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La vengeance de Philippe Sollers

Bêtise / mercredi 2 avril 2008 par Sébastien Fontenelle
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Honni soit qui mal pense de Philippe Sollers, tous ses écrits ne sont pas vains. Sa chronique dans « Le Journal du Dimanche » lui a même permis de régler un vieux compte avec le critique Eric Naulleau

Le romancier Philippe Sollers, qui fut regardé naguère comme l’un des grands ordonnateurs de notre paysage livresque, tient désormais, une fois par mois, dans le Journal du dimanche, une chronique où il déroule des commentaires assez proches de ceux qui, le matin, s’entendent aux zincs des bistrots – mais avec éventuellement, et en guise de supplément d’âme, des petits morceaux de flagornerie.

Dans sa dernière livraison, datée du 30 mars, il flatte ainsi Patrick Besson, auteur multicarte : « Quand Patrick Besson est bon, il est très bon ».

Motif ?

Besson a fait, peu de temps avant, d’une plume trempée dans le venin, le portrait d’un critique, Eric Naulleau, qui officie le samedi soir chez Ruquier, sur France 2 – et qui avait eu le front de le qualifier d’« écrivain français moyen ».

Sollers cite longuement Besson, qui flingue Naulleau en ces termes choisis : « (…) On cherche en vain les raisons pour lesquelles, dans l’arrondi satisfait de sa tête creuse, il semble si content de lui. (…) Ce qu’il a écrit, personne ne l’a lu. Ou ceux qui l’ont lu n’ont pas l’air de s’en souvenir. Il serait éditeur. (…) »

Puis, Sollers, pour finir sa chronique, ajoute ces quelques mots de son cru : « Il faut dire que certains critiques font penser à cette remarque de Céline, en 1948, recevant des coupures de presse : “Amusantes, ces coupures. Elles donnent bien le ton de la méchanceté envieuse, lâche, imbécile, féroce, implacable, naturelle, banale, fastidieuse”. (Il est vrai : Céline, en matière de férocité, avait quelque expertise…)

On imagine aisément la perplexité du lecteur du Journal du Dimanche, qui, découvrant cette charge, a dû se demander quelle mouche avait piqué Sollers, et pourquoi, tout soudain, il vomissait du fiel, sans autre forme de procès ?

L’explication est à la fois simple – et divertissante, pour ce qu’elle révèle des tréfonds du personnage.

La vengeance, un plat qui se mange…

Dans la vraie vie, en effet, contrairement à ce que prétend Patrick Besson, Eric Naulleau est bel et bien, depuis des années, le directeur d’une remarquable maison d’édition, « L’esprit des péninsules ».

Mais il fut aussi, en 2003, l’auteur d’un goûteux pamphlet qui éclairait d’une lumière crue, et quelque peu dérangeante, les dessous douteux du petit monde merveilleux des lettres germanopratines.

Il écrivait, notamment : « Quant au culte de la personnalité qui fait rage dans le Landerneau littéraire, ses modèles seraient à chercher (…) du côté de certains satrapes et grands timoniers asiatiques, si celui dont fait l’objet Philippe Sollers dans les pages du Monde des livres, à force de franchir les ultimes frontières du ridicule, ne constituait un modèle insurpassable ».

Pis : en 2004, Naulleau récidivait, publiant, sous la forme d’un pastiche du légendaire « Lagarde et Michard », un hilarant « précis de littérature du XXIe siècle », où il proposait quelques « sujets de devoirs ».

Par exemple : « Empruntant vos métaphores à divers registres (sportif, culinaire, sexuel…), vous définirez à votre tour, aussi précisément que possible, les limites du talent de M. Sollers ».

Pour le dire simplement : Eric Naulleau, attaquant par le rire les statues de quelques faux papes du journalisme et des lettres, a plusieurs fois récidivé dans le crime de lèse-Sollers.

Cela, naturellement, les lecteurs du Journal du dimanche ne pouvaient pas le savoir : l’intéressé, qui ne se déteste pas, s’est bien gardé de le mentionner. Ils ont cru lire une charge haineuse : ce n’était que la vengeance de Philippe Sollers.


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10 MESSAGES
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Forum

  • La vengeance de Philippe Sollers
    le mardi 8 avril 2008 à 20:30, Feint a dit :

    « (…) On cherche en vain les raisons pour lesquelles, dans l’arrondi satisfait de sa tête creuse, il semble si content de lui. (…) Ce qu’il a écrit, personne ne l’a lu. Ou ceux qui l’ont lu n’ont pas l’air de s’en souvenir. Il serait éditeur. (…) »

    Il y a des lecteurs qui se trouvent n’avoir lu ni Sollers ni Besson - mais Naulleau oui, un peu. C’est grave ?

  • La vengeance de Philippe Sollers
    le lundi 7 avril 2008 à 12:26, Mexico a dit :

    Effectivement surpris par la lecture dans le JDD de ce trait hargneux et mal contrôlé de notre Philou national. Auquel j’aurais tendance à tout pardonner : il m’amuse.

    Parfois il élève. Ainsi d’une citation dans son dernier bouquin ("Un vrai roman") d’un passage de La Fontaine inconnu (la fin des Amours de Psyché et de Cupidon) et sublime :

    J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,

    La ville et la campagne, enfin tout ; il n’est rien

    Qui ne me soit souverain bien,

    Jusqu’au sombre plaisir d’un coeur mélancolique.

    Son dernier roman d’ailleurs injustement assassiné par la critique. Chez Philou le pire côtoie le meilleur. Le pathétique du pire (ses vantardises en redites insensées) est à vrai dire assez touchant (c’est un éternel petit garçon), et le meilleur plutôt roboratif (éloge décomplexé de la jouissance sous toutes ses formes). Mais bon là, c’est certain, Philou s’est pris les pieds dans le tapis. C’est très petit comme attaque. Faut qu’il se surveille.

  • La vengeance de Philippe Sollers
    le mercredi 2 avril 2008 à 17:55, AULERQUE a dit :
    peu importe qui est dans le vrai. Je ne jugerai pas du talents comparés de Sollers ou de Nalleau. Mais qu’il est agréable d’être le spectateur d’une (petite) querelle dans notre société aseptisée du politiquement correct et des dépots de plainte pour diffamation, et autres motifs. On regrette les grands anciens, leurs vacheries, leurs débats,leur mauvaise foi. Pour le reste, l’histoire tranchera.
  • La vengeance de Philippe Sollers
    le mercredi 2 avril 2008 à 16:44, fm a dit :

    En lisant votre article, mon regard est attiré par une publicité sur le côté. Et une question me vient soudain : M. Pokora (objet publicitaire en question) est-il plus ou moins Germanopratin que Philippe Sollers ?

    En tout cas, il a plus de tatouages.

  • La vengeance de Philippe Sollers
    le mercredi 2 avril 2008 à 15:34, Blogostef a dit :

    J’ignorais que Bakchich.info se convertissait dans le comptage des points lorsqu’il s’agissait du crêpage de chignon de la nomenclature littéraire parisienne.

    Très franchement les inimitiés de Sollers et consorts on s’en fout un peu !

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