Un bon chef chimpanzé se doit de secourir ses sujets en situation de détresse, il espère bien ainsi gagner en popularité.
Il va protéger un « petit » des assauts d’un jeune adulte, prendre parti pour le plus fragile dans le cas d’un conflit, venir au secours d’une femelle harcelée par une autre un peu nerveuse…
Pas étonnant que Nicolas Sarkozy se soit donc positionné, dès la campagne électorale, en super chef, autoritaire mais déterminé, courageux et toujours prompt à sauver les membres de sa troupe en danger.
Dès le début de son règne, il a appliqué la tactique du « Zorro », en envoyant son ex femme dans la tente de l’ex terroriste Kadhafi, négocier la libération des infirmières bulgares.
A chaque fois, que notre chef primate, se sent en situation de fragilité, il remonte sur son destrier pour sauver des malheureux, à l’autre bout de la planète, espérant reprendre sa place dans le cœur des Français.
Zorro est remonté sur son cheval pour sauver l’Arche de Zoé malgré le comportement ambigu de ses protégés. Des martyrs à sauver il n’y en a pas tous les jours !
Puis il a repris du collier pour faire libérer les otages du voilier « le Ponant » en Somalie.
Au nom de la transparence, le gouvernement a délivré des informations quasi quotidiennes. On a suivi cette affaire en Somalie comme on suit les épisodes de la palpitante série « 24 heures Chrono ». On a tout su du plan « pirate de mer », de la tactique choisie pour mener l’assaut, aux sentiments ressentis par les ex otages qui se sont largement exprimés à leur sortie.
Pas étonnant que Nicolas Sarkozy ait déployé pendant des mois, une énergie incroyable pour afficher sa détermination à sauver celle qu’il qualifie lui-même de « martyre » : Ingrid Betancourt.
Les discours déterminés plein d’espoir du chef de l’état alternaient avec des messages d’inquiétude et d’encouragement. Quand les discours n’occupaient pas le terrain, place à l’image : gros plans sur l’avion et l’équipe médicale puis sur les émissaires envoyés en mission, sur place, par notre chef national.
Il offrait le visage d’une France réconciliée, avec Carla Bruni marchant au même pas que Bertrand Delanoé dans les manifestations pour la libération d’Ingrid Betancourt. Histoire de nous faire oublier les descentes dans la rue des lycéens, des pêcheurs, des fonctionnaires ?
En tout cas, cette affaire a occupé une place de choix dans les grands journaux pendant des mois. Ce qui est déjà un motif de satisfaction pour le gouvernement. Mais c’est peut-être le seul, en ce qui concerne cette affaire.
En effet, compte tenu des limites de leur langage verbal, nos cousins singes jugent leurs chefs sur leurs actes et non pas sur leur discours.
Nous aussi, en bons citoyens primates, nous jugeons nos dominants sur leurs actes et leurs résultats.
Or sur ce terrain-là, notre président n’a pas fait ses preuves.
Il ne peut pas décemment se positionner en sauveur. Il l’a bien compris et s’est bien gardé de jouer la carte du triomphalisme. Il s’est contenté d’offrir aux caméras, l’image d’un président réjoui par la bonne nouvelle, aux côtés de la famille d’Ingrid Betancourt.
Cette tactique de montrer par l’image ce qu’il ne pouvait pas dire (j’ai participé à la libération) a ses limites. Il ne suffit pas d’être le maître de cérémonie des festivités post-libération pour pouvoir revendiquer le statut de « sauveur ».
Cela ne suffit pas à faire taire les mauvaises langues qui prétendent que le Président colombien a même volontairement caché cette opération à son homologue français pour éviter qu’il ne compromette, par de nouvelles maladresses, le dénouement heureux ! Nicolas Sarkozy devra-il rapidement trouver une nouvelle victime à sauver pour redorer son blason, sera-il obligé de passer une petite annonce « cherche personne en détresse » ? Espérons que non !