J’ai toujours apprécié F. Dolto, car elle partait de l’expérience sur le terrain pour ensuite expliquer et surtout parce qu’elle n’a jamais voulu créer un "doltonisme".
J’estime que tout enseignant devrait avoir obligation de lire au moins "La cause des enfants" - "la cause des adolescents" et "le complexe du homard". Ils auraient une approche plus constructive des enfants. Elle par ailleurs dénoncé pas mal de défaillance du système scolaire en France et donné de très justes conseils, en comparant d’autres systèmes. Elle a compris que trop de professeurs jouaient un rôle de "gardien de musée". Je conseille de relire les chapitres "l’école à toute heure et à la carte" (La cause des enfants). D’ailleurs à une prof. des écoles qui reprochait à ma fille de rêver, je lui avais photocopié un passage du livre à toutes fins utiles. Elle a été décriée par la profession d’analystes, car femme et parce qu’elle observait et ne bâtissait aucune théorie nombriliste. Esprit ouvert et surtout style compréhensible pour tous. Mais bien sûr, en France, on critique toujours ceux qui se démarquent et ne veulent pas appartenir à une école. Elle a toujours été à mes côtés et étant fille unique, m’a aidée à devenir mère dans la sérénité. Merci à elle.
« En ces temps de blouses grises » ?
On peut aimer les métaphores (les métonymies, en l’occurrence), mais quand même, ça n’excuse pas tout : on n’est pas encore revenu à la blouse, à ma connaissance, dans les écoles publiques, et si on y est revenu dans quelques écoles ultra-traditionalistes, j’avoue que ça n’occupe pas l’actualité tous les jours…
Est-ce que ça n’est pas une POSTURE, ce genre d’affirmation ? Crier à l’oppression, au retour de l’école d’arrière-grand-papa, alors qu’en réalité, c’est le contraire qu’on observe tous les jours :
les fringues de marque chez des gamins pourtant pas tous issus de milieux aisés,
les baskets qui permettent de s’affirmer une personnalité en s’identifiant aux stars du sport,
la casquette, la capuche ou le voile qu’on refuse d’enlever avant d’entrer en cours…
Il faudrait rappeler que la blouse avait le mérite de gommer les différences sociales, qui ne sont jamais aussi bien portées à l’école aujourd’hui.
Par ailleurs, l’école post-soixante-huitarde a connu ses succès (on ne propose pas de revenir sur la mixité des cités-U, que je sache) mais aussi ses excès, l’article y fait allusion.
Les cinglés qui ont voulu laisser les rênes de l’école aux élèves, les laisser s’éduquer tout seuls en construisant leur savoir ne manquent pas de crier au loup dès que l’on veut faire le bilan de l’école qu’ils ont construite.
Je suis de gauche, mais j’aimerais qu’on arrête de dire n’importe quoi et qu’on accepte de regarder en face les résultats de cette école « centrée sur l’élève », qui a maintenant plus de 20 ans de règne sans partage à son actif (la loi Jospin date de 89).
Dolto, mais avant elle Rousseau ou Freinet ont parfois servi de justification à bien des excès, il serait bon qu’on puisse en parler sans cliché.
Cette conception binaire de l’éducation (ou tu laisses les gosses faire n’importe quoi, ou tu es un facho) commence à me les briser menu.
Mais, Quid des mémorables déclarations de cette sainte laïque […] sur l’inceste père fille (« Choisir », interview, nov. 1979), citées par Christiane Rochefort en postface de « la Porte du fond » ?
Q.
« […] — Donc, la petite fille est toujours consentante ?
F.D.
— Tout à fait.
Q.
— Mais enfin, il y a bien des cas de viol ?
F.D.
— Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes.[…] »
Les extraits ainsi tronqués déforment toujours les propos. Les réponses de F.Dolto sur l’inceste, il est vrai ne sont pas trop explicites, mais qui n’a pas dérapé une fois dans sa vie ? Elle a essayé d’expliquer à la juge qui l’interviewait que l’on devait très tôt informer l’enfant sur le fait qu’un rapport avec un adulte ne se faisait pas, pour telle ou telle raison. Je n’ai pas lu qu’elle justifiait le viol comme vous l’écrivez. Elle ne répond pas à la question, ce qui est différend. Relisez ’Peau d’âne’.
Cela me fait penser je ne sais pas pourquoi à ce qu’on nomme aujourd’hui "pédophilie". Mais souvenez-vous que dans les années 70, il était de bon ton chez certains romanciers d’étaler leurs rapports avec des mineurs et qu’à l’époque, cela ne choquait personne !
D’autre part, l’inceste a toujours existé. Et s’il est interdit par la loi, c’est uniquement pour empêcher la consanguinité.
Dolto essaye (je ne la défends pas) j’essaye avant de juger de comprendre, de se mettre à la place de l’enfant et du ressenti de l’enfant. La société a évolué et c’est sûr qu’aujourd’hui, inceste et pédophilie ne peuvent que révolter. Que ne faites-vous un procès à l’Eglise et à ses prêtres, ou aux prélats du Vatican qui ont toujours et encore aujourd’hui "leur minet".