Angelina’s festivalistic envy of Cannes
Loin de moi l’idée de discuter ou remettre en question le palmarès de 62ème festival de Cannes, car après tout, ce n’est qu’un palmarès, reflétant les goûts, les humeurs, les débats de 9 personnes à un instant I, membres d’un même jury. Cela dit, j’ai beaucoup aimé la réflexion de Jacques Audiard sur son sentiment d’imposture, voire de malaise, à recevoir seul un prix pour "son" film quand un film, c’est d’abord une équipe qui écrit, puis une équipe qui réalise. Le petit mot de Charlotte Gainsbourg lors de ses remerciements m’a également fait tilt lorsqu’elle a déclaré avoir "gagné" le prix d’interprétation féminine. Enfin, je me souviens que Tarantino avait absolument tenu à ce que son film, Inglorious basterds, soit sélectionné alors qu’il n’était même pas terminé, s’auto-sélectionnant en quelque sorte pour la compétition.
Car l’idée-même qu’il puisse y avoir une compétition entre des films traitant de sujets différents et réalisés dans des pays parfois très éloignés les uns des autres me semble tout à coup extraordinaire. Et qu’il y ait des gens pour l’accepter et la valider, marquant à jamais du sceau de "Palme d’or" un film par an, me semble encore plus incroyable. Comment décider qu’une actrice est meilleure qu’une autre, qu’un film sur une vingtaine est le meilleur, qu’il saura résister au temps, à la vieillesse, épreuve du feu pour le cinéma ? Plutôt que le terme "gagner", j’aurais préféré que Charlotte Gainsbourg employât le mot "recevoir", mais je mets cela sur le compte de l’émotion tant cette actrice, et de loin une des rares, nous donne l’impression de n’être en compétition qu’avec qu’elle-même.
Cela dit, elle est tout de même gonflée la Huppert. Et même, pas gênée. Non contente d’évincer la pauvre Adjani et de la condamner à remettre la Caméra d’or quand elle était attendue pour décerner la Palme d’or, non contente de surcroît de prendre sa place et de décerner elle-même, ce qui ne se fait pas, la Palme d’or de son jury, elle la décerne à Michael Haneke. Personnellement, je n’ai rien ou très peu contre Michael Haneke. Il a le mérite d’être lui-même et de réussir à toucher un grand nombre de gens. Dont la fameuse Isabelle H. qui, semble-t-il, est restée envoûtée par son expérience d’actrice de Michael Haneke dans La Pianiste. Enfin, les rumeurs indiquant que la Présidente tenait son jury d’une main de fer, puis que le palmarès serait d’abord le sien se trouvent tout à coup étrangement corroborées.
Cependant, après m’être follement amusée pendant cette dizaine de jours à Cannes, après avoir vibré (et vous avoir fait vibrer), je préfère ravaler mon venin et ne voir dans cette remise de palme, dans cette embrassade d’une actrice pour un metteur en scène, auteur exigeant, dérangeant, n’y voir qu’un beau moment de cinéma, une belle émotion professionnelle, peut-être un grand épisode de l’histoire du festival de Cannes.
A part cela, grâcieuse Gainsbourg. élégant Alain Resnais, attendu et très applaudi Jacques Audiard, effarant Edouard Baer, nasillarde Anna Mouglalis, impériale et bonne joueuse Isabelle A. Que restera-t-il de Cannes 2009 ? 11 merveilleux billets sur Mes petites fables, Brangelina sur la Croisette, Sean Penn qui ne divorce toujours pas, pas de films africains et pas trop des pays de l’Est non plus, Eric Cantona, des actrices qui sont là car elles le valent bien, Johnny n’est toujours pas un acteur mais il est toujours terrible, Mariah Carey n’est peut-être pas aussi bête qu’elle en a l’air, Penelope est définitivement l’actrice d’Almodovar, vivement Fish Tank…
Et pour clore la série des "bons moments" de l’histoire du festival de Cannes, voici le bon moment de la cuvée 2009 que vous vn’avez pas fini de revoir.