A la Une de Bakchich.info
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit

Merde Aux Pauvres !

20 mai 2008 à 19h22

La semaine dernière, Ucar, loueur de voitures, a fait, rappelle-toi, (un petit) scandale, en proclamant, pour sa réclame : "Les pauvres sont dégueulasses, ils polluent".

Martin Hirsch, notamment, s’est offusqué – en ces termes : "Ces gens qui se croient malins, (…) qui essaient de faire de l’argent sur le dos des pauvres, devraient cesser ça".

(Rappelons ici que Martin Hirsch appartient au gouvernement qui depuis un an et quatorze jours prend aux pauvres, pour donner aux riches (et que par conséquent il a, pour ce qui toucherait aux gens-qui-essaient-de-faire-de-l’argent-sur-le-dos-des-pauvres, un avis nécessairement autorisé).

Mais que Martin Hirsch n’a toujours pas demandé que ses voisins de conseil des ministres cessent de faire des paquets fiscaux sur le dos des miséreux.)

Or.

Hier.

Dans Libération.

Maxime Bono, député-maire PS de La Rochelle.

Déplorant la suppression annoncée (pour dans quatre ans) du péage du pont qui mène du continent à l’île de Ré, a déclaré que cette irruption de la gratuité dans un environnement jusqu’ici préservé de l’usure de la plèbe sera(it), comme au pont d’Oléron (où le passage n’est plus payant depuis 17 ans) : "Une catastrophe, causant l’essor d’un tourisme à la journée, de moindre qualité, et une saturation des routes".

Maxime Bono, député-maire PS de La Rochelle, considère par conséquent, si les mots un sens (mais lui n’a pas, comme Ucar, l’excuse de la recherche du coup publicitaire), que les pauvres, en effet, saturant les routes, sont de puants pollueurs.

Maxime Bono, député-maire PS de La Rochelle, considère, surtout, que les gueux impécunieux qui n’ont pas les moyens d’acquitter aujourd’hui les 16,50 euros (tout de même) de la traversée du pont de Ré font de mauvais touristes – d’une qualité "moindre" que celle des visiteurs, mieux dotés, qui ont de quoi s’offrir, outre le passage, un séjour décent : d’une semaine, par exemple, plutôt que d’une seule misérable petite journée.

(Le pauvre, c’est sa croix, n’a pas le sens de l’économie, et s’aperçoit, l’été venu, qu’il a bu tout son RMI.)

Ces considérations de Maxime Bono, curieusement, ne suscitent pas le dixième de l’indignation née du slogan d’Ucar : un peu comme si le mépris de classe gagnait à être dit par un "socialiste"…

Dead Kennedys : "Kill the poor".

Tu Quoque, Mi Dély !