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"L’internet au service des PME"
8 et 9 février 1999 Paris
Exposé introductif : Problématique générale 
M. Francis LORENTZ
Président de la Mission Commerce Electronique


Bonjour Mesdames et Messieurs.
Un an de commerce électronique en France Il y a un an de cela le Ministre de l'Economie des Finances et de l'Industrie m'avait demandé  (nous avait demandé, car nous étions une équipe) de dresser un inventaire du commerce électronique pour les entreprises françaises, de déterminer les enjeux du développement du commerce électronique et également les obstacles que pourrait rencontrer celui-ci en France. Il y a quelques jours, un an plus tard, nous lui faisions un compte rendu de ce qui s'était passé en un an en France mais aussi dans l'environnement international. Nos prévisions s'étaient-elles été réalisées ou non ? Les pouvoirs publics, de manière générale, avaient-ils tenu leurs engagements ou non ?
Une opportunité extraordinaire S'agissant tout particulièrement des PME et des PMI, je ne répéterai pas ce que vous savez tous, à savoir que, bien sûr, Internet constitue pour elles une opportunité extraordinaire à la fois parce qu'il leur ouvre l'espace mondial mais aussi parce que sur Internet, il y a une prime aux nouveaux entrants. Les grandes entreprises existantes avec leurs réseaux de distribution en place et leurs habitudes de commercialisation, avec leur organisation, sont handicapées face à ces nouveaux marchés alors que les nouvelles entreprises, les petites entreprises, ont moins de passé et d'une certaine manière bénéficient d'une prime à l'entrée sur ces nouveaux marchés.
Je crois que tout a été dit sur ces sujets généraux donc je n'insisterai pas mais j'essaierai au travers de ce bilan d'une année d'évolution du commerce électronique d'en tirer quelques leçons plus particulières.
Du minitel... D'abord ce que l'on a pu observer, c'est indiscutablement une formidable prise de conscience. Souvenez-vous en, il y a un peu plus d'un an encore, on avait tendance à penser que la France était définitivement en retard dans ce domaine et qu'elle n'avait pas compris qu'une révolution était en cours. Parce que les Français, légitimement fiers et satisfaits des performances du Minitel, n'avaient pas compris que nous entrions dans un nouvel univers qui n'était pas limité à nos frontières. Or le Minitel l'était. Cette révolution allait offrir des outils infiniment plus performants. C'était le sentiment qui prévalait, je dirais, à l'automne 1997. Depuis lors l'évolution a été très rapide et c'est un constat relativement positif. Un chiffre (je reviendrai tout à l'heure sur la valeur des chiffres) le nombre de PME de 10 à 500 salariés connectés à Internet serait passé de 24 à 48 %, soit un doublement. C'est bien mais ce qui m'intéresse plus que ces chiffres, c'est la réalité un peu tangible telle que nous avons pu la cerner en allant rendre visite à un certain nombre de manifestations locales, régionales et là je ferais deux observations :
...à Internet La première, c'est d'avoir, un peu partout, observé le développement d'un intérêt considérable pour Internet qui n'était pas que de la curiosité. Nous avons rencontré un certain nombre de PME mais aussi d'organisations qui les représentaient dans le cadre de manifestations locales et partout nous avons pu débattre avec des PME, des patrons de PME qui s'étaient lancés dans l'avenir de leur propre chef. Ils comprenaient qu'il y avait un changement et ils avaient décidé d'y aller. Ce qui est très intéressant, et c'est original en France, ce mouvement m'a paru personnellement plus actif, plus dynamique en province qu'à Paris. Et après tout si on y réfléchit, c'est assez logique parce que ce sont les entreprises les plus isolées, les plus lointaines du centre qui trouvent le plus d'intérêt à cet outil qui du jour au lendemain les met à égalité avec n'importe quelle autre entreprise dans le monde. Il y a donc une dynamique régionale qui est à l'œuvre aujourd'hui qui, autre caractéristique intéressante, bien souvent combine les efforts des entreprises du secteur privé et des administrations notamment les fonctionnaires du Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie, du Secrétariat d'Etat à l'Industrie, et des élus.
.. notamment dans les régions... J'ai été très frappé de constater le nombre d'expériences locales dans lesquelles on combine l'initiative des collectivités locales (commune, région, département), des Chambres de Commerce et d'Industrie voire des entreprises. Il y a des exemples bien connus, qu'ils soient dans le Nord de la France, du côté de Grenoble ou en Bretagne. Mais c'est un mouvement qui tend à s'étendre en tâche d'huile. Il y a une espèce de prise de conscience au travers de l'utilisation d'Internet que les intérêts des uns et des autres au niveau local sont liés. Internet peut être un support au développement et à la dynamique locale dans la mesure où pour les utilisateurs, il y a conjonction sur le même réseau de toutes les informations et de toutes les utilisations, qu'elles intéressent le citoyen, la vie économique ou la vie administrative. Donc cette synergie locale est en train de s'exprimer, de s'organiser et cela de manière très généralisée en France et je crois que c'est un phénomène extrêmement intéressant et important pour les PME.
...qui regroupent leurs forces... Il est évident que le premier obstacle pour les PME pour entrer sur Internet, c'est leur petite taille, leur isolement, leur difficulté à se retrouver dans cet univers nouveau, dans cette jungle mondiale et donc tout ce qui peut les insérer dans un mouvement collectif est extrêmement positif. Pour aller sur Internet pour une PME, il est plus aisé d'y aller avec d'autres et non pas seul, c'est une évidence. Voilà la deuxième observation je dirais simplement un peu superficielle bien sûr. Elle n'est pas fondée sur des chiffres. Elle n'est pas fondée sur des analyses approfondies mais ce sentiment de l'émergence d'un dynamisme profond et appuyé sur une combinaison des efforts de tous.
Des outils d'observation encore insufffisants. J'évoquais, il y a un instant la difficulté de réunir des chiffres qui soient crédibles. J'ai cité un chiffre, je n'en mentionnerais pas plus. Je sais que vous avez un atelier sur les observatoires. Nous nous sommes aussi dans le cadre de nos travaux attelés à ce sujet. Je me permettrais simplement une observation sur ce point, ne rajoutons pas un observatoire à d'autre. Il y a déjà d'innombrables instances qui collectent des chiffres, des observations, singulièrement en France. Ce que nous avons tenté pour notre part (nous avons formulé des propositions sur ce sujet), c'est plutôt d'organiser un réseau d'observatoires, après tout, nous sommes maintenant dans un univers de réseau, donc de combiner les actions des uns et des autres sans chercher à les fusionner, ni à les regrouper mais en définissant une base commune en terme de méthodologie. Nous avons défini une batterie d'indicateurs qui sont acceptés par les uns et par les autres et notre souhait c'est qu'il soit organisé au fil des mois et des années à venir un effort convergent de l'ensemble de ces observatoires, les uns étant statistiques, les autres étant plus des analyses d'exemples. Cela nous l'avons fait de manière générale, pour l'ensemble du développement d'Internet en France ; il serait sans doute souhaitable de préciser le volet PME, PMI plus particulièrement dans le cadre de cet observatoire.
.. le B to B (Business to Business)... Toujours en survolant ce bilan de l'année 1998, ce qui me frappe c'est que l'on continue encore, sinon à se tromper de cible, en tout cas à omettre trop souvent un volet très important du commerce électronique. Pour l'essentiel, le commerce électronique dans l'esprit des interlocuteurs du privé et du public que j'ai rencontré, c'est et cela reste le commerce de détail. Mais l'enjeu économique du commerce inter entreprise, est à court terme infiniment plus important que celui du commerce de détail car ne nous y trompons pas, pour les entreprises qui ne seront pas entrées dans un jeu d'échange électronique avec leurs partenaires, leurs fournisseurs seront de mauvaises entreprises dans le commerce de détail parce qu'elles n'auront pas su structurer leur organisation et leur fonctionnement autour des réseaux d'informations, parce qu'elles n'auront pas obtenu les améliorations de fonctionnement et notamment les réductions de la chaîne de valeur et des cycles de production.
Une logique industrielle plus exigeante Aujourd'hui encore l'une des grandes faiblesses d'une manière globale de l'économie française si on la compare à l'économie américaine actuelle, c'est l'excessive longueur des chaînes et des cycles qui vont du consommateur, enfin plus exactement de la commande jusqu'à la livraison. On cite toujours cet exemple : c'est Philippe LEMOINE, Co-Président des Galeries Lafayette qui le cite, qui comparant un hypermarché américain Woolmark et un hypermarché moyen français, tous les deux étant à peu près de taille comparable, constate que dans un cas on a 7 ou 8 jours de stock, dans l'autre cas on a 27 jours de stock. Ceci est vrai dans bien des domaines et vous savez que les ordinateurs DEC ont fondamentalement construit leur succès, non pas sur la technologie, mais sur cette capacité à réduire le délai de réaction en réduisant le cycle de fabrication et les stocks. DEC a aujourd'hui 7 jours de stock contre 10 fois plus pour ses concurrents COMPAQ ou IBM. Alors qu'elle en est la signification ? Ce n'est pas simplement la réduction des frais financiers, phénomène qui nous est familier, mais c'est aussi dans l'économie électronique la possibilité d'une flexibilité infiniment accrue c'est-à-dire qu'on n'est pas freiné dans la réponse aux demandes des clients par l'existence de stock de produit qu'il faut vendre. On ne court pas non plus le risque d'obsolescence. Donc on a cette capacité très bien illustrée encore une fois par DEC mais aussi maintenant par beaucoup de PME et j'y reviendrais, de répondre aux clients en faisant du sur demande c'est-à-dire de s'adapter à la demande personnalisée, individualisée du client au lieu de lui imposer d'acheter ce qui a été fabriqué. C'est un véritable renversement de la logique industrielle telle qu'elle avait été développée depuis Henri FORD et sa célèbre FORD T. Je crois que c'est cela qui est en cause.
Cela implique que toute la chaîne de commande, de fabrication, d'approvisionnement soit intégrée autour d'Internet, que tous les outils informatiques soient interconnectés entre eux et que ceci intègre dans une seule communauté professionnelle à la fois l'entreprise elle-même, ses fournisseurs, ses sous-traitants et ses clients. Quand on est une PME, ce qu'il faut savoir c'est que même si on a relativement peu de fournisseurs ou de sous-traitants, d'une manière ou d'une autre pour nombre de PME, il est essentiel de rentrer dans les réseaux. Et si on n'a pas intégré cette dimension du commerce interentreprises, on risque d'être marginalisé car on ne participera pas aux appels d'offre des grandes entreprises qui se font et se feront de plus en plus sur le réseau.
Voilà le premier point sur lequel je souhaitais insister, c'est véritablement cette nécessité de faire passer, le message que le premier enjeu, c'est d'organiser les échanges d'entreprise à entreprise au travers d'Internet et que l'on n'en reste pas à l'image forte, bien sûr, véhiculée par les médias sur ce développement miraculeux de quelques entreprises qui vendent des livres, des disques, sur Internet. C'est important, on y reviendra, mais ce n'est sans doute pas l'essentiel.
Un EDI allégé et plus ouvert Ce qui me parait également très positif dans l'année écoulée et qui déborde bien sûr le cas de la France, c'est que l'évolution des technologies facilite et va de plus en plus faciliter le basculement des entreprises sur les Internets inter entreprises. Les relations électroniques inter entreprises vous le savez, sont un phénomène ancien. Elles se pratiquaient au travers de l'EDI pour l'essentiel, un peu aussi en France avec le Minitel. Mais l'EDI était un outil informatique lourd qui n'était maîtrisable et lisible que par des experts, et était extrêmement coûteux, ce qui enfermait très souvent les PME dans une relation un petit peu équivoque avec leur grand client qui leur avait imposé telle ou telle formule d'EDI.
Le passage sur Internet avec des solutions intermédiaires diverses, des passerelles, ce que l'on appelle l'EDI light ou d'autres formules encore, l'EDI Web, va considérablement faciliter pour les PME l'accès à ces échanges électroniques interentreprises. Ils seront en face d'écrans qui seront en HTML. Ils seront en face d'outils qui seront aisés d'accès, qui seront infiniment moins coûteux et cela a clairement démarré en 1998 et va considérablement s'accélérer.
Le rôle majeur des pouvoirs publics La troisième observation, dans cette démarche d'incitation des PME à basculer sur Internet notamment dans leurs relations professionnelles, est le rôle majeur à jouer par les pouvoirs publics. Là encore, l'observation n'est pas nouvelle. Nous l'avions formulé il y a un an et chacun sait que les pouvoirs publics sont un agent économique majeur. Il y a en France 750 milliards de FF (soit 115 milliards d'euro) environ d'achat public, de biens ou de services à la fois au niveau national ou local ; il est évident que le jour où tous ces appels d'offres auront basculé sur Internet et qu'il ne sera plus possible de traiter avec les collectivités publiques qu'en recourant à Internet et bien toutes les entreprises, y compris les PME seront converties à l'usage d'Internet. On ne va certainement pas procéder d'une manière aussi drastique dans tous les domaines mais ceci est vrai pour les marchés publics. Ceci est vrai également pour l'ensemble des procédures qui d'une manière ou d'une autre lie l'Etat et les entreprises, telles les diverses déclarations d'impôts, la T.V.A., les déclarations sociales, etc.
Dématérialisation des échanges Il y a là moyen d'inciter les PME à basculer sur Internet rapidement à condition bien sûr que cette dématérialisation des échanges se traduise par un avantage pour elles. Si c'est une contrainte supplémentaire, il y aura un rejet. Donc, il importe de ne pas se contenter, comme nous le faisons déjà actuellement de dématérialiser les différents formulaires à remplir et de permettre aux gens de les télécharger et de les imprimer, ce qui est un avantage modeste. Il faut rapidement parvenir au stade où on pourra opérer toutes les étapes d'une procédure, à la fois la déclaration de T.V.A. mais ensuite également son acquittement, son paiement. De même pour toutes les autres procédures il faut pouvoir tout faire électroniquement et cela à partir simplement d'un seul poste de travail. Ce sera un gain de temps et d'efficacité considérable pour les PME.
Nous avons dans ce domaine beaucoup progressé en 1998 et je suis heureux de le dire ici parce que ce sont des sujets un peu ingrats (ce n'est pas très visible comme résultat), difficiles, complexes mais d'une manière générale et notamment au Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie, les progrès ont été très sensibles. Il faut sans doute les accélérer. C'est notamment vrai pour les marchés publics ou nous sommes encore freinés par la nécessité de réformer le code même des marchés publics et là nous avons un problème législatif. C'est un chantier extrêmement vaste qui pour l'instant nous retarde. Mais, je crois que tout est lancé pour que le processus aille de l'avant, voire s'accélère.
Voilà un certain nombre d'observations concernant le problème général des PME et leur entrée dans le monde d'Internet et notamment leur entrée dans l'Internet professionnel, celui concernant les relations inter entreprises et avec l'administration.
Le commerce de détail : quelques feux de paille ? Alors venons-en maintenant au commerce de détail proprement dit. Là encore nous avons observé une multiplication d'initiatives souvent très sympathiques et originales. Elles ont été mises en valeur par de très nombreux prix, de challenges, de concours divers et variés et aussi par la presse qui bien sûr a concentré son attention sur ce qui est le plus visible et en même temps le plus accrocheur, si je peux dire, dans le commerce électronique. Donc, les initiatives sont innombrables. Il est trop tôt pour juger de leur pérennité parce que bien souvent aujourd'hui c'est vrai en France comme ailleurs, ce sont des initiatives qui perdent encore de l'argent. Il y a un investissement au départ et c'est la première information que j'aimerai formuler, c'est qu'il ne faut pas créer d'illusions s'agissant de l'entrée du commerce électronique dans le commerce de détail. C'est un investissement lourd. J'entends parfois citer les chiffres miraculeux de l'ouverture d'un site sur GEOCITIES, sur WANADOO ou autres plates-formes qui vous offrent d'héberger votre site de commerce électronique pour quelques milliers de francs. On se dit : c'est tout ce qu'il faut faire pour entrer dans le commerce électronique. Bien évidemment c'est là une illusion et il faut à tout prix éviter que les entreprises ne se jettent dans l'aventure du commerce électronique de détail en partant de ces chiffres totalement illusoires. Ce qui est en cause bien sûr, c'est l'adaptation de toute l'entreprise aux exigences de rapidité, d'efficacité qui vont être celles du client. Le client, qui en l'espace de quelques secondes, de quelques minutes, va trouver son fournisseur sur Internet, et cela peut-être à deux heures du matin, s'attend bien sûr à ce qu'ensuite, la logistique, la livraison, la facturation, l'après-vente ou les retours suivent. Toutes ces étapes sont très souvent difficiles à mettre en œuvre pour une PME surtout si elle élargit son champ d'intervention à des espaces géographiques beaucoup plus larges. Il est facile de se lancer dans la vente de foies gras du Gers en direction de la Nouvelle Zélande, encore faut-il être capable de les livrer dans les délais de fraîcheur qui sont imposés, en respectant les réglementations sanitaires, la fiscalité locale, les douanes locales etc. Tous exercices auxquels les PME doivent réfléchir, avant de se lancer dans l'aventure du commerce électronique. Aussi voyons-nous se multiplier les organismes d'assistance, de conseil qui vont faire ce type de recommandations, et les faire réfléchir sur l'articulation entre leur vitrine Web, leur fonctionnement interne, la logistique etc. Mais de ce point de vue-là, l'observation que je formulerai, c'est que nous avons vu se multiplier de tels organismes publics ou privés, et fleurir des consultants de toutes natures.
Nos PME s'interrogent La question que je me pose est de savoir si nos malheureuses PME ne sont pas désemparées devant ce bourgeonnement, cette floraison de conseils et pour finir " si le mieux n'est pas l'ennemi du bien ". Les observations que nous avons recueillies au cours de notre exercice d'évaluation, de bilan, c'est quand même que nos PME aujourd'hui ont le sentiment d'une complexité plutôt croissante que l'inverse. Alors qu'Internet devrait être un outil de simplification, aujourd'hui il est perçu bien souvent par ceux qui essayent de se lancer sur ces nouveaux marchés, comme un outil infiniment complexe parce que l'on ne sait pas très bien à qui s'adresser, on ne sait pas bien quelle est la meilleure porte d'entrée, parce que l'on a de multiples offres d'assistance toutes fondées sur beaucoup de bonne volonté. Il y a beaucoup d'aides, d'assistance gratuite, de subventions, de concours et autres. Oui, mais quel chemin prendre ? Quelle est la meilleure voie ? Et aujourd'hui, ce que je redoute c'est une dispersion croissante des efforts de ceux qui se lancent vers le commerce électronique, dans la quête du bon point d'entrée, de la bonne subvention, du bon conseil.
Simplifier la vie des PME Notre observation ou notre conclusion très forte sur ce point, c'est que la priorité 1999 devrait être non pas de rajouter de nouveaux systèmes, non pas de multiplier de nouvelles initiatives (il y en a heureusement) mais de les simplifier, simplifier la vie des PME. Une PME c'est un patron tout seul généralement qui n'a pas les grosses structures hiérarchiques des grandes institutions. C'est une banalité de le rappeler. Il a peu de temps à consacrer et même si on veut l'aider, le faire courir d'un guichet, d'une aide à l'autre, c'est le pire service à lui rendre parce qu'il oublie les vrais objectifs qui sont de satisfaire ses clients et de gagner de l'argent.
Donc, simplicité ce qui signifie vraisemblablement non pas repartir en ce qui concerne la France sur le vieux mythe du guichet unique. Là encore la technologie nous apporte des réponses. Regardons ce qui se passe sur le marché à l'échelle mondiale. Pour guider, fournisseurs et clients sur le marché mondial, on doit organiser des portails électroniques d'accès au marché. Portails bien sûr intéressés, ce sont des entreprises qui espèrent gagner de l'argent, mais portails extrêmement utiles car on y prend le client par la main, on le guide vers des sites, on lui ouvre un certain nombre de services, on le met en collectivité ou plus exactement on organise des éléments de solidarité entre ses clients.
De nouveaux modes d'organisation Je crois que l'exemplarité de ces structures d'organisation de marché qui se mettent en place à l'échelle du marché mondial doit nous servir pour repenser le mode d'organisation et de fonctionnement administratif au niveau local,  que ce soit au travers de l'organisation de communauté professionnelle ou à travers l'organisation de portails d'accès à l'ensemble des systèmes d'aide, au moyen des systèmes de conseil.
Donc ne les supprimons pas et ne cherchons pas à les unifier mais mettons en place des outils de recherche efficaces qui permettent de trouver le système qui convient. Cela dit, les outils n'y suffisent pas et je pense que la conjonction des efforts des hommes est quand même important et quand je dis la conjonction des efforts des hommes, ce ne sont pas simplement les services administratifs spécialisés mais aussi tous les acteurs. L'une des grandes leçons que nous retirons de cette année d'observation du commerce électronique, c'est la nécessité d'une coopération et d'une concertation étroite de tous les instants entre l'ensemble des acteurs. Bien sûr, les premiers à faire du commerce électronique, ce sont les entreprises, et non pas les administrations. Ce n'est pas l'administration qui va tirer le commerce électronique. C'est évident. Mais à l'inverse, vouloir nier le rôle bénéfique, le rôle de faciliteur que peuvent jouer ces administrations au moment où ces marchés démarrent, ce serait également une erreur.
L'Etat doit donner l'exemple Donc je crois que nous avons, et c'est largement amorcé en ce qui concerne notre pays, inventé des modes nouveaux ou en tout cas des évolutions nouvelles, des formes de concertation et cela notamment au niveau régional ou local entre les acteurs de l'administration, les organisations professionnelles, les entreprises et souvent les élus et les collectivités locales. Je mentionnais cela au début de mon propos en disant que j'en observais de plus en plus d'exemples. Oui, mais il faut sans doute aller plus loin, être plus structurant dans ce domaine. Nous avions recommandé il y a un an que dans chaque région se mette en place une équipe projet regroupant les Directions Régionales de l'Industrie, les Directions Régionales du Commerce Extérieur, les Chambres de Commerce, les organisations professionnelles et que cette équipe fonctionne sur des projets bien identifiés notamment en matière de simplification de l'interface avec les PME. Au bout d'un an, nous observons que les mises en œuvre de cette recommandation ont été rares. Alors, peut-être n'était-elle pas pertinente mais en tout cas cela mérite de s'interroger. Je crois qu'il faut des portails mais qu'il faut aussi derrière les portails électroniques des hommes qui travaillent ensemble et qui savent rapidement traiter un sujet et apporter une réponse aux PME. A l'âge de l'interactivité instantanée sur les réseaux, il faut que les hommes sachent fonctionner de la même manière.
Savoir innover Avant dernière observation, nous avions souligné il y a de cela un an, la nécessité face au commerce électronique de faire évoluer notre philosophie en ce qui concerne les aides publiques et plus exactement les aides à l'innovation dans ce domaine. Traditionnellement, nous sommes très tournés vers l'aide aux innovations technologiques. Le commerce électronique, ce sera avant tout de l'innovation d'usage, il faut bien s'en rendre compte. Mais c'est de la vraie innovation. Il s'agit bien souvent de prendre des composants qui existent sur des étagères, des composants matériels ou logiciels, plus souvent d'ailleurs logiciels que matériels, et de les identifier, (parce que l'offre est gigantesque à l'échelle mondiale et bien sûr explose tous les jours) ensuite de les assembler dans un ordre nouveau pour répondre ou plus exactement imaginer un service, un produit qui apporte de la valeur au client, qui lui facilite la vie, qui l'aide dans sa démarche de tous les jours sur les marchés électroniques. Et cela c'est de la vraie innovation.
Un nouveau contexte Prenons en compte d'une manière ou d'une autre le fait que l'innovation dans le commerce en lui-même mérite d'être soutenue au même titre que l'innovation dans la technologie. Et j'en dirais de même de certains services qui sont indispensables, qui doivent se développer pour accompagner le commerce électronique. Je songe à tous les services de certification, à toutes ces intermédiations nouvelles qui vont sécuriser le client, qui vont sécuriser le marché, qu'il s'agisse de la certification, de la labélisation ou d'autres encore en matière de sécurité et qui sont indispensables à l'évolution et au progrès de ce marché. Là encore, ce sont des domaines d'innovation qu'il faut vraisemblablement considérer de la même manière qu'on considère la technologie. C'est tout aussi important.
Adapter les mentalités. Donc mettons un terme, au moins pour la France, à ces séparations, ces cloisonnements administratifs entre PME, PMI, entre innovation technologique, innovation d'usage, services etc. Les esprits peinent à évoluer et je sais bien sûr qu'il y a un certain nombre de contraintes administratives, mais je pense qu'il est urgent de les faire sauter.
Accepter l'évolution Ma dernière observation enfin : la poursuite de ce progrès qui est bien engagé, ne continuera que si nous réalisons un considérable effort de formation. Il s'agit d'aller au-delà de la sensibilisation. Il ne s'agit pas simplement de démontrer ou de présenter à l'ensemble des PME de France, un certain nombre de réalisations exemplaires. Il faut former les responsables de ces entreprises pour qu'ils ne soient pas bloqués dans leur démarche par la crainte d'être dépassé par de plus jeunes qu'eux, par la crainte d'être débordés par leur "webmaster" ou la crainte de ne pas comprendre ce qui se passe. Il faut qu'ils aient suffisamment de formation pour comprendre d'abord qu'ils n'ont pas à tout comprendre, qu'ils n'ont pas à savoir comment cela marche, mais qu'il faut qu'ils analysent ce qu'ils peuvent tirer de ces nouveaux outils. Même s'ils ne savent pas comment ils marchent, leur valeur ajoutée sera d'en tirer tous les bénéfices, de comprendre qu'elles peuvent en être les applications. De ce point de vue-là, il faut les rassurer, les faire entrer dans ce nouvel univers au prix d'un effort de formation.
Mais il faut former aussi, un certain nombre de personnels dont les emplois vont être remis en cause, soit parce que la qualification qui est requise va évoluer, je songe à des personnels du secteur informatique, c'est évident, qui vont basculer d'un univers informatique à un autre. C'est vrai aussi des personnels qui sont affectés à la distribution ou à la logistique, alors que les changements d'organisation qui vont survenir vont remettre en cause parfois leur emploi, plus souvent leur qualification.
Former aux nouveaux métiers Il est donc essentiel, si nous voulons éviter des blocages, ceci vaut bien sûr pour les grandes entreprises comme pour les petites, que nous sachions réaliser en temps utile les formations nécessaires pour les faire évoluer.
Enfin, il faut assurer les formations aux nouveaux métiers. Le commerce électronique s'accompagne de l'émergence d'une série de nouveaux métiers. Si nous n'avons pas les hommes et les femmes nécessaires en place en temps utile, nous serons freinés par l'absence de moyens. L'exemple le plus simple et le plus caractéristique, c'est celui du "webmaster" qui n'est pas un informaticien, qui n'est pas un homme de communication, ni de marketing mais  est tout cela à la fois. Nous pourrions multiplier les exemples. L'émergence d'Internet, tout particulièrement pour les PME, implique l'émergence et le développement de nouveaux métiers. Il faut à la fois comprendre ces nouveaux métiers, les analyser, les prévoir et mettre en place les formations correspondantes. Cela signifie bien sûr que dans nos écoles ou nos universités telles qu'elles existent aujourd'hui, nous fassions un effort considérable pour y intégrer le commerce électronique, pour y intégrer une réflexion sur ces nouveaux outils et sur les conséquences pour le fonctionnement de ces entreprises.
Voilà, j'ai terminé ce survol qui par bien des côtés, déborde les seules PME mais qui je crois concerne au premier chef les PME. Il se confirme qu'Internet est une formidable opportunité pour les PME, pour les créateurs d'entreprise aussi, c'est un espace nouveau qui s'élargit aux dimensions du monde. Il faut saisir cette opportunité. Les pouvoirs publics ont une place imminente à y jouer, qu'ils soient régionaux, locaux, nationaux ou encore communautaires mais ils ne le feront intelligemment que s'ils le font en concertation encore une fois étroite, quotidienne avec les acteurs du marché. Il ne faut pas que cela se fasse dans un excès d'enthousiasme débridé, se traduisant pour les entreprises, pour les PME par une plus grande confusion.
Simplifions la vie des PME Mon dernier mot, ce sera simplifions la vie des PME.

Merci.