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Quand l’hôpital fait des économies de serpillières

Bout de chandelle / lundi 2 mars 2009 par Lucie Delaporte
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La loi Bachelot est de retour au Parlement cette semaine. Pendant ce temps, incités à se comporter comme de bons managers, les directeurs d’hôpitaux commencent à rogner sur les dépenses d’entretien.

L’hôpital n’est pas pauvre, il est mal géré. Pour résoudre le malaise de l’hôpital, la loi Bachelot, discutée cette semaine au Parlement, entend donc graver dans le marbre certains principes de bonne gestion piqués au monde de l’entreprise : externalisation, optimisation, rationalisation… En clair : on serre les coûts et on gratte où on peut. Sauf qu’à force de gratter, l’hôpital public risque de tomber sur un os.

Pour faire de (petites) économies certains établissements commencent à rogner sur des dépenses jusque-là épargnées. Ainsi les postes hygiène, nettoyage et stérilisation sont regardés à la loupe, avec au final, racontent plusieurs professionnels du secteur, des choix pas toujours très judicieux. En total décalage, en tout cas avec les multiples plans de lutte contre les infections nosocomiales.

En gériatrie, la même pince à ongle circule dans tout l’étage

« Notre chiffre d’affaires avec certains clients (les hôpitaux) est en baisse constante », raconte le directeur commercial d’une entreprise spécialisée dans les produits d’entretien pour le milieu hospitalier. Du matériel de désinfection basique aux outils de stérilisation de matériel des blocs opératoires, tout y passe… L’heure est à l’économie. Et le résultat n’est pas très ragoûtant. « Pour laver les bassins, ils n’utilisent parfois aucun produit : un petit passage sous l’eau… Et hop ! c’est propre », rapporte-t-il. En gériatrie, la même pince à ongle circule dans tout l’étage, parfois à peine essuyée avec un Kleenex. Mais qui viendra se plaindre d’une petite mycose alors que ces patients souffrent parfois de pathologies graves ? « On voit des sondes urinaires qui doivent tremper plusieurs heures dans des solutions adaptées réutilisées sans respecter les délais appropriés ». Du coup, certaines bactéries tapent l’incruste. « Il n’est pas rare de voir un patient repartir avec une infection urinaire après ce genre d’examen », confirme un médecin.

L’hôpital en cavale - JPG - 86.4 ko
L’hôpital en cavale
© Oliv’

En bons gestionnaires, certains hôpitaux ont commencé par externaliser à des sociétés spécialisées le nettoyage et la désinfection des chambres des patients mais aussi du matériel médical. Le raisonnement est simple : la propreté est un travail d’expert, confions-le à des professionnels. Economie d’échelle oblige, cela revient évidemment moins cher. Et pour la qualité, pas de souci, puisque l’activité est encadrée par des règlements précis. « La lutte contre le développement des maladies nosocomiales a conduit à mettre en place des protocoles très stricts que nous sommes tenus de respecter » assure la directrice d’une société de nettoyage en milieu hospitalier. Il est vrai que depuis vingt ans, avec l’augmentation régulière des maladies contractées à l’hôpital (750 000 par an soit près d’un patient sur vingt selon les estimations officielles), les pouvoirs publics ont tenté d’endiguer le phénomène. Mises en place des CLIN (comité de lutte contre les maladies nosocomiales), sensibilisation des personnels hospitaliers, encadrement rigoureux des processus de nettoyage et de stérilisation, autant d’action qui ont permis de faire baisser les taux de contamination à l’hôpital depuis 2000.

Bachelottage

Sauf qu’en les poussant aujourd’hui à faire des économies de bout de chandelles, le gouvernement risque de fragiliser ce bel édifice. Les directeurs d’hôpitaux, à qui on demande d’être de bons managers, sont parfois tentés de rogner sur des budgets a priori stratégiques. Ils font des appels d’offre et ont de plus en plus tendance à prendre les entreprises les moins chères. « Résultat : on voit des personnels intervenir dans les chambres des patients sans aucune formation aux spécificités de l’hôpital », affirme la même gérante qui s’inquiète d’une nouvelle concurrence peu regardante sur la qualité. « On les reconnaît tout de suite : ils passent moins de cinq minutes par chambre et négligent les points de contact comme les poignées des fenêtres ou la télécommande. » Mais bon, comme c’est le seul moyen de sauver l’hôpital public, nous explique le projet de loi Bachelot…

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14 MESSAGES
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Forum

  • Quand l’hôpital fait des économies de serpillières
    le mercredi 4 mars 2009 à 20:00
    A celui qui confond ménages dans les bureaux et ASH = ménage dans les blocs…vous croyez que les protocoles de nettoyage sont les mêmes…renseignez vous avant de dire des aneries ! Les personnes sont très qualifiées et bien souvent considérées par les praticiens justement.
  • Le malade est l’industrie première.
    le mercredi 4 mars 2009 à 10:48, xray a dit :

    Le malade est l’industrie première.

    Drogue, SILENCE ! http://echofrance37.wordpress.com/2009/01/29/drogue-silence/

  • VOTE EN ALGERIE
    le mardi 3 mars 2009 à 22:42
    La tv algérienne a concoté un spot pour la campagne électorale, une fille qui voit flou à qui on remet des lunettes, pour convaincre un peuple aveugle à voter.
  • Quand l’hôpital fait des économies de serpillières
    le mardi 3 mars 2009 à 16:21, mat77 a dit :
    Les dépenses de santé en France sont les secondes du monde, pour une espérance de vie qui se classe beaucoup moins bien. Il est donc vrai que le problème de la santé en France n’est pas un problème financier. Le problème, c’est que Madame Bachelot s’en prend encore à l’hôpital, alors que c’est l’ensemble du système de soin qu’il faut ausculter. Mais bouleverser les habitudes des mandarins de la médecine libérale n’est probablement pas une priorité électorale de l’UMP…
  • Quand l’hôpital fait des économies de serpillières
    le lundi 2 mars 2009 à 22:36, hihi a dit :
    Faux archi faux…les sociétés qui s’occupent des "ménages" comme vous dites des blocs sont obligés de respecter des cahier des charges bien explicites, et ils sont bien surveillés..s’il y a des dérapages…il faudrait plutôt regarder du côté des somités "Dr’s" et de leur manque de tact parfois envers le "petit" personnel ! On externalise surtout pour éviter que certains personnels qui avant ne s’occupaient QUE d’un service peu tournant, et donc peu salissant, ne rechignent à descendre dans un autre aider les collégues surmenés, par exemple. Sans compter les "j’te met la grêve si tu me donnes pas les CPS en août"…alors oui externaliser a du bon mais certains salariés devraient remettre en cause leur vision de la notion de "travail" et faire leur autocritiques avant de pleurer sur leur sort quand il est trop tard ! Alors oui extenaliser c’est se débarrasser de problèmes qui n’ont rien à voir avec l’activité principal d’une clinique ou hopital…les actes médicaux remboursés ! Pour rappel, je ne connais personne suite à l’externalisation des cuisines de la clinique qui ne veuillent revenir en arrière depuis…
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