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Quand les pauvres votent pour les riches

livre / dimanche 10 février 2008 par Anaëlle Verzaux
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Depuis quelques semaines, la gauche se réjouit de la baisse de la cote de popularité dans les sondages de Nicolas Sarkozy. Rien d’étonnant. Ce qui peut davantage surprendre, c’est que les socialistes ne profitent pas de la dégringolade présidentielle.

Ségolène, François, Fafa, Strauss-Kahn et compagnie ne séduisent toujours pas. Et surtout pas les pauvres ! Pourtant, traditionnellement, c’est vers le socialisme qu’ils se tournent, les pauvres.

Thomas Frank, collaborateur régulier du Monde Diplomatique, explique ce paradoxe dans un livre paru aux éditions Agone le 18 janvier 2008, Comment les conservateurs ont gagné le cœur des Etats-Unis (et celui des autres pays riches). Frank s’intéresse essentiellement à son Etat natal, « l’endroit le plus [américain] moyen de l’Amérique », le Kansas. Mais le problème rencontré là-bas est le même ici. D’où la préface de Serge Halimi.

Couv' Pauvres votent à droite

Jadis, ouvriers, ouvrières et autres bas salaires étaient sensibles aux idées du populisme de gauche « (rooseveltien, optimiste, conquérant, égalitaire, aspirant au désir partagé de vivre mieux) ». Aujourd’hui, et depuis trente ans, ils se sont tournés vers un « populisme de droite faisant son miel de la crainte de millions d’ouvriers et d’employés de ne plus pouvoir tenir leur rang, d’être rattrapés par plus déshérités qu’eux » (préface, p. 12). Avec ce virage, les plus petits des petits changent d’ennemi.

Dans les années 1890, les fermiers américains se révoltaient contre « la puissance de l’argent » (p. 69), un adversaire cohérent. Mais aujourd’hui, alors que la colère des pauvres n’a pas diminué, elle ne se tourne pas vers « le vrai coupable ». Du coup, « depuis des décennies, les Américains assistent à une révolte populiste [du peuple] qui ne profite qu’à ceux qu’elle est censée renverser ». Un seul et triste slogan populaire, « Laissez-nous réduire vos impôts » (p. 158).

Alors là, chapeau bas, malins conservateurs. Ces « dirigeants de l’hallali » ont en effet réussi à se rallier ceux qui devraient les maudire, en transformant, dans la rhétorique, les causes de la pauvreté. Avec eux, ce qui divise les américains, ce n’est pas l’économie mais l’authenticité. Un citoyen du vrai peuple (celui des Etats rouges), est bon. Il est pieux et loyal. C’est un travailleur modeste, quelqu’un d’humble, qui aime Georges W. Bush comme un des siens. Tandis que de l’autre côté, dans les Etats bleus, on trouve le bourgeois-bohème libéral, un orgueilleux qui ne se sent vivre que dans la distinction. C’est ce « progressiste en limousine », cet adepte de la « gauche caviar » que les humbles doivent haïr plus que tout autre. Plus que le bienveillant milliardaire.

Mais si la gauche redevenait de gauche, le progressiste en limousine doublerait facilement le 4x4 décapotable aux prochaines élections.

Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite, Contre-feux Agone, 24 €.

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6 MESSAGES

Forum

  • Quand les pauvres votent pour les riches
    le vendredi 18 avril 2008 à 00:34, Jean H. a dit :
    La force des riches (et de leur appareil médiatico-politique) c’est d’avoir réussi à faire croire que la vraie fracture sociale ne repose pas sur la richesse, mais sur la culture, la connaissance, l’intelligence. En bas, "vous et nous" , les gens simples, travailleurs, uniquement préoccupés de choses "sérieuses" , concrètes, les gens de bon sens (et regardez comme ça nous a réussi, alors pourquoi pas vous ?) En face, et en-haut, les intellectuels, les gens qui ont le temps de "penser" parce que les autres travaillent pour les nourrir, et qui utilisent leurs loisirs (à nos frais, parce que beaucoup sont fonctionnaires, enseignants, par exemple) à inventer des théories fumeuses et à disserter sur ce qu’ils croient être la réalité. La faiblesse de la gauche ? C’est de ne pas être assez malhonnête pour faire semblant d’être cons, et donc de ne pas travestir une réalité complexe en la réduisant à quelques idées simples et faciles à comprendre. La preuve ? Si Berlusconi était aussi con qu’il s’en donne l’air, il ne serait pas où il est !
  • Quand les pauvres votent pour les riches
    le jeudi 14 février 2008 à 16:55, frol a dit :
    Je me souviens des resultats d’un sondage au USA fait juste apres la premiere election de Bush sur "pourquoi les pauvres sont pour les baisses d’impots des riches. Ce que j’en ai retenu c’est que qq chose comme 20% de americain pensaient faire partie des 5% les plus riche et 40% pensaient qu’ils allaient y appartenir un jour. Je pense que c’est transposable en France, malheureusement.
  • Quand les pauvres votent pour les riches
    le jeudi 14 février 2008 à 05:21
    Après la lutte des classes, la lutte des classes primaires ! Quelle catastrophe en matiere de vulgairisation de la politique ! Où sont donc passés les mots justes, les idées fortes, les projets de société ? Une chose est sùre, ils ne sont pas dans les grands médias… …Ségolène peut bien les dépenser ses 30 briques de maquillage !
  • Quand les pauvres votent pour les riches
    le lundi 11 février 2008 à 17:55, Julien a dit :

    La reponse au livre de T. Frank a ete en partie apportee par ce court article publie en 2005 dans le mensuel Atlantic Monthly.

    Grosso modo, et pour reprendre votre formulation, on peut tout utilement se poser la question inverse : "Pourquoi des riches votent pour des pauvres ?".

    http://www.theatlantic.com/doc/200503/shapiro

    • Quand les pauvres votent pour les riches
      le lundi 11 février 2008 à 23:11, zin a dit :
      Pour répondre au message précédent : "on peut tout utilement se poser la question inverse : "Pourquoi des riches votent pour des pauvres ?".", dans l’un des cas, le riche qui vote pour le pauvre, n’a rien à craindre. Il est riche, il sera toujours riche en plus, ça donne une certaine morale. Dans l’autre cas, le pauvre qui vote pour le riche, restera lui aussi toujours pauvre et dans ce cas-là, faut vraiment être con pour rendre encore plus riche le riche !!!
      • Quand les pauvres votent pour les riches
        le vendredi 15 février 2008 à 20:18
        Je crois que les pauvres de ce pays n’ont pas encore assez d’humiliation car enfin de qui se moque t’on lorsque l’on nous affirme que la baisse des impôts des riches profitera aux pauvres Ils faudrait qu’ils soient complètement cons pour nous donner une part des cadeaux que le gouvernement leur fait. Depuis les présidentielles le pouvoir d’achat n’a progressé que pour le Président (+ 240 %) et pour le grand patronat (+ 40 %) pour les autres rien et même dans beaucoup de cas une baisse. Alors pour conclure continuez de voter à droite, mais ne vous plaignez pas de ce qui arrive.
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