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CULTURE / CHRONIQUE ZIQUE

Keziah Jones, roi « blufunk » nigérian

Disque / lundi 13 octobre 2008 par Sébastien Bataille
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Avec son cinquième album, Nigerian Wood, le blufunk d’origine de Keziah Jones se mue en griffe de haute couture sonore.

Le savoir-faire de l’artiste n’est plus à démontrer depuis longtemps, mais ici, sa touche caractéristique semble porter en elle l’organigramme du tissu musical contemporain : le rythme roi, d’où se déclinent quantités de synthèses entre blues, funk, soul, rock, psyché, et même classique, écorces de racines entremêlées comme les sentiments amoureux extensibles de New York à Lagos.

Zique organique

On se souvient du tube planétaire, devenu l’hymne de Keziah Jones, « Rythm is love », extrait de l’album révélation Blufunk is a fact (1992). Ce toucher de guitare alerte et slappé, cette rythmique funky-jazz, ce chant félin, ce son dépouillé sans être minimaliste, ont permis au nigérian – découvert dans le métro quelques temps auparavant –, d’imposer son style à la face du monde, de façon fulgurante, et de le nommer « blufunk » (mélange de blues et de funk). En 1995, le musicien publie le dépareillé African space craft, suicide commercial (tous les morceaux potentiellement tubesques étant triturés à l’extrême) mais chef-d’oeuvre méconnu ; son album le plus rock, le plus sombre, le plus électrique, dans lequel Keziah Jones maltraite son blufunk à coups de trouvailles soniques stupéfiantes invoquant l’esprit d’Hendrix. Suivront Liquid sunshine (1999) et Black Orpheus (2003), toujours très organiques, le dernier laissant entrevoir une forme de sérénité radieuse, aux allures de retour aux sources, comme l’indique le visuel de la pochette. Le parcours discographique de Keziah Jones apparaît comme un long recentrage sur son identité et ses racines nigérianes.

Le nouvel album s’inscrit dans le prolongement de Black Orpheus mais aussi de la mythique soul music afro-américaine : la présence de cuivres et la fraîcheur foisonnante de l’ensemble ressuscitent le cool de Marvin Gaye et la furie de Prince – d’où filtrent quelques décoctions du neurologue Lee « Scratch » Perry –, même si Keziah Jones se revendique d’abord de Jimi Hendrix et de l’inventeur de l’afrobeat Fela Kuti.

Ivresse

Dès l’ouverture de « Nigerian wood », le chanteur met le feu sur le titre éponyme, l’incandescente magie noire – funky et groove en diable – embrase les oreilles de l’auditeur heureux. Le deuxième morceau, « African android », sonne comme un interlude qui se prolonge : on attend la déflagration en se souvenant que « Rythm is love » possédait également une intro flottante, mais la bombe n’explose pas. Ou plutôt si, à retardement. En effet, le premier single « My kinda love » arrive et la puissance créative de Keziah Jones se matérialise enfin dans une composition à la sensualité emprunte d’exotisme. Une envie irrépressible de boire un ti-punch et de déshabiller envahit l’auditeur dès les premières secondes, à écouter avec modération donc. Les suaves et langoureux « Long distance love », « Beautifulblackbutterfly » et « Pimpin’ » n’aident pas vraiment à atterrir, prolongeant l’ivresse à notre corps défendant.

Fête en studio

Rien n’est plus difficile que de reproduire une ambiance festive en studio, et pourtant le musicien y parvient sur « Lagos vs New York », dont le texte n’a pourtant rien de joyeux puisqu’il dépeint la réalité cachée derrière la modernité de façade de la capitale nigériane (bidonvilles, misère, etc.). « 1973 (Jokers reparations) » donne l’impression de surprendre Keziah Jones en plein bœuf avec les Doors, mariage symbolique réussi. La magnifique douceur écologiste « Unintented consequences » s’annonce comme le climax envoûtant de l’album, une sortie en single s’impose. « Blue is the mind », aux arrangements creusant encore dans la fusion des genres (violoncelle, cuivres, clavecin), illustre parfaitement le propos du disque. La supplique « My brother », portée par un violon poignant et chantée comme une prière adressée à la conscience de l’humanité, clôt l’album d’une mélancolie de fin du monde. Ce titre justifie à lui seul l’achat de Nigerian wood. La plage fantôme, borderline mais entêtante, rappelle les circonvolutions étourdissantes de l’époque African space craft.

Après ces 55 minutes de musique, un constat s’impose : le bois nigérian constitue indéniablement le meilleur matériau pour construire un vaisseau spatial africain.

Keziah Jones, « Nigerian Wood », sorti le 1er septembre 2008

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3 MESSAGES

Forum

  • Keziah Jones, roi « blufunk » nigérian
    le mercredi 15 octobre 2008 à 08:34

    Votre commentaire consiste uniquement à dresser un portrait peu glorieux de Keziah Jones, vous n’avez visiblement pas écouté ce nouvel album. Mon propos est de chroniquer un disque, de parler des chansons. Et quand vous évoquez les VRAIS artistes, merci de citer des noms, je me ferai un plaisir de les écouter.

    Sébastien Bataille

    • Keziah Jones, roi « blufunk » nigérian
      le vendredi 24 octobre 2008 à 17:34, Romain a dit :

      Sebastien, ne rentrez pas dans le jeu de cet idiot patente. Il n’a effectivement pas bien compris l’univers de Keziah Jones. Je cite : "K Jones, L Kravitz et consort, bandits de grands chemins en mal d’inspiration, les poches pleines d’accords et de mélodies des autres. C’est à ce genre de zozos que l’on devrait imposer la riposte graduée…". Poches pleines d’accords et de melodies des autres ?? Peut etre avez vous la pretention jouxtee a un courage suffisant pour nous prouver que vous etes a meme d’avoir une creativite superieure a K. Jones ?? Car a l’inverse de vous, je considere (et nombreux experts sont du meme avis) que les structures musicales de Jones sont nettement plus complexes et innovantes que ce que vous voulez sous entendre.

      Et tout comme Sebastien, je serais tres curieux de connaitre vos VRAIS artistes… Et d’ailleurs, qd vous dites que KJones n’est pas connu partout (ce que je vous concede), est ce que cela veut dire qu’il n’est pas un artiste ?? Si oui, Britney Spears et les pussy cat dolls sont les seuls vrais artistes actuellement ! La belle affaire…

  • Keziah Jones, roi du Shakara, tout au plus
    le lundi 13 octobre 2008 à 15:29

    Quand est-ce que la " " "presse musicale" " " (remarquez les guillemets) française aura une culture musicale suffisante (plutôt que sa suffisance) pour réellement apprécier un(e) VRAI(E) artiste quand il y en a et ne pas tomber dans les pièges à midinettes d’escrocs qui ne méritent en rien cette idolâtrie.

    Posez-vous la question : pourquoi ne vend-t-il des disques qu’en France, en Allemagne et au Japon ? Pourquoi ses concerts à Londres ne sont remplis QUE d’Au pair française à peine pubères ?

    K Jones, L Kravitz et consort, bandits de grands chemins en mal d’inspiration, les poches pleines d’accords et de mélodies des autres. C’est à ce genre de zozos que l’on devrait imposer la riposte graduée…

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