
[2] "C’est dans le Charlie Hebdo du 10 avril 2002", précise Denis Robert.
[3] Pour ce qui serait du "courage" : le PDG de Charlie Hebdo se pose un peu là - tu reconnaîtras, j’espère, qu’il faut d’énormes balloches, pour attaquer d’aussi puissants personnages que Denis Robert ou Weronika Zarachowicz.
[4] Un mot, tout de même. Chomsky, évidemment, n’a pas (du tout) été le "préfacier" de Faurisson. Il a écrit une lettre sur la liberté d’expression qui a ensuite été publiée, sans son accord, en guise de préface à un bouquin du sinistre négationniste (pléonasme). Chomsky, en effet, considère que cette liberté vaut pour tout le monde - sans exception. Naturellement : on peut ne pas être d’accord. (C’est mon cas : je trouve ça complètement con.) Mais Chomsky, en somme, est, en l’espèce, du même avis, exactement, que le "satiriste" hollandais, croqueur de Noirs parasitaires, qui veut pouvoir lire Charlie Hebdo et "Mein Kampf", et que défend Charlie Hebdo. Dès lors, évidemment : la question se pose de savoir pourquoi, sur un tel sujet, Charlie Hebdo soutient le "caricaturiste" et voue Chomsky aux gémonies, alors que la seule différence est que l’un aime à dessiner des saletés islamophobes - et pas l’autre ?