Habitat et infrastructures
LA DEMANDE DES ACTEURS DE LA FILIERE
Gestionnaires : le poids de la durée
L'attente prioritaire des gestionnaires concerne la conservation du patrimoine (bâtiment et infrastructures). La réflexion sur les technologies doit accorder une importance primordiale aux interventions sur l'existant: maintenance, exploitation, adaptation, rénovation.
En particulier, la vétusté croissante des infrastructures fait apparaître des besoins de connaissance de l'existant (banques de données), d'instrumentation, de diagnostic, de connaissance de la pathologie et de techniques de réhabilitation.
Acteurs: priorité à la productivité du chantier
Le BTP a pris beaucoup de retard en matière de gestion industrielle. Même si la non-répétitivité de ses produits constitue un frein à certaines formes de rationalisation de la production, il est possible de développer des solutions technologiques relevant du domaine de l'industrialisation "flexible" (assemblages "sur mesure" de produits et de techniques innovantes).
Il y a deux approches possibles de la maîtrise des coûts dans la filière construction: L'approche "marchande" (exemple: pression sur les sous-traitants pour obtenir des rabais) et l'approche industrielle (recherche de gains de productivité). Dans la situation de forte concurrence des années 80, L'approche marchande a été privilégiée, au détriment de la recherche d'une meilleure organisation du processus de production. La productivité technique du chantier lui-même (site de production tout à fait spécifique au BTP) constitue un enjeu essentiel de cette recherche.
Les conditions traditionnelles du chantier ("dirty, dangerous, difficult") recèlent des gisements de productivité considérables liés à l'amélioration de la sécurité et des conditions de travail :
- un ouvrier travaillant dans de mauvaises conditions de sécurité a une productivité fortement réduite;
- les difficultés que les entreprises de BTP rencontrent à recruter des jeunes, à cause des conditions de travail sur les chantiers, freinent la modernisation du secteur;
- la "non-qualité" entretient des relations étroites avec les mauvaises conditions de travail;
- les efforts réalisés en amont pour une préparation poussée du chantier, à l'aide d'outils informatiques très performants, sont en partie ruinés par le recours fréquent à l'improvisation qu'impliquent les conditions précaires du chantier.
Le meilleur déroulement des chantiers implique également:
- une structuration plus forte des relations entre PME de travaux et entreprises générales, passant par une meilleure circulation de l'information entre partenaires d'un même chantier: les échanges de données informatisés (EDI) ont un rôle essentiel à jouer;
- la participation directe des entreprises de travaux à la définition des cahiers des charges des produits industriels qu'elles mettent en oeuvre ou assemblent sur les chantiers;
- le développement de la logistique de chantier (couplage des flux physiques et des flux d'information);
- une capacité renforcée des outils informatiques d'aide à la conception et à la préparation des chantiers à intégrer en continu l'évolution des conditions réelles de réalisation des travaux.
Vers une vision élargie de la productivité
Certains experts considèrent pour leur part que la recherche d'une meilleure productivité du chantier est une approche trop partielle, trop "locale" de la maîtrise de l'ensemble des coûts de la filière construction (y compris ses coûts sociaux). Ils insistent sur la nécessité de développer les approches en coût global (coûts cumulés de construction, d'exploitation et de recyclage éventuel). Des approches que les commanditaires, en particulier publics, devraient favoriser à travers une mise en concurrence fondée sur des cahiers des charges plus exigeants, portant notamment sur l'ensemble du cycle de vie des ouvrages. Cette solution serait une alternative positive à la guerre actuelle sur les prix, stérile du point de vue de l'amélioration de la qualité pour les usagers.
D'autres experts craignent que le renforcement de la compétition sur ce mode, également favorisée par l'ouverture du marché européen, se traduise à terme par la destruction du tissu des PME/PMI locales et par la domination de quelques grands groupes (industriels et de BTP), au détriment de la capacité de la demande finale à obtenir la prise en compte de ses attentes (ménages et collectivités locales).
Quoi qu'il en soit, les besoins technologiques des acteurs ne sont pas uniquement centrés sur la productivité du chantier. Il portent aussi sur des domaines du "soft", qui sont essentiels pour gagner des marchés à l'exportation :