Un savoureux échange de lettres entre Marcel-Francis Kahn et Denis Olivennes.
Monsieur,
votre réponse à ma lettre me sidère : vous posez la question : " le journaliste ( en l’occurence Askolovitch) a-t-il lui même soulevé le lièvre … sans que celà soit confirmé " ??!!
La plus élémentaire vérification qu’on serait en droit d’attendre du Directeur d’un grand journal vous aurait apporté cette confirmation ! On la trouve-par exemple- sur -le site d’extrême droite " Ligue de défense juive" ( interdite aux USA et en Israël mais tolérée en France) où, à coté de l’expression du plaisir que leur cause cette histoire, on trouve l’intégralité de l’intervention à RTL d’Askolovitch.
De plus votre journaliste - que vous auriez pu d’ailleurs interroger directement- ne se cache pas que c’est lui qui a attiré l’attention de Val sur le texte de Siné, texte dont Val précise qu’étant en province il ne l’avait pas lu !! Pas étonnant alors d’avoir été - je vous cite -" les premiers à traiter le sujet " - puisque c’était votre journaliste qui l’avait créé et utilisé !! J’ai une autre conception du journalisme et ne retire rien de ma lettre précédente !
Sincèrement à vous
Marcel-Francis KAHN
La lettre de Denis Olivennes disait :
Cher Monsieur, Jean Daniel me fait passer le courrier que vous avez eu la gentillesse de lui faire parvenir et qui, vous l’imaginez, nous attriste. Il ne me semble pas, s’agissant strictement du Nouvel Observateur, que nous ayons transgressé nos principes déontologiques. Nous avons publié un article documenté, et faisant droit à l’analyse de chacune des parties, sur la crise de Charlie Hebdo.
Du point de vue journalistique pur, nous avons été les premiers et les seuls de nos confrères à traiter ce sujet et nous nous sommes si peu trompés sur son actualité que le jour même de la parution, la crise devenait ouverte et publique avec le départ de Siné. Il entre dans notre mission de mettre en lumière des sujets importants que d’autres ne traitent pas. Dans le même journal, et sans aucun rapport, nous avons également été les seuls (avec le Canard Enchaîné) à enquêter sur l’affaire Tapie, ou à publier un document sur les déchets nucléaires repris partout.
Quant au fond, analyser les tensions au sein de la gauche libertaire autour de la question du racisme et de l’antisémitisme, à partir de cet exemple, mais aussi questionner les grandeurs et les servitudes du métier d’humoriste (« on peut rire de n’importe quoi, mais pas avec n’importe qui » P. Desproges) entre bien dans la vocation du journal. Alors, le journaliste a-t-il lui-même soulevé le lièvre qu’il a ensuite traité ? C’est ce qui a été écrit dans Libération, sans que cela soit confirmé.
Ce n’est pas C. Askolovitch qui a tenu la plume de Siné, ni organisé le débat dans la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, ni soufflé à P. Val sa décision. Je crois que la question va bien au-delà et ce serait lui prêter bien plus de pouvoir qu’il n’en a. J’ajoute que, conformément à notre tradition de libre débat et de pluralisme, nous avons publié sur le site une réaction de F. Reynaert en faveur de Siné.
En me tenant à votre disposition pour plus d’éclaircissements encore, si besoin était, à tout le moins pour un échange si vous le jugez utile, et en vous remerciant pour votre fidélité critique, je vous prie de croire, cher Monsieur, en l’expression de mes sentiment les meilleurs. Denis Olivennes
Directeur de la publication
Mon commentaire de Vieux Con :
Tout est écrit ici et la conclusion est simple : A l’Ecole Normale Supérieure (on voit qu’il n’a pas fait Ulm) puis à l’ENA, on n’apprend pas forcément à écrire joliment ou clairement, à manipuler avec élégance les arguments du jésuitisme qui conviennent si bien au journalisme contemporain.
Le professeur Marcel-Francis Khan est l’un de ces types qui vous rendent heureux d’être un humain. Le matin ça aide quand ouvrir les yeux est difficile. Il a gueulé contre l’Obs et Askolovich, le dénonciateur en chef de Siné jugé "antisémite" par cet expert. Khan a hurlé et vous venez de lire un morceau du débat !