Vide grenier
28 février 2009 à 10h22Toutes les télévisions et radios vous ont bien prévenus : Max Théret est mort. C’est une tradition, la presse aime annoncer les morts dont on n’a rien à foutre. Quelquefois, « Le Monde » qui vit beaucoup de la mort des autres, des petites annonces nécros qui coûtent une fortune, nous gratifie d’un long papier sur la disparition du roi de la saucisse ou de l’inventeur du soutien-gorge pour trapézistes. Alors qu’à côté des poètes de comptoir, des ouvriers artistes de l’échafaudage, des paganini du marteau piqueur tombent dans l’indifférence.
Ce que l’on a oublié de nous rappeler, ce sont les deux années de cabane (avec sursis) ramassées par le bon Max à la suite d’un délit d’initiés. Je vous parle ici de l’excellent tuyau de bourse tombé dans l’oreille du noyau dur de quelques amis historiques de Tonton. Le mot de passe, partagé en socialistes par ces initiés, était : « achetez du Pechiney, ça va faire la culbute ». L’info venait du cabinet de Pierre Bérégovoy, ministre des Finances, donc, du solide.
Mais laissons les morts enterrer les morts et ce socialisme (courant Crédit Lyonnais) enterrer la gauche. L’important reste que Max ait créé la FNAC et permis, par là-même, à Denis Olivennes de devenir un jour chef de rayon de la boutique. Et à François Pinault de devenir milliardaire et de foutre à la porte 400 personnes de ces FNAC là, alors qu’il ne sait plus quoi faire de son fric. Un Pinault que l’on a pu voir sous un jour bien agréable le week-end dernier, sur la Cinq. La série de « films » s’intitule « Empreinte » et elle retrace la vie de gens aussi admirables que Jean Lacouture ou Elie Wiesel, c’est dire si nous sommes dans le profond, dans le platine iridié. Dire que Sainte Annick Cojean est la mère abbesse qui règne sur ce chapitre de la chaine du savoir, c’est répéter que nous sommes dans le zéro défaut. D’où l’étonnement de voir Pinault à l’affiche dans « Empreinte ». A la décharge d’Annick, précisons que l’entretien avec Pinault a été confié à un homme pugnace et intransigeant : Jean-Louis Rémilleux. Voilà un bon casting. Mobutu étant mort, restait à Rémilleux un peu de cirage pour d’autres pompes pas forcément noires. Il en a alors étalé, un peu, sur les mocassins d’Arnaud Lagardère… Le temps que le bon Arnaud, estimant être dupé dans une opération de rachat de la société de production JLR, assigne Rémilleux devant le tribunal de Nanterre. Une espièglerie entre gens du même monde.
Inutile que je vous explique la violence des questions de Jean-Louis. C’est si fort qu’il n’en pose pas une seule. Rien sur l’affaire Dapta-Mallinjoud, rien sur KPMG et Cohen-Scali l’ancien commissaire aux comptes de Pinault, rien sur l’organisation de sa succession réglée par son pote Chirac. Comme on le dit au Washington Post : « Le journalisme doit affliger les forts et réconforter les faibles » Il parait que Ségolène est copine avec Pinault ? Notre ami breton, ami des employés de la FNAC et de CONFORAMA, ami des ouvriers de Gandrange, est donc un futur Max Théret (je veux dire mécène de la gauche).
Ce retour à Max me ramène à mon propos : les tirelires de Mitterrand. Dans l’actualité aussi nous avons Pierre Bergé, ancien petit « cochon » de Tonton. Il est dans tous les journaux. Et pas parce qu’il est mort, mais parce qu’il vient de faire un vide-grenier qui lui rapporte autour de 350 millions d’euros. J’ai entendu un ami (à lui), dire que c’était « un moyen de faire un pied de nez à la crise »… Rassurez-vous, cet Euromillions ne sera pas versé à des chômeurs, ou des chômeuses. Pas même à celles d’une usine de parfum « Yves Saint-Laurent » auquel leur nouveau patron (Pinault, l’ami de Cojean, Ségolène et de l’ami de Mobutu) a réclamé de rendre leurs indemnités de licenciement -dérisoires-, au prétexte qu’elles allaient quand même aux prudhommes. C’est bien, de temps à autre, de noter la discrète humanité de nos grands capitalistes amateurs de homards gonflables.
A propos de vide-grenier, imaginez qu’à une vente aux enchères à Caracas, Ugo Chavez laisse vendre un morceau de la Sainte-Chapelle ? Il n’y aurait pas assez de place dans nos journaux pour lapider le rastaquouère. Alors que Bergé peut vendre en paix des têtes en bronze, forgées sous la direction du jésuite Castiglione il y a une poignée de siècles, et qui ornaient le Palais d’été de Pékin où elles ont été volées lors du « sac » en 1860.
C’est Bakchich qui m’aide à conclure ce round up des vieux amis de l’ancien titulaire de la Francisque. Voilà qu’un fiston « de », Olivier Pelat (son papa Roger-Patrice était aussi dans le petit secret Pechiney), aurait une ligne directe avec des amis de Bertrand Delanoë, et qu’il saurait, l’Olivier, et avant tout le monde, de quels jolis « complexes » immobiliers Paris envisage de se doter… Chômeurs, nom de Dieu, cessez de chômer, soyez initiés !