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Bonjour Mesdames et Messieurs. |
Un
an de commerce électronique en France |
Il y a un an de cela le
Ministre de l'Economie des Finances et de l'Industrie m'avait demandé
(nous avait demandé, car nous étions une équipe) de
dresser un inventaire du commerce électronique pour les entreprises
françaises, de déterminer les enjeux du développement
du commerce électronique et également les obstacles que pourrait
rencontrer celui-ci en France. Il y a quelques jours, un an plus tard,
nous lui faisions un compte rendu de ce qui s'était passé
en un an en France mais aussi dans l'environnement international. Nos prévisions
s'étaient-elles été réalisées ou non
? Les pouvoirs publics, de manière générale, avaient-ils
tenu leurs engagements ou non ? |
Une
opportunité extraordinaire |
S'agissant tout particulièrement
des PME et des PMI, je ne répéterai pas ce que vous savez
tous, à savoir que, bien sûr, Internet constitue pour elles
une opportunité extraordinaire à la fois parce qu'il leur
ouvre l'espace mondial mais aussi parce que sur Internet, il y a une prime
aux nouveaux entrants. Les grandes entreprises existantes avec leurs réseaux
de distribution en place et leurs habitudes de commercialisation, avec
leur organisation, sont handicapées face à ces nouveaux marchés
alors que les nouvelles entreprises, les petites entreprises, ont moins
de passé et d'une certaine manière bénéficient
d'une prime à l'entrée sur ces nouveaux marchés. |
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Je crois que tout a été
dit sur ces sujets généraux donc je n'insisterai pas mais
j'essaierai au travers de ce bilan d'une année d'évolution
du commerce électronique d'en tirer quelques leçons plus
particulières. |
Du
minitel... |
D'abord ce que l'on a pu
observer, c'est indiscutablement une formidable prise de conscience. Souvenez-vous
en, il y a un peu plus d'un an encore, on avait tendance à penser
que la France était définitivement en retard dans ce domaine
et qu'elle n'avait pas compris qu'une révolution était en
cours. Parce que les Français, légitimement fiers et satisfaits
des performances du Minitel, n'avaient pas compris que nous entrions dans
un nouvel univers qui n'était pas limité à nos frontières.
Or le Minitel l'était. Cette révolution allait offrir des
outils infiniment plus performants. C'était le sentiment qui prévalait,
je dirais, à l'automne 1997. Depuis lors l'évolution a été
très rapide et c'est un constat relativement positif. Un chiffre
(je reviendrai tout à l'heure sur la valeur des chiffres) le nombre
de PME de 10 à 500 salariés connectés à Internet
serait passé de 24 à 48 %, soit un doublement. C'est bien
mais ce qui m'intéresse plus que ces chiffres, c'est la réalité
un peu tangible telle que nous avons pu la cerner en allant rendre visite
à un certain nombre de manifestations locales, régionales
et là je ferais deux observations : |
...à
Internet |
La première,
c'est d'avoir, un peu partout, observé le développement
d'un intérêt considérable pour Internet qui n'était
pas que de la curiosité. Nous avons rencontré un certain
nombre de PME mais aussi d'organisations qui les représentaient
dans le cadre de manifestations locales et partout nous avons pu débattre
avec des PME, des patrons de PME qui s'étaient lancés dans
l'avenir de leur propre chef. Ils comprenaient qu'il y avait un changement
et ils avaient décidé d'y aller. Ce qui est très intéressant,
et c'est original en France, ce mouvement m'a paru personnellement plus
actif, plus dynamique en province qu'à Paris. Et après tout
si on y réfléchit, c'est assez logique parce que ce sont
les entreprises les plus isolées, les plus lointaines du centre
qui trouvent le plus d'intérêt à cet outil qui du jour
au lendemain les met à égalité avec n'importe quelle
autre entreprise dans le monde. Il y a donc une dynamique régionale
qui est à l'œuvre aujourd'hui qui, autre caractéristique
intéressante, bien souvent combine les efforts des entreprises du
secteur privé et des administrations notamment les fonctionnaires
du Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie, du Secrétariat
d'Etat à l'Industrie, et des élus. |
..
notamment dans les régions... |
J'ai été très
frappé de constater le nombre d'expériences locales dans
lesquelles on combine l'initiative des collectivités locales (commune,
région, département), des Chambres de Commerce et d'Industrie
voire des entreprises. Il y a des exemples bien connus, qu'ils soient dans
le Nord de la France, du côté de Grenoble ou en Bretagne.
Mais c'est un mouvement qui tend à s'étendre en tâche
d'huile. Il y a une espèce de prise de conscience au travers de
l'utilisation d'Internet que les intérêts des uns et des autres
au niveau local sont liés. Internet peut être un support au
développement et à la dynamique locale dans la mesure où
pour les utilisateurs, il y a conjonction sur le même réseau
de toutes les informations et de toutes les utilisations, qu'elles intéressent
le citoyen, la vie économique ou la vie administrative. Donc cette
synergie locale est en train de s'exprimer, de s'organiser et cela de manière
très généralisée en France et je crois que
c'est un phénomène extrêmement intéressant et
important pour les PME. |
...qui
regroupent leurs forces... |
Il est évident que
le premier obstacle pour les PME pour entrer sur Internet, c'est leur petite
taille, leur isolement, leur difficulté à se retrouver dans
cet univers nouveau, dans cette jungle mondiale et donc tout ce qui peut
les insérer dans un mouvement collectif est extrêmement positif.
Pour
aller sur Internet pour une PME, il est plus aisé d'y aller avec
d'autres
et non pas seul, c'est une évidence. Voilà la
deuxième
observation je dirais simplement un peu superficielle bien sûr.
Elle n'est pas fondée sur des chiffres. Elle n'est pas fondée
sur des analyses approfondies mais ce sentiment de l'émergence d'un
dynamisme profond et appuyé sur une combinaison des efforts de tous. |
Des
outils d'observation encore insufffisants. |
J'évoquais, il y
a un instant la difficulté de réunir des chiffres qui soient
crédibles. J'ai cité un chiffre, je n'en mentionnerais pas
plus. Je sais que vous avez un atelier sur les observatoires. Nous nous
sommes aussi dans le cadre de nos travaux attelés à ce sujet.
Je me permettrais simplement une observation sur ce point, ne rajoutons
pas un observatoire à d'autre. Il y a déjà d'innombrables
instances qui collectent des chiffres, des observations, singulièrement
en France. Ce que nous avons tenté pour notre part (nous avons formulé
des propositions sur ce sujet), c'est plutôt d'organiser un réseau
d'observatoires, après tout, nous sommes maintenant dans un univers
de réseau, donc de combiner les actions des uns et des autres sans
chercher à les fusionner, ni à les regrouper mais en définissant
une base commune en terme de méthodologie. Nous avons défini
une batterie d'indicateurs qui sont acceptés par les uns et par
les autres et notre souhait c'est qu'il soit organisé au fil des
mois et des années à venir un effort convergent de l'ensemble
de ces observatoires, les uns étant statistiques, les autres étant
plus des analyses d'exemples. Cela nous l'avons fait de manière
générale, pour l'ensemble du développement d'Internet
en France ; il serait sans doute souhaitable de préciser le volet
PME, PMI plus particulièrement dans le cadre de cet observatoire. |
..
le B to B (Business to Business)... |
Toujours en survolant ce
bilan de l'année 1998, ce qui me frappe c'est que l'on continue
encore, sinon à se tromper de cible, en tout cas à omettre
trop souvent un volet très important du commerce électronique.
Pour l'essentiel, le commerce électronique dans l'esprit des interlocuteurs
du privé et du public que j'ai rencontré, c'est et cela reste
le commerce de détail. Mais l'enjeu économique du commerce
inter entreprise, est à court terme infiniment plus important que
celui du commerce de détail car ne nous y trompons pas, pour les
entreprises qui ne seront pas entrées dans un jeu d'échange
électronique avec leurs partenaires, leurs fournisseurs seront de
mauvaises entreprises dans le commerce de détail parce qu'elles
n'auront pas su structurer leur organisation et leur fonctionnement autour
des réseaux d'informations, parce qu'elles n'auront pas obtenu les
améliorations de fonctionnement et notamment les réductions
de la chaîne de valeur et des cycles de production. |
Une
logique industrielle plus exigeante |
Aujourd'hui encore l'une
des grandes faiblesses d'une manière globale de l'économie
française si on la compare à l'économie américaine
actuelle, c'est l'excessive longueur des chaînes et des cycles qui
vont du consommateur, enfin plus exactement de la commande jusqu'à
la livraison. On cite toujours cet exemple : c'est Philippe LEMOINE, Co-Président
des Galeries Lafayette qui le cite, qui comparant un hypermarché
américain Woolmark et un hypermarché moyen français,
tous les deux étant à peu près de taille comparable,
constate que dans un cas on a 7 ou 8 jours de stock, dans l'autre cas on
a 27 jours de stock. Ceci est vrai dans bien des domaines et vous savez
que les ordinateurs DEC ont fondamentalement construit leur succès,
non pas sur la technologie, mais sur cette capacité à réduire
le délai de réaction en réduisant le cycle de fabrication
et les stocks. DEC a aujourd'hui 7 jours de stock contre 10 fois plus pour
ses concurrents COMPAQ ou IBM. Alors qu'elle en est la signification ?
Ce n'est pas simplement la réduction des frais financiers, phénomène
qui nous est familier, mais c'est aussi dans l'économie électronique
la possibilité d'une flexibilité infiniment accrue c'est-à-dire
qu'on n'est pas freiné dans la réponse aux demandes des clients
par l'existence de stock de produit qu'il faut vendre. On ne court pas
non plus le risque d'obsolescence. Donc on a cette capacité très
bien illustrée encore une fois par DEC mais aussi maintenant par
beaucoup de PME et j'y reviendrais, de répondre aux clients en faisant
du sur demande c'est-à-dire de s'adapter à la demande personnalisée,
individualisée du client au lieu de lui imposer d'acheter ce qui
a été fabriqué. C'est un véritable renversement
de la logique industrielle telle qu'elle avait été développée
depuis Henri FORD et sa célèbre FORD T. Je crois que c'est
cela qui est en cause. |
![](lorentz2.gif) |
Cela implique que toute
la chaîne de commande, de fabrication, d'approvisionnement soit intégrée
autour d'Internet, que tous les outils informatiques soient interconnectés
entre eux et que ceci intègre dans une seule communauté professionnelle
à la fois l'entreprise elle-même, ses fournisseurs, ses sous-traitants
et ses clients. Quand on est une PME, ce qu'il faut savoir c'est que même
si on a relativement peu de fournisseurs ou de sous-traitants, d'une manière
ou d'une autre pour nombre de PME, il est essentiel de rentrer dans les
réseaux. Et si on n'a pas intégré cette dimension
du commerce interentreprises, on risque d'être marginalisé
car on ne participera pas aux appels d'offre des grandes entreprises qui
se font et se feront de plus en plus sur le réseau. |
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Voilà le premier
point sur lequel je souhaitais insister, c'est véritablement cette
nécessité de faire passer, le message que le premier enjeu,
c'est d'organiser les échanges d'entreprise à entreprise
au travers d'Internet et que l'on n'en reste pas à l'image forte,
bien sûr, véhiculée par les médias sur ce développement
miraculeux de quelques entreprises qui vendent des livres, des disques,
sur Internet. C'est important, on y reviendra, mais ce n'est sans doute
pas l'essentiel. |
Un
EDI allégé et plus ouvert |
Ce qui me parait également
très positif dans l'année écoulée et qui déborde
bien sûr le cas de la France, c'est que l'évolution des technologies
facilite et va de plus en plus faciliter le basculement des entreprises
sur les Internets inter entreprises. Les relations électroniques
inter entreprises vous le savez, sont un phénomène ancien.
Elles se pratiquaient au travers de l'EDI pour l'essentiel, un peu aussi
en France avec le Minitel. Mais l'EDI était un outil informatique
lourd qui n'était maîtrisable et lisible que par des experts,
et était extrêmement coûteux, ce qui enfermait très
souvent les PME dans une relation un petit peu équivoque avec leur
grand client qui leur avait imposé telle ou telle formule d'EDI. |
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Le passage sur Internet
avec des solutions intermédiaires diverses, des passerelles, ce
que l'on appelle l'EDI light ou d'autres formules encore, l'EDI Web, va
considérablement faciliter pour les PME l'accès à
ces échanges électroniques interentreprises. Ils seront en
face d'écrans qui seront en HTML. Ils seront en face d'outils qui
seront aisés d'accès, qui seront infiniment moins coûteux
et cela a clairement démarré en 1998 et va considérablement
s'accélérer. |
Le
rôle majeur des pouvoirs publics |
La troisième observation,
dans cette démarche d'incitation des PME à basculer sur Internet
notamment dans leurs relations professionnelles, est le rôle majeur
à jouer par les pouvoirs publics. Là encore, l'observation
n'est pas nouvelle. Nous l'avions formulé il y a un an et chacun
sait que les pouvoirs publics sont un agent économique majeur. Il
y a en France 750 milliards de FF (soit 115 milliards d'euro) environ d'achat
public, de biens ou de services à la fois au niveau national ou
local ; il est évident que le jour où tous ces appels d'offres
auront basculé sur Internet et qu'il ne sera plus possible de traiter
avec les collectivités publiques qu'en recourant à Internet
et bien toutes les entreprises, y compris les PME seront converties à
l'usage d'Internet. On ne va certainement pas procéder d'une manière
aussi drastique dans tous les domaines mais ceci est vrai pour les marchés
publics. Ceci est vrai également pour l'ensemble des procédures
qui d'une manière ou d'une autre lie l'Etat et les entreprises,
telles les diverses déclarations d'impôts, la T.V.A., les
déclarations sociales, etc. |
Dématérialisation
des échanges |
Il y a là moyen d'inciter
les PME à basculer sur Internet rapidement à condition bien
sûr que cette dématérialisation des échanges
se traduise par un avantage pour elles. Si c'est une contrainte supplémentaire,
il y aura un rejet. Donc, il importe de ne pas se contenter, comme nous
le faisons déjà actuellement de dématérialiser
les différents formulaires à remplir et de permettre aux
gens de les télécharger et de les imprimer, ce qui est un
avantage modeste. Il faut rapidement parvenir au stade où on pourra
opérer toutes les étapes d'une procédure, à
la fois la déclaration de T.V.A. mais ensuite également son
acquittement, son paiement. De même pour toutes les autres procédures
il faut pouvoir tout faire électroniquement et cela à partir
simplement d'un seul poste de travail. Ce sera un gain de temps et d'efficacité
considérable pour les PME. |
![](lorentz2.gif) |
Nous avons dans ce domaine
beaucoup progressé en 1998 et je suis heureux de le dire ici parce
que ce sont des sujets un peu ingrats (ce n'est pas très visible
comme résultat), difficiles, complexes mais d'une manière
générale et notamment au Ministère de l'Economie des
Finances et de l'Industrie, les progrès ont été très
sensibles. Il faut sans doute les accélérer. C'est notamment
vrai pour les marchés publics ou nous sommes encore freinés
par la nécessité de réformer le code même des
marchés publics et là nous avons un problème législatif.
C'est un chantier extrêmement vaste qui pour l'instant nous retarde.
Mais, je crois que tout est lancé pour que le processus aille de
l'avant, voire s'accélère. |
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Voilà un certain
nombre d'observations concernant le problème général
des PME et leur entrée dans le monde d'Internet et notamment leur
entrée dans l'Internet professionnel, celui concernant les relations
inter entreprises et avec l'administration. |
Le
commerce de détail : quelques feux de paille ? |
Alors venons-en maintenant
au commerce de détail proprement dit. Là encore nous avons
observé une multiplication d'initiatives souvent très sympathiques
et originales. Elles ont été mises en valeur par de très
nombreux prix, de challenges, de concours divers et variés et aussi
par la presse qui bien sûr a concentré son attention sur ce
qui est le plus visible et en même temps le plus accrocheur, si je
peux dire, dans le commerce électronique. Donc, les initiatives
sont innombrables. Il est trop tôt pour juger de leur pérennité
parce que bien souvent aujourd'hui c'est vrai en France comme ailleurs,
ce sont des initiatives qui perdent encore de l'argent. Il y a un investissement
au départ et c'est la première information que j'aimerai
formuler, c'est qu'il ne faut pas créer d'illusions s'agissant de
l'entrée du commerce électronique dans le commerce de détail.
C'est un investissement lourd. J'entends parfois citer les chiffres miraculeux
de l'ouverture d'un site sur GEOCITIES, sur WANADOO ou autres plates-formes
qui vous offrent d'héberger votre site de commerce électronique
pour quelques milliers de francs. On se dit : c'est tout ce qu'il faut
faire pour entrer dans le commerce électronique. Bien évidemment
c'est là une illusion et il faut à tout prix éviter
que les entreprises ne se jettent dans l'aventure du commerce électronique
de détail en partant de ces chiffres totalement illusoires. Ce qui
est en cause bien sûr, c'est l'adaptation de toute l'entreprise aux
exigences de rapidité, d'efficacité qui vont être celles
du client. Le client, qui en l'espace de quelques secondes, de quelques
minutes, va trouver son fournisseur sur Internet, et cela peut-être
à deux heures du matin, s'attend bien sûr à ce qu'ensuite,
la logistique, la livraison, la facturation, l'après-vente ou les
retours suivent. Toutes ces étapes sont très souvent difficiles
à mettre en œuvre pour une PME surtout si elle élargit son
champ d'intervention à des espaces géographiques beaucoup
plus larges. Il est facile de se lancer dans la vente de foies gras du
Gers en direction de la Nouvelle Zélande, encore faut-il être
capable de les livrer dans les délais de fraîcheur qui sont
imposés, en respectant les réglementations sanitaires, la
fiscalité locale, les douanes locales etc. Tous exercices auxquels
les PME doivent réfléchir, avant de se lancer dans l'aventure
du commerce électronique. Aussi voyons-nous se multiplier les organismes
d'assistance, de conseil qui vont faire ce type de recommandations, et
les faire réfléchir sur l'articulation entre leur vitrine
Web, leur fonctionnement interne, la logistique etc. Mais de ce point de
vue-là, l'observation que je formulerai, c'est que nous avons vu
se multiplier de tels organismes publics ou privés, et fleurir des
consultants de toutes natures. |
Nos
PME s'interrogent |
La question que je me pose
est de savoir si nos malheureuses PME ne sont pas désemparées
devant ce bourgeonnement, cette floraison de conseils et pour finir " si
le mieux n'est pas l'ennemi du bien ". Les observations que nous avons
recueillies au cours de notre exercice d'évaluation, de bilan, c'est
quand même que nos PME aujourd'hui ont le sentiment d'une complexité
plutôt croissante que l'inverse. Alors qu'Internet devrait être
un outil de simplification, aujourd'hui il est perçu bien souvent
par ceux qui essayent de se lancer sur ces nouveaux marchés, comme
un outil infiniment complexe parce que l'on ne sait pas très bien
à qui s'adresser, on ne sait pas bien quelle est la meilleure porte
d'entrée, parce que l'on a de multiples offres d'assistance toutes
fondées sur beaucoup de bonne volonté. Il y a beaucoup d'aides,
d'assistance gratuite, de subventions, de concours et autres. Oui, mais
quel chemin prendre ? Quelle est la meilleure voie ? Et aujourd'hui, ce
que je redoute c'est une dispersion croissante des efforts de ceux qui
se lancent vers le commerce électronique, dans la quête du
bon point d'entrée, de la bonne subvention, du bon conseil. |
Simplifier
la vie des PME |
Notre observation ou notre
conclusion très forte sur ce point, c'est que la priorité
1999 devrait être non pas de rajouter de nouveaux systèmes,
non pas de multiplier de nouvelles initiatives (il y en a heureusement)
mais de les simplifier, simplifier la vie des PME. Une PME c'est un patron
tout seul généralement qui n'a pas les grosses structures
hiérarchiques des grandes institutions. C'est une banalité
de le rappeler. Il a peu de temps à consacrer et même si on
veut l'aider, le faire courir d'un guichet, d'une aide à l'autre,
c'est le pire service à lui rendre parce qu'il oublie les vrais
objectifs qui sont de satisfaire ses clients et de gagner de l'argent. |
![](lorentz2.gif) |
Donc, simplicité
ce qui signifie vraisemblablement non pas repartir en ce qui concerne la
France sur le vieux mythe du guichet unique. Là encore la technologie
nous apporte des réponses. Regardons ce qui se passe sur le marché
à l'échelle mondiale. Pour guider, fournisseurs et clients
sur le marché mondial, on doit organiser des portails électroniques
d'accès au marché. Portails bien sûr intéressés,
ce sont des entreprises qui espèrent gagner de l'argent, mais portails
extrêmement utiles car on y prend le client par la main, on le guide
vers des sites, on lui ouvre un certain nombre de services, on le met en
collectivité ou plus exactement on organise des éléments
de solidarité entre ses clients. |
De
nouveaux modes d'organisation |
Je crois que l'exemplarité
de ces structures d'organisation de marché qui se mettent en place
à l'échelle du marché mondial doit nous servir pour
repenser le mode d'organisation et de fonctionnement administratif au niveau
local, que ce soit au travers de l'organisation de communauté
professionnelle ou à travers l'organisation de portails d'accès
à l'ensemble des systèmes d'aide, au moyen des systèmes
de conseil. |
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Donc ne les supprimons pas
et ne cherchons pas à les unifier mais mettons en place des outils
de recherche efficaces qui permettent de trouver le système qui
convient. Cela dit, les outils n'y suffisent pas et je pense que la conjonction
des efforts des hommes est quand même important et quand je dis la
conjonction des efforts des hommes, ce ne sont pas simplement les services
administratifs spécialisés mais aussi tous les acteurs. L'une
des grandes leçons que nous retirons de cette année d'observation
du commerce électronique, c'est la nécessité d'une
coopération et d'une concertation étroite de tous les instants
entre l'ensemble des acteurs. Bien sûr, les premiers à faire
du commerce électronique, ce sont les entreprises, et non pas les
administrations. Ce n'est pas l'administration qui va tirer le commerce
électronique. C'est évident. Mais à l'inverse, vouloir
nier le rôle bénéfique, le rôle de faciliteur
que peuvent jouer ces administrations au moment où ces marchés
démarrent, ce serait également une erreur. |
L'Etat
doit donner l'exemple |
Donc je crois que nous avons,
et c'est largement amorcé en ce qui concerne notre pays, inventé
des modes nouveaux ou en tout cas des évolutions nouvelles, des
formes de concertation et cela notamment au niveau régional ou local
entre les acteurs de l'administration, les organisations professionnelles,
les entreprises et souvent les élus et les collectivités
locales. Je mentionnais cela au début de mon propos en disant que
j'en observais de plus en plus d'exemples. Oui, mais il faut sans doute
aller plus loin, être plus structurant dans ce domaine. Nous avions
recommandé il y a un an que dans chaque région se mette en
place une équipe projet regroupant les Directions Régionales
de l'Industrie, les Directions Régionales du Commerce Extérieur,
les Chambres de Commerce, les organisations professionnelles et que cette
équipe fonctionne sur des projets bien identifiés notamment
en matière de simplification de l'interface avec les PME. Au bout
d'un an, nous observons que les mises en œuvre de cette recommandation
ont été rares. Alors, peut-être n'était-elle
pas pertinente mais en tout cas cela mérite de s'interroger. Je
crois qu'il faut des portails mais qu'il faut aussi derrière les
portails électroniques des hommes qui travaillent ensemble et qui
savent rapidement traiter un sujet et apporter une réponse aux PME.
A l'âge de l'interactivité instantanée sur les réseaux,
il faut que les hommes sachent fonctionner de la même manière. |
Savoir
innover |
Avant dernière observation,
nous avions souligné il y a de cela un an, la nécessité
face au commerce électronique de faire évoluer notre philosophie
en ce qui concerne les aides publiques et plus exactement les aides à
l'innovation dans ce domaine. Traditionnellement, nous sommes très
tournés vers l'aide aux innovations technologiques. Le commerce
électronique, ce sera avant tout de l'innovation d'usage, il faut
bien s'en rendre compte. Mais c'est de la vraie innovation. Il s'agit bien
souvent de prendre des composants qui existent sur des étagères,
des composants matériels ou logiciels, plus souvent d'ailleurs logiciels
que matériels, et de les identifier, (parce que l'offre est gigantesque
à l'échelle mondiale et bien sûr explose tous les jours)
ensuite de les assembler dans un ordre nouveau pour répondre ou
plus exactement imaginer un service, un produit qui apporte de la valeur
au client, qui lui facilite la vie, qui l'aide dans sa démarche
de tous les jours sur les marchés électroniques. Et cela
c'est de la vraie innovation. |
Un
nouveau contexte |
Prenons en compte d'une
manière ou d'une autre le fait que l'innovation dans le commerce
en lui-même mérite d'être soutenue au même titre
que l'innovation dans la technologie. Et j'en dirais de même de certains
services qui sont indispensables, qui doivent se développer pour
accompagner le commerce électronique. Je songe à tous les
services de certification, à toutes ces intermédiations nouvelles
qui vont sécuriser le client, qui vont sécuriser le marché,
qu'il s'agisse de la certification, de la labélisation ou d'autres
encore en matière de sécurité et qui sont indispensables
à l'évolution et au progrès de ce marché. Là
encore, ce sont des domaines d'innovation qu'il faut vraisemblablement
considérer de la même manière qu'on considère
la technologie. C'est tout aussi important. |
Adapter
les mentalités. |
Donc mettons un terme, au
moins pour la France, à ces séparations, ces cloisonnements
administratifs entre PME, PMI, entre innovation technologique, innovation
d'usage, services etc. Les esprits peinent à évoluer et je
sais bien sûr qu'il y a un certain nombre de contraintes administratives,
mais je pense qu'il est urgent de les faire sauter. |
Accepter
l'évolution |
Ma dernière observation
enfin : la poursuite de ce progrès qui est bien engagé, ne
continuera que si nous réalisons un considérable effort de
formation. Il s'agit d'aller au-delà de la sensibilisation. Il ne
s'agit pas simplement de démontrer ou de présenter à
l'ensemble des PME de France, un certain nombre de réalisations
exemplaires. Il faut former les responsables de ces entreprises pour qu'ils
ne soient pas bloqués dans leur démarche par la crainte d'être
dépassé par de plus jeunes qu'eux, par la crainte d'être
débordés par leur "webmaster" ou la crainte de ne pas comprendre
ce qui se passe. Il faut qu'ils aient suffisamment de formation pour comprendre
d'abord qu'ils n'ont pas à tout comprendre, qu'ils n'ont pas à
savoir comment cela marche, mais qu'il faut qu'ils analysent ce qu'ils
peuvent tirer de ces nouveaux outils. Même s'ils ne savent pas comment
ils marchent, leur valeur ajoutée sera d'en tirer tous les bénéfices,
de comprendre qu'elles peuvent en être les applications. De ce point
de vue-là, il faut les rassurer, les faire entrer dans ce nouvel
univers au prix d'un effort de formation. |
![](lorentz2.gif) |
Mais il faut former aussi,
un certain nombre de personnels dont les emplois vont être remis
en cause, soit parce que la qualification qui est requise va évoluer,
je songe à des personnels du secteur informatique, c'est évident,
qui vont basculer d'un univers informatique à un autre. C'est vrai
aussi des personnels qui sont affectés à la distribution
ou à la logistique, alors que les changements d'organisation qui
vont survenir vont remettre en cause parfois leur emploi, plus souvent
leur qualification. |
Former
aux nouveaux métiers |
Il est donc essentiel, si
nous voulons éviter des blocages, ceci vaut bien sûr pour
les grandes entreprises comme pour les petites, que nous sachions réaliser
en temps utile les formations nécessaires pour les faire évoluer. |
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Enfin, il faut assurer les
formations aux nouveaux métiers. Le commerce électronique
s'accompagne de l'émergence d'une série de nouveaux métiers.
Si nous n'avons pas les hommes et les femmes nécessaires en place
en temps utile, nous serons freinés par l'absence de moyens. L'exemple
le plus simple et le plus caractéristique, c'est celui du "webmaster"
qui n'est pas un informaticien, qui n'est pas un homme de communication,
ni de marketing mais est tout cela à la fois. Nous pourrions
multiplier les exemples. L'émergence d'Internet, tout particulièrement
pour les PME, implique l'émergence et le développement de
nouveaux métiers. Il faut à la fois comprendre ces nouveaux
métiers, les analyser, les prévoir et mettre en place les
formations correspondantes. Cela signifie bien sûr que dans nos écoles
ou nos universités telles qu'elles existent aujourd'hui, nous fassions
un effort considérable pour y intégrer le commerce électronique,
pour y intégrer une réflexion sur ces nouveaux outils et
sur les conséquences pour le fonctionnement de ces entreprises. |
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Voilà, j'ai terminé
ce survol qui par bien des côtés, déborde les seules
PME mais qui je crois concerne au premier chef les PME. Il se confirme
qu'Internet est une formidable opportunité pour les PME, pour les
créateurs d'entreprise aussi, c'est un espace nouveau qui s'élargit
aux dimensions du monde. Il faut saisir cette opportunité. Les pouvoirs
publics ont une place imminente à y jouer, qu'ils soient régionaux,
locaux, nationaux ou encore communautaires mais ils ne le feront intelligemment
que s'ils le font en concertation encore une fois étroite, quotidienne
avec les acteurs du marché. Il ne faut pas que cela se fasse dans
un excès d'enthousiasme débridé, se traduisant pour
les entreprises, pour les PME par une plus grande confusion. |
Simplifions
la vie des PME |
Mon dernier mot, ce sera
simplifions la vie des PME.
Merci. |