Le monde se divise en deux, mon ami(e).
Tu as d’une part des gens qui t’annoncent bruyamment qu’ils vont faire un canard sauvage, un canard qui, proclament-ils, va très fort "chier dans la colle" - et "dans les bégonias" aussi, d’une haute hauteur.
Un canard sans limite(s), un scud au cul de Philippe Val, on va pas en revenir, tellement ça sera "impertinent".
Et quand on l’ouvre on a un édito où Guy Bedos dit que Sarkozy n’est pas gentil.
(Hhhhh…)
Puis d’autre part tu as des gens qui depuis cinq ans font en effet un canard qui mord et qui fuit (comme un sale chien rouge), et qui s’appelle :
C’est vrai que ceux-là manquent significativement de chieurs en bégonias "politiquement incorrects" made in Lagardère.
C’est vrai que ceux-là ne transigent que peu, et (se) rient éventuellement de l’effronterie institutionnelle qui réclame pour se libérer "de plus grandes cages" et "de plus longues chaînes" - comme dit un chanteur libéral de nos entours.
C’est vrai enfin que du coup les temps sont pour eux un peu durs - c’est pas d’aujourd’hui qu’on apprend que l’impolitesse n’est pas un dîner de gala.
Et les voilà qui balancent un message dans la bouteille :
"Après cinq ans de critique sociale acharnée, les joyeux galériens de CQFD ont atteint les limites de l’abnégation. Maintenant, faut du pognon ! Sans banque ni pub, une seule solution : 2 000 abonnés supplémentaires. FLÛTE, Y A PLUS DE BIÈRE… Fin août, nous débarquons dans les locaux du journal la tête pleine du souvenir du sable qui nous chatouille encore les arpions, nous ouvrons le frigo et… y a plus de bière. À peine un fragment de fromage fossilisé datant, à vue de nez, du bouclage de juillet. C’est la rentrée, il faut aller fissa au ravitaillement et p’têt’ bien racheter un frigo propre. Nous jetons un oeil sur le courrier accumulé : quelques réabonnements, des factures, un relevé de compte… Nous ouvrons la missive de La Poste d’un air faussement détaché pour découvrir, horreur, que le chiffre en bas à droite est presque aussi sec que nos gosiers !
C’est la mousse qui fait déborder le vase. Dans ce foutu canard, nous n’avons pas un seul vrai salarié, la cheville ouvrière empoche à peine quelques cacahuètes occasionnelles, nous nous usons sur des écrans aussi efficaces qu’une séance d’UV pour te griller les mirettes, nous peignons des cages d’escalier pour épargner nos finances,les dessinateurs gribouillent pour la gloire,les rédacteurs collectionnent les queues de cerise, et y a pas un kopeck pour acheter un pack !
CQFD, nous le tenons à bout de bras – et de foie – depuis plus de cinq ans. Onze mois par an à faire vivre ce journal avec les moyens du bord, soit un peu de votre oseille et beaucoup de notre huile de coude. Comme dit le Méhu à chaque fois qu’il se radine pour siroter un canon en nous regardant trimer : « J’ai jamais vu des chômeurs bosser autant ! » Seulement voilà… Depuis quelques mois, quand l’un d’entre nous évoque un éventuel sabordage, plus personne ne répond : « Arrête tes conneries ! Passe-moi plutôt l’clacos pour finir mon godet… »
Pourtant, les raisons qui nous ont poussés à créer CQFD sont toujours d’actualité. En 2003, les bandits au pouvoir n’étaient pas vraiment complexés et leurs opposants les plus en vue aussi exaltants que des endives pataugeant dans la béchamel. Cinq ans plus tard, il est vital de continuer à se serrer les coudes. Notre chien rouge désire rester une erreur dans leur système comptable, à ronger le trognon de la droite bling-bling comme de la gauche en toc, gronder au mollet des fanatiques du boulot et des hallucinés de la négociation bidon, sans oublier de courser la bave aux lèvres les faux impertinents et les rebelles de plateaux télé… Mais plus dans les mêmes conditions.
Vous êtes cinq mille à acheter CQFD, dont deux mille abonnés. Nous savons pertinemment que vous ne rechignez pas à gonfler vos chèques de quelques euros de soutien. Nous savons aussi qu’autocollants et affiches ornent les murs de vos contrées. Nous vous remercions chaleureusement de votre complicité, sans laquelle nous n’aurions pu tenir.
Mais si vous souhaitez que l’aventure mensuelle se poursuive, il est impératif que vous soyez deux fois plus nombreux à acheter ce canard. Nous devons engranger de toute urgence deux mille abonnés supplémentaires. Attention, il ne s’agit pas de convertir les ventes en kiosque en abonnement,mais bien de dégoter deux mille nouveaux lecteurs d’ici novembre. Alors débrouillez-vous, cessez de faire circuler votre CQFD, usez de persuasion, de vos charmes, de menaces,mais obligez vos mémés, voisines, amis et ennemis à glisser une piécette dans la gamelle du clebs rouge. Il a soif.
L’équipe de CQFD".
Alors maintenant, l’ami(e) : tu abonnes ta mémé en cliquant juste là - ou si on lâche le chien rouge sur ton ridicule chihuahua ?