Un vieux dicton berrichon dit que les barbichus osent tout, et que c’est même à ça qu’on les reconnaît, mon René.
Et en effet, dans Libération, et dans l’un de ses fameux éditoriaux (attrape-nigaud(e)s) à pilosité mentonnière, le burlesque Laurent Joffrin écrit que "la domination mondiale des idées libérales, à l’oeuvre depuis les années 80, arrive" ces temps-ci "à un crépuscule", et que "la crise déplace les lignes vers la gauche", et que par conséquent "les leaders" du P"S" devraient, d’urgence, préparer "une stratégie nouvelle et un projet inédit" - parce que bon, telle que tu la vois, précise le big boss de Libé, "la gauche" de (la rue de) Solférino, "qui a mis si longtemps à se convertir au réalisme, se trouve prise à contre-pied" quand ledit "réalisme" apparaît pour ce qu’il est : une gigantesque enculerie où le riche fait son gras de la misère du gueux.
Je dois ici préciser, pour le cas (douteux) où tu ne saurais pas ce qu’il en est de la prose de Laurent Joffrin, que, dans son vocabulaire de servant de "la domination mondiale des idées libérales, à l’oeuvre depuis les années 80" (qui sont aussi, rappelle-toi, les années où Laurent Joffrin jappait "VIVE LA CRISE" en frétillant de la queue), une conversion "au réalisme" est un ralliement, justement, à ces "idées libérales" - en sorte que, tu l’auras compris, la "gauche" de Laurent Joffrin est une "gauche" du reniement, une "gauche" de la félonie, dont le fondement est vendu au(x) marché(s).
(Dans un récent (et formidablement cocasse) bouquin, Laurent Joffrin réclamait, pour cette "gauche" tétanisée par d’horribles "tabous" marxistes, "le réalisme des analyses et de l’audace" libérale "dans ses propositions"…)
Bon, le big boss de Libé a désormais de la compassion pour cette "gauche" dont le réalisme consista, remember, à proclamer tôt que "l’Etat ne peut pas tout".
Laurent Joffrin observe qu’"elle se rallie sur le tard à une économie de marché qui", juste à ce moment-là, comment que la vie est mal faite, "se précipite dans la crise", et que "ses électeurs en tirent les conséquences" (et partant vont bientôt cesser d’acheter Libération) - au point (de non-retour) que désormais "l’anticapitalisme radical renouvelé par l’altermondialisme trouve des soutiens croissants".
Et, naturellement : ça lui fait de la peine, à Laurent Joffrin.
Et moi, n’est-ce pas, je n’ai rien contre un bon vieux foutage de gueule des familles de temps à autre - mais là ?
Je trouve que ça serait assez bien que Laurent Joffrin cesse de nous prendre pour des gros(se)s c… Pour des abruti(e)s.
Parce que tout de même, si les "socialistes" en sont là - si veulement soumis aux pansus tenants de "la domination mondiale des idées" capitalistiques ?
Si les "socialistes" viennent de passer de longs mois de honte absolue à se mesurer la bite en criant, gade, c’est moi que j’ai la plus néolibérale, vazi, tâte, c’est du Milton Friedman ?
C’est (aussi) parce que Laurent Joffrin, depuis vingt ans, hurle (comme dans ce livre dont je parlais plus haut) : "Oui, il y a des vertus dans le risque, dans l’entreprise (…), dans la concurrence" !
Ou parce que Laurent Joffrin, encore lui, et de nouveau dans un ahurissant bouquin, a fait dire au printemps dernier au très "socialiste" manager de Paris que : "Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s’ils ne tiennent plus les termes de "concurrence" ou de "compétition" pour des gros mots, c’est tout l’humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique"…
Ca fait vingt ans que le gars deale sa triste came, genre, tiens, smoke, it’s from Belgium, c’est la maison qui régale, tu verras que tu verras la mer - et le voilà qui tout d’un coup annonce, coucou, je suis le bon docteur Olievenstein ?
Comment qu’ils disent, au Berry ?