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Sarko « chez » la Madone du Monotone

mercredi 6 décembre 2006 par Gilbert Comte
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Chaque apparition d’Arlette Chabot sur France 2 dégage de l’ennui à flots si continus qu’elle finira bien par plonger quelques-uns de ses malheureux téléspectateurs dans une neurasthénie suicidaire. Jeudi 30 novembre, la Madone du Monotone « reçoit » Nicolas Sarkozy à l’heure convenue de son office. Un phénomène lui aussi dans son genre. Il l’a toujours très agité. La veille, il a rendu sa candidature à l’Élysée officielle. Arlette assise devant lui déclare donc en toute modestie : « La campagne présidentielle va commencer ce soir. » Débute aussitôt après l’un de ces faux dialogues bourrés de trucs, de connivences par où s’illustre l’obséquieuse télévision française.

Dès les premiers mots, le Ministre de l’Intérieur et des Contraventions imite moralement la semeuse des pièces de monnaie. Il lance par la parole à poignées devant lui d’aimables lieux communs promis à une germination truculente : « J’aime mon pays… J’ai envie de faire bouger les choses… Tout est possible… Je veux tout dire, tout expliquer… Je ne veux pas mentir… Il y a des choses formidables qui se font dans les banlieues… », etc. Etc. De Chirac à Jospin, de Juppé à Balladur, qui n’a pas entendu cent fois depuis vingt-cinq ans l’un ou l’autre de nos énarques de gouvernement seriner la même chansonnette ?

Bien qu’avocat seulement, l’homme de la place Beauvau parle comme les autres. Imaginons qu’à leur différence, dans l’effondrement fameux des « repères », il admette ne plus rien ressentir d’affectueux pour la patrie et s’exclame : « Advienne ce que pourra de la vieille bourrique, de ses banlieues pourries. Il en sortira seulement de l’impuissance et du fiel. » Dans ses abominations, un tel blasphème pourrait peut-être encore sortir d’un immense amour contrarié. Avec Sarko ou l’un de ses semblables, à Gauche comme à Droite, nous ne vivons jamais dans les sentiments extrêmes. Seulement dans l’extrême vanité.

Pesante en face de lui dans la familiarité d’une vieille connaissance, la Madone du Monotone laisse le Ministre développer quelques thèmes généraux. Comme le scénario d’un film, son émission « À vous de juger » obéit à des règles. Quand l’invité se tait en toute première partie du spectacle, elle interpelle, interroge sur ce qu’il vient de dire de braves gens inconnus, qualifiables de « témoins sociaux », épars dans l’assistance : cadre sans emploi malgré ses mérites ; femme seule chargée de dettes et d’enfants ; petit commerçant victime d’un fisc insatiable ; étudiant qu’aucun diplôme ne préserve d’un sort précaire ; salariés mis à la rue par les délocalisations patronales, etc. Etc. Des cas affreux comme il s’en rencontre désormais partout, bien plus de treize à la douzaine.

Selon l’usage, le Ministre écoute, réfléchit. Jamais il ne pleure en direct. Mais ses yeux le montrent au bord des larmes. Arlette scande chaque émotion à grands coups de menton. Comment ne pas adorer cette femme ? Neuf fois sur dix, l’émissaire des misérables ne cache pas son plaisir de parler si facilement avec des interlocuteurs d’un tel volume. Il imagine ses parents, ses voisins rivés devant le poste à la maison. Il se sent Ministre à son tour pour une demi-heure. Surtout qu’Arlette l’appelle par son prénom en bonne copine. Il en devient presque joyeux, le pauvre.

L’échantillon des plaintes comporte un inévitable afro-maghrébin arrivé des banlieues à risques. Moins aisément manipulables, ceux-là. Sans effets de vocabulaire, celui d’aujourd’hui parle des flics hargneux, de contrôles d’identité jusqu’à trois fois entre le matin et le soir, uniquement à cause de son épiderme noir. « Il n’existe pas de corps social plus contrôlé que la police », objecte doucement Sarko. Tiens donc !

Car, quand même, pas besoin d’habiter la Seine-Saint-Denis pour la voir à l’œuvre la police. Dans n’importe quel quartier de Paris, œil froid, visage hermétique, les Chérubins en uniforme guettent les automobilistes carnet de contraventions au poing pour la contredanse immédiate sur un motif réel ou un prétexte imaginaire. Rarement serviables mais arrogants comme des subalternes aux pouvoirs excessifs.

Avec Chirac, Sarko appartient à la redoutable espèce des grands nerveux. Transfère-t-il depuis quatre ans son agitation personnelle sur la psychologie collective de ses troupes ? Cet À vous de juger là mériterait plusieurs kilomètres de micro-trottoir. Avis à la Patronne du Monocorde.


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1 MESSAGES

Forum

  • Sarko « chez » la Madone du Monotone
    le vendredi 8 décembre 2006 à 19:34
    je me damande quelle est la difference entre la france et les pays du tier monde (du point de vie democratique et du respect des droits de l’homme )
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