Pour répondre au mépris avec lequel le gouvernement traite les questions de l’enfance, 80 organisations, se sont regroupées sous l’égide du collectif Pasde0deconduite. Ensemble, elles ont décrété des "états générEux de l’enfance" en riposte aux états généraux lancés par la secrétaire d’État chargée de la Famille, Nadine Morano, en février dernier.
Trois semaines leur ont suffit pour rédiger ’un "cahier de doléances en faveur de la cause des enfants" pour rappeler le gouvernement à son devoir. Ces 112 textes ont été rédigés par des intervenants de terrain. 220 pages qui soulèvent, examinent et proposent de solutionner des problèmes existant autour de nombreux aspects de la vie de l’enfance, de la sortie de la maternité au délitement des RASED, des conditions de logement à la violence à l’école, du fichage des élèves aux dangers d’internet…, quand la table ronde de Nadine ne se concentrait que sur cinq grands axes de réflexion fourre-tout.
Et comme pour faire la nique à une initiative qui a plus à voir avec une auto-promotion au rabais, prônant l’autosatisfaction et l’immobilisme, les "états générEux" ont rasé l’herbe sous le pied de la secrétaire d’Etat. Le 26 mai, leur cahier de doléances a été présenté à la presse, deux semaines avant la clôture des états généraux organisés par le gouvernement.
Comment interpréter cette démarche si ce n’est comme un acte de résistance épidermique et citoyenne face à une politique qui ratisse large et solutionne à coup de sensationnel, face à un gouvernement qui enfile les Grenelles et les tables rondes comme des colliers de perles et œuvre à sa guise en faveur de l’ultra-libéralisme et de l’ultra-sécuritaire ? Se proclamer généreux c’est insister sur le fait qu’en face on ne l’est pas. Écrire "générEux", c’est rappeler que les enfants sont d’abord des personnes et de futurs citoyens. Et peut-être serait-il utile de souffler à Madame Morano que la générosité ne réside pas tant dans ce que l’on donne, que dans la façon dont on le donne.
