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Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
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Applaudissements Nourris De L'Amicale Des Ami(e)s D'Andreï Vychinsky

24 octobre 2008 à 10h34

Au mois de juillet dernier, remember : L’Express avait publié cette "caricature (…) de Philippe Val", big boss de Charlie Hebdo, "travesti en nazi" [1].

Cette semaine, l’affront est lavé - puisque le big boss de L’Express, Christophe Barbier himself, publie quatre longues pages d’un "entretien" promotionnel où Philippe Val donne libre cours à ses coutumières passions, qui sont les mêmes, bien souvent, et ça doit être un signe, que celles des gros penseurs qui émargent à Le Figaro.

Je t’invite à lire dans son intégralité ce grand moment de journalisme : tu y trouveras, je crois, de quoi te coudre une jolie panoplie de stalinien de caniveau, de prêcheur de haines consensuelles, de clerc autopromu chaudement lové au creux de la niche médiatique des imputations dégueulasses (où des chihuahuas rongent les os que leur abandonne la pensée dominante).

Bon, je ne doute pas qu’il se trouvera, ici ou, des volontaires pour faire l’exégèse exhaustive des mots du big boss de Charlie Hebdo, à la fin de mieux nous édifier sur la survivance des honnêtes procédés qui fondèrent, naguère, et toutes choses restant égales par ailleurs, d’anciens procès moscovites : pour ce qui me concerne, j’ai depuis quelques jours une crève tenace, et j’avoue que ce matin je n’ai pas le courage de mettre les deux mains dans le caca de Val.

Mais, tout de même, regardons le morceau (d’anthologie) où le big boss de Charlie Hebdo énonce très posément qu’Olivier Besancenot est un antisémite - et où le big boss de L’Express oublie (courageusement) de lui mettre son pied au cul, pour lui apprendre à ne plus se tripoter la nouille en public en psalmodiant qu’il chassera toutes les hyènes hitléro-trotskistes : c’est un échantillon relativement exemplaire de la méthode-à-Philippe, qui fait dire à plus d’un élu de l’UMP que "ce mec-là est un ravissement de l’esprit, avec lui je me sens moins con".

Ca se passe en deux temps.

Premier temps : le big boss de Charlie Hebdo affirme, crânement, qu’il est absolument "impossible" d’"être antisioniste sans être antisémite", et que par conséquent "se dire antisioniste, c’est se dire antijuifs".

(Une fois que tu l’as écrit, tout devient tellement plus simple…)

Deuxième temps : le big boss de Charlie Hebdo clame, non moins crânement, qu’"une partie de l’anticolonialisme des années 1960 s’est muée en antisionisme", et que l’opposition au colonialisme israélien "permet à cette gauche" qui n’aime pas du tout les Juifs "d’exprimer son antisémitisme", et que d’ailleurs : "Besancenot ne serait pas si "tendance" si cela s’éteignait".

Je résume, pour le cas où tu aurais mal compris ce raffiné catéchisme : l’antisionisme est un antisémitisme, l’anticolonialisme est devenu un antisionisme, Besancenot est plutôt anticolonialiste.

En foi de quoi, tu l’as saisi : Besancenot, indéniablement, est un antisémite.

Applaudissements nourris de l’Amicale des ami(e)s d’Andreï Ianourievitch Vychinsky, où l’on décide, à main levée, d’attribuer au big boss de Charlie Hebdo le prix annuel qui récompense "une importante contribution à la recherche et au développement de nouveaux débouchés pour le terrorisme intellectuel bien salissant".

Stratégies Médiatiques Pour La Préservation Du Système Capitaliste (1) Après La Crise, Le Capitalisme Continue

Notes

[1] L’avocat de Charlie Hebdo (et de Clearstream) avait trouvé ça immonde - car il estime, à raison, que : "Mettre les nazis à toutes les sauces pour discréditer l’adversaire (est) facile et contribu(e) à banaliser leurs crimes". Pour autant, l’avocat de Charlie Hebdo (et de Clearstream) ne souhaite pas (du tout) perdre la clientèle du big boss de Charlie Hebdo, qui est pourtant LE grand spécialiste français (de souche) de la mise-des-nazis-à-toutes-les-sauces - mais après tout aucune loi n’oblige l’avocat de Charlie Hebdo (et de Clearstream) à être cohérent.