Interview subjective de Bêllam
Les interviews subjectives continuent avec Yodelice, joli projet né d’un rêve presque espagnol, et d’un désir de liberté de quelqu’un de connu. Subjectives car je ne retranscris pas les propos mais mes impressions qui ne valent pas grand chose ;)
Il s’est avancé vers la plage, a regardé l’horizon, vers l’Afrique, loin, loin de l’univers qui était devenu le sien. La casa « Yodelice » était juste derrière lui. Depuis ses 18 ans, la vie avait été « facile », le portant de projet en projet, sans jamais que l’envie d’être vraiment dans la lumière, d’être interprète enfin, ne prenne toute la place.
Regarder devant soi, être seul, éprouver du plaisir, partager, être sincère. À la casa « Yodelice », les notes qui s’accordent à ces états d’âme surgissent. Faciles. Revenir à Paris. Rencontrer. Rencontrer celle qui apposera des mots sur ces mélodies qui ne sont pas encore un album. Revenir en Espagne, à « Yodelice ». Imaginer l’enfance qui revient sous les traits d’un clown presque douloureux. Composer encore. Confier cet être, ce double à un ami qui va le mettre en scène. Lui et sa meilleure amie, une guitare en forme de tête de mort qui prendra vie grâce à un vieux luthier de Nashville. Boire des coups, discuter pendant des heures avec ce type, qui fabrique les guitares de Keith Richards & Georges Harrison. Et tilter quand il parle du « Tree of life », le nom américain de la technique pour fabriquer un manche de guitare. Ce sera le nom du disque, évidemment. « Tree of life », l’arbre de vie, de toutes les vies… Parce que cela reflète sa tonalité boisée, naturelle, l’aspect école de la vie. La vie qui le conduit à Los Angeles pour finaliser tous ces morceaux épars.
Mais avant. Juste avant écouter l’album. Il est encore là à la toute première chanson. « Insanity ». La folie douce plane sur tout l’album. Ces moments de flottement où l’on ne sait plus trop ce que l’on est devenu. La folle légèreté de l’enfance aussi. L’insouciance perdue. La déraison qui s’empare de nous quand l’alcool vous réconcilie avec l’inconscience. Il est encore là. Mais à la seconde chanson « A Sunday with a flu », il a perdu les clés et refermé la porte. Il disparaît. Yodelice arrive sur la pointe des pieds. La maison, le trip a pris corps. « Un botox mental » dixit. Il vient de naître. Il met son drôle de chapeau, sur le troisième morceau. Sa larme comme une cicatrice sur la joue sur « Alone ». Yodélice nous fait un strip-tease à l’envers. Il s’habille, se pare tout le long. L’horizon espagnol prend ses quartiers au milieu de l’album. La gratte « flamenquise ». Yodélice est pleinement là. Son costume rayé et sa meilleure amie, la mort sa guitare…Mine de rien, je n’ai pas vu le temps passer, c’est la fin de l’album, et je remarque que Yodelice si clair il y a quelques minutes, s’estompe. Le temps de me retourner, il a disparu. Il est à nouveau là.
Caché. Qui marche le plus à découvert sur le morceau masqué de l’album. Celui qui conclut l’album. Seul au piano. Il dit que tout ce qu’il a à dire se trouve là, niché dans cette équation de notes, ce qui forme l’équilibre fragile, une mélodie. Pour les paroles, c’est la comédienne et dramaturge Marianne Groves qui a su poser les bons mots sur la musique. Son ami Bastien Duval, réalisateur a mis en scène le concept de Yodelice., et la fameuse guitare qui, elle, sera fabriquée par Danny Farrington. Abraham Laboriel, à la basse. Une équipe. Des musiciens, des décors, des silhouettes. Cesser d’être seul, être en collectif.
Après avoir passé beaucoup d’années à servir l’univers des autres ( entre autres Jenifer ou autres « grosses machines »), Maxim Nucci a fini par servir le sien. Fantasmatique certes mais infiniment personnel. Poétique. Un voyage. Acheter l’album est incomplet. Il faut embrasser le projet comme un spectacle, intimement lié à la scène. Prêter attention à la pochette de l’album. Le côté touchant du personnage, enfantin et ce qui l’entoure, serpents, arbre à nu, corbeau et un porte guitare, éléments vaguement angoissants.
Yodelice, « Tree of life » , est un joli cadeau que nous fait Maxim Nucci. Il est là, assis en face de moi. Incertain. Il s’est caché derrière son allure, les lunettes noires, les cheveux tirés en arrière, la barbe, les bracelets, les fringues. Et dès que nous nous mettons à parler, la spontanéité revient. Les mains qui bougent. Des regards où l‘enfance passe. Et des sourires de trentenaire. Sa voix a vécu et ça lui va très bien. C’est sur « alone » qu’elle me touche le plus. En fait, en y regardant de plus près, je me demande si Yodelice n’est pas la problématique permanente de Maxim Nucci, poussée à l‘extrême. Comme planqué derrière l’allure branchée d’un musicien français un peu trop gâté par la vie. Qui sourit, dit bonjour à 15 personnes, sollicité, impeccable. Le bon accessoire, le bon sourire, le bon mot, la bonne prestation. Alors que c’est un homme simple, spontané, enthousiaste, intelligent. Comme si la mise en scène avait commencé il y a très longtemps… Allez comprendre, la schizophrénie douce est toujours un peu parmi nous, non ?
Reste Yodelice, un concept, un spectacle. « Tree of life », onze chansons pour découvrir un univers pas si loin des frères Cohen, lui qui les aime tant. De la folk ensoleillée, parfois assombrie par quelques nuages de solitude, de perte, et de recherche de soi.
J’ai passé un joli moment avec Maxim. Ou Yodélice… Allez savoir ;)
http://www.myspace.com/yodelice
Déjà disponible
Mercury
By Bêllam pour Voldemag