Je sais pas si ça te fait ça, mais depuis que le chef de l’Etat français a finalement trouvé, nonobstant que "les caisses sont vides", moulte centaine de milliards d’euros pour les banques, je tombe tous les jours, dans la presse (qui ment), sur des papiers idiots où des journaleux mélangent les mots "Sarkozy" et "socialisme", et, posément, te disent que le chef de l’Etat français aurait soudain refait son dressing, et serait à présent un peu à gauche du sénateur Mélenchon (ou très, très à gauche du manager Delanoë, qui a longuement hurlé au printemps que plus radicalement libéral que lui, tu ne trouverais jamais).
Le président Chavez lui-même, que la presse (qui ment) tient pour le mètre-étalon du socialisme despotique, a déclaré en souriant que Sarkozy était sur la bonne voie, encore un effort, camarade - et naturellement, les mêmes journaleux ont trouvé ça follement funky.
Et certes : rien ne permet de soutenir que le chef de l’Etat français, quoique natif du RPR, serait moins "socialiste" que n’est Lionel Jospin, car en économie ces deux-là ne se différencient au fond que par le volume des gages donnés au patronat - et là, force est de constater : Jospin est loin devant Kozy, tant son règne, entamé sous l’auspice de l’âpre sodomisation des salarié(e)s de Renault-Vilvoorde, fut celui d’une série de privatisations où même Alain Juppé mit son admiration, avant de se terminer (en apothéose) par la proclamation que non, ma couille, son programme n’était nullement "socialiste".
(On se disait bien, aussi…)
De la même façon : rien ne permet, non plus, de supposer qu’un Manuel Valls, qui a pourtant l’estampille de la rue de Solférino, où le P"S" a le siège, est plus "socialiste" que n’importe quel sous-Rastignac de l’UMP.
Mais dans la vraie vie, cependant : Sarkozy n’est pas (du tout) socialiste - et l’insistante suggestion, faite notamment par le big boss de Libé (qui est barbichu et libéral), que le chef de l’Etat français, quand il monte par exemple "une banque publique des investissements", serait plutôt à "gauche", est encore l’une de ces minables stratégies que la presse (qui ment) ourdit pour la préservation du système capitaliste, qui est si plein de bonne volonté, qu’il ose même endosser, dans les moments d’urgence, l’habit rouge du collectivisme.
Dans la vraie vie, évidemment : Sarkozy est un extrême-capitaliste, un reganien ultra, le porte-glaive des opulent(e)s possédant(e)s qui, ainsi que l’a dit Chomsky sur la foi de son observation de la réalité yankee, "tiennent pour acquis que l’Etat doit intervenir de façon active pour protéger et subventionner les riches et les privilégiés".
Un cynique, par conséquent, mais d’un cynisme outré, d’aucun(e)s diraient outrancier, de longue date persuadé que rien ne vaut, comme boussole idéologique, le fameux théorème du harassement des miséreux, qui pose qu’il faut prendre aux gueux pour mieux donner aux galetteux, et que "les caisses" finalement ne "sont" pas "vides" pour tout le monde, et que si l’Etat ne doit pas se faire chier, il va de soi, dans le sauvetage des va-nu-pieds dont la recapitalisation aurait trop l’air d’une prime à la fainéantise allocataire (mâme Chabot), l’Etat, en revanche, peut (et doit) mettre ses fonds publics à la disposition (exclusive) du patronat et des banques.
La crise est, à cette aune, quelque chose comme l’occasion qui fait le gros larron : une opportunité, comme il ne s’en présente hélas que peu dans une vie (de chef de l’Etat français), de concrétiser le pillage de nos ressources collectives pour le seul profit d’un petit gang de nanti(e)s - parce que c’est bien ce qui se passe depuis un mois, n’est-ce pas ?
Durant que les salarié(e)s de la Camif (et de chaque endroit, et ils sont comme tu sais nombreux, où l’avenir s’écrit c, h, ô, m, a, g, e) voient que l’Etat, évidemment, va les regarder crever ?
Le gavage des banques se poursuit, et le régime, inconscient que la rage du peuple s’exaspère, annonce pour les gros marchands de mort 175 milliards d’euros supplémentaires de nouvelles dépenses militaires, applaudissements nourris de certain sénateur UMP - et il faut vraiment être un journaleux débile pour oser caqueter que le chef de l’Etat français a des reflets socialistes.