On décroche les lampions
25 janvier 2009 à 11h33Une fillette sur les ruines, et la ruine d’un Etat.
Merci, pour le lien, Mr Bourget. J’ai pleuré, comme d’habitude, comme à chaque fois que je regarde une vidéo racontant l’horreur des crimes commis par la soldatesque israélienne sur cette terre de Palestine, meurtrie depuis 1948.
Si je n’étais pas galérien, j’aurais adopté une tribu de jeunes orphelins palestiniens et veillé à ce qu’ils n’oublient pas le sang versé par leurs parents pour que vive la Palestine, la terre de leurs ancêtres, la culture et l’Histoire de leur peuple.
Merci !
Mohamed.
Bonjour JMB, oui, dans le même esprit :
La pensée centriste (« de gauche ») et Israël, ou comment (sous couvert de critiquer quelques « excès ») mettre sur le même plan assassins et victimes
Dans les années 80, Jean-Luc Godard, résumant bien la situation, répondait à une question de Bernard Pivot à l’émission « Apostrophes » : « Ce qu’est pour moi la télévision ? C’est 5 minutes pour Hitler, 5 minutes pour les juifs. » Certes la formule était ramassée, mais rappelons en passant qu’à l’époque, même si le propos du cinéaste était dans son esprit probablement beaucoup plus général, la mise en accusation des crimes de Vichy n’était pas terminée dans la société française, loin s’en faut. Appliqué à Israël et aux Palestiniens, la philosophie télévisuelle est du même ordre, dans le même ordre. Etre toujours du côté du plus fort, surtout quand il est du côté de l’ordre occidental. En précisant évidemment qu’il faut encore une échelle de barbarie et de tuerie dépassant plusieurs dizaines de morts civils en une seule fois pour en arriver à un tel « équilibre » journalistique, comme à Gaza. Car les crimes de guerre commis toute l’année par les forces d’occupation israéliennes, mais en dessous d’un seuil si monstrueux qu’il devient impossible de ne pas les mettre à la une, ne donnent pas lieu comme on le sait à une couverture médiatique qui serait même pas « équilibrée » à la sauce dominante, mais simplement minimale.
Sans surprise, ces choix des médias de masse trouvent leur pendant dans ceux de certains « partisans de la paix ». Dans son éditorial du 14 janvier sur le site de Marianne, « Manifester… mais pour la paix ! », J-F Kahn choisit ses tout premiers mots, non pour critiquer les bombardements israéliens, mais pour écrire : « Il est inadmissible de mélanger sur des pancartes, lors de manifestations, l’étoile de David et la croix gammée. » Même quand les militaires de l’unité « d’élite » Givati signent leurs exactions à la craie sur les murs de Gaza : « La place de l’Arabe est sous terre » (Le Monde du 24 janvier). Le reste – la critique des propos « insupportables » des Glucksmann et autres pro-Israéliens acharnés, comme des « répressions aveugles et disproportionnées » – sert ici à faire avaler la pilule de la révolte devant la sauvagerie de « Tsahal » et à justifier de mettre sur un plan égal les résistants (et ceux qui choisissent leur camp)… et, non pas même les occupants bombardeurs (et ceux qui les soutiennent), mais leurs « excès ». Et ce au commode motif des roquettes du Hamas.
Oh bien sûr, les centristes ont le fascisme en horreur, mais appliqué au soulèvement antifasciste en Espagne en 1936, ce genre de position aboutissait à titrer par exemple « Pour la paix en Espagne ! » et à dire quelque chose comme : « Il est tout aussi inadmissible d’assassiner des religieux [franquistes] comme le font les anarchistes, que de bombarder des populations civiles à Guernica [en 1937] comme le font les avions fascistes. » Et qui aurait écrit cela ? Sans doute un centriste de l’époque. Pour une « paix » du statu quo en somme. On appelait aussi cela la politique de « non-intervention ».
Michel Shahshahani