Tu sais comment les abbés sont : tu leur dis, mon père, malgré que j’ai(e) la faith étroitement chevillée, là, tout de même, j’ai peur que la faim, de nouveau, ne tue encore dans le monde - et ils te répondent qu’il faut que tu t’en remettes à Dieu, qui a quand même de la ressource.
La semaine d’après, tu reviens, t’as un peu les winnies, et tu dis mon père, nobstant que je priai velu (comme vous conseillâtes), j’observe que la faim, de nouveau, a encore tué dans le monde - et là : ils te répondent qu’il faut que tu t’en remettes à Dieu, qui a quand même de la ressource.
Jamais l’abbé n’admet qu’il "faut qu’on en finisse avec l’entreprise Dieu & fils" : nourris, logés, blanchis, tu penses bien que ces mecs-là n’ont pas très envie de changer de (siné)cure.
Et avec la cléricature néolibérale : c’est rigoureusement la même chose.
C’est le capitalisme qui donne du fromage aux prébendeux prêcheurs de la divine concurrence, et il va de soi qu’ils ne vont pas (du tout) occire la grosse poule aux oeufs médiatiques.
Aussi t’annoncent-ils (quand tu viens d’observer, en temps réel, pendant vingt jours, que leur système nourricier a tous les attributs d’un encule-couillon(ne)s de magnitude 9 sur l’échelle de Jacques Attali) que tu dois te rappeler, à c’t’heure, que la foi déplace même le Dhaulagiri (photo), et que finalement, l’unique "remède à la crise" du libéralisme est, tiens-toi bien Fabien : "Le libéralisme".
Il suffit de l’écrire, ainsi qu’a fait l’autre soir le (bon) père Baverez, de la paroisse de Notre-Dame du Saint-Foutage de gueule, et, n’est-ce pas, tout devient plus simple.
Et on peut alors ajouter, comme il a fait aussi (de sa plume de bonimenteur), que "l’éloge de la sagesse du politique face à la folie des marchés ne tient pas".
(Et que partant, bien sûr, la "politique", monstruosité bolchevique, ne vaut que tant qu’elle obéit aux rebondis gorets du marché.)
Puis que d’ailleurs la preuve en est, ma bonne mâme Dupont, que "la responsabilité du pouvoir politique est directement engagée dans la naissance et le développement de la crise", en particulier "dans les démocraties, où les gouvernements ont largement distribué les dividendes fictifs de l’après-guerre froide et de la bulle financière dont le consommateur des pays développés fut le premier profiteur".
Traduction, pour qui n’aurait pas tout compris de ce clownesque prêchi-prêcha : la crise, au fond, n’est pas tant née de l’âpreté au gain des gras porcs de la finance, que de ce que l’Etat fila trop de facilités aux miséreux.
(C’’est le "consommateur", mâme Dupont, qui est un (sale) "profiteur" - et non les opulentes crapules dont le fondement, de longue date, fut satiné à l’or fin.)
Nous avons là, tu l’as saisi, un maître dans l’art de faire porter aux gueux les fautes commises par les puissants (pour mieux ripoliner de la semelle bancaire), et, comme en écho, Manière, qui est son frère lai, caquète chez Marianne que la crise, bientôt digérée, ne doit pas disqualifier, par un "anticapitalisme scrogneugneu", mais où va-t-il chercher tout ça, les joies saines du libéralisme, et que rien n’est "inquiétant" comme "les analyses expéditives qui, imputant au seul marché la responsabilité de la crise, y voient déjà la justification d’une nécessaire reprise en main par la politique de la marche des affaires".
Ici, comme tu vois : le servant et le vicaire disent la même chose (et communient dans la même peur panique de la "politique", vue (et promue) comme l’ennemie publique numéro 1), et bon, ce n’est guère étonnant, car les deux lappent aux mêmes (riches) gamelles - vois l’Institut Montaigne, où ils appellent en choeur à une guerre sainte libérale.
Non moins naturellement : le "socialiste" Valls, rudement secoué dans le JDD par un fidèle messager dominical de l’Elysée (qui lui demande par exemple si par hasard il ne "redoute" pas un peu, horresco referens, "une revanche des courants les plus à gauche") juge, lui aussi, qu’"on n’abrogera pas le capitalisme, mais (qu’)on doit le guérir" - et que plus belles seront nos vies, dans un monde (ré)enchanté par ceux qui l’ont mille fois pillé.
Les portefaix du Kapital, sitôt passé le gros (médiatique) de la crise, font la chaîne pour clamer qu’il faut surtout que rien ne change - que l’asservissement des masses à la démence des possédants restera notre panacée : "Le meilleur guide pour reconstruire le capitalisme du XXIe siècle", ainsi que dit le père Baverez.
Les mêmes, tu le verras, s’étonneront très fort d’être, qui sait, repeints au goudron et aux plumes quand la crise reviendra - comme sont les tricheurs.