Comme dit l’Angsoc : "La liberté c’est l’esclavage".
De la même façon (et pour le formuler autrement) : "Le travail du dimanche est une avancée sociale".
Mais cela, du moins, ce n’est pas le Ministère de la Vérité qui le dit : c’est Luc Chatel, "secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation" au sein du gouvernement de guerre (de classe(s)) qui prétend régner sur nos vies depuis le mois de mai 2007.
Quand tu es d’un parti patronal ?
Quand tu es d’un régime versaillais qui passe le plus clair de son temps à bousiller tout ce qui pourrait de près ou de loin ressembler à "une avancée sociale" ?
Quand tu considères, notamment, qu’un rétablissement "de l’autorisation administrative de licenciement" serait d’une préhistorique sottise, vu que, mâme Dupont, c’est "pas avec les idées du XIXe siècle qu’on va répondre à la crise du XXIe siècle" - ça tombe sous le bon gros bon sens, hein, ma bonne grosse mémère ?
Tu peux être amené, pour mieux dissimuler cette réalité, à sortir comme ça de monumentales énormités, bien gluantes, bien écoeurantes, bien saturées d’un mépris de classe de catégorie supérieure - à énoncer posément, pour mieux occulter que le travail dominical est une absolue régression, que "le travail du dimanche est une avancée sociale, parce que cela répond à des modes de vie nouveaux, qui sont différents selon les régions".
(L’’"argument" est, comme je disais, d’une médiocrité atterrante, mais bien évidemment : les ridicules journaleux qui boivent les propos de Luc Chatel ne lui demandent pas (du tout) en quoi, exactement, l’asservissement du prolétariat endimanché à de (prétendus) "nouveaux modes de vie" serait le moins du monde "une avancée sociale", ailleurs que dans les rêves d’un "secrétaire" de régime, ou d’un "socialiste" libéral ?)
Laurence Parisot, du Medef, est bien évidemment du même avis que Luc Chatel : jamais le bouillon graisseux où nagent la "politique" et la boutique n’a été si épais que sous le règne du régime odieux qui depuis trop de mois étend sur nos vies son emprise.
Mais la bosse du Medef a du moins la franchise de claironner que "le travail du dimanche", loin d’être une "avancée sociale", est tout simplement une "tentation (sic) de créer un petit peu plus d’activité commerciale", de "favoriser le commerce".
Raison pour laquelle, naturellement, Laurence Parisot a le poil qui se hérisse quand elle entend parler d’un "droit de refus des salariés" qui ne rêveraient pas de travailler "le dimanche" : qu’un esclave puisse librement secouer son joug dominical serait pour elle "une rigidité de plus dans le droit du travail", et "ça serait tout à fait malheureux", car "nous avons besoin plus que jamais, en raison de la crise, de souplesse, de possibilité d’ajustement".
Dès lors, tu sais au détail près ce qui va maintenant se passer : le régime (qui sait fort bien les pressions que subit la caissière qui envisagerait de ne pas bosser le dimanche) va brandir son attachement à ce "droit de refus" comme une preuve de sa profonde humanité (agadez, mâme Dupont, comment que je m’essuie les pieds avant de niquer la face de ces pauvres con(ne)s de salarié(e)s) - pour mieux faire passer une législation made in Medef.