Marseille n’est pas seulement le nom d’un savon cuit, mais le patronyme, aussi, d’un prédicateur allumé (dont Jacques est le prénom), qui de la main gauche attrape l’émolument que lui consent au mois le mois l’Etat, cependant que de la main droite il rédige, tel un fanatique, des prêches hallucinés d’où ressort que l’Etat émolume trop de parasites - et que Le Point (1) aime publier.
Ce matin, par exemple, Jacques Marseille, dans Le Point donc, (fait semblant de) se demande ® s’il faut, pour une plus juste répartition de l’impôt (sur le revenu) : "Faire payer les riches… Ou tous les Français ?"
Muni(e) des quelques indices que je viens de te livrer - la question est posée par Jacques Marseille, dans Le Point - tu devines, et tu as raison, qu’il faut, c’est la réponse, que tous les Français paient, smicards ou milliardaires, et que par cette mesure "on" (2) pourrait même faire d’une pierre deux coups, puisque aussi bien, outre qu’"on" accéderait au plus cher voeu des possédants, cela serait l’occasion d’"éliminer" des fonctionnaires.
Jacques Marseille proclame, en gros, et en détail(s) aussi d’ailleurs, pour en arriver à ce pétrifiant résultat, que l’impôt, en l’état (où le pauvre cotise un peu moins que le riche), est d’un petit rapport : "C’est pitié d’observer que l’impôt sur le revenu ne fait plus "que" couvrir la charge annuelle de la dette".
(Ecrit Jacques Marseille.)
Cet impôt est, aussi, tragiquement inégalitaire, puisqu’il "repose sur un nombre infime de foyers qui peuvent avoir le sentiment de payer pour tous" - entend(s), ami(e), quand le soir tombe, la plainte lugubre du pansu qu’on dépossède.
Ainsi, le savais-tu ?
"En 1992", les ""riches-riches" - le 1 % des foyers imposables - acquittaient 31,2 % du montant total de l’impôt".
Ce n’était cependant que le commencement d’un long martyre, car : "En 2001, à la fin du "quinquennat" de Lionel Jospin, ils en acquittaient 33,5 %".
Et aujourd’hui ?
"Aujourd’hui, 35 %".
De sorte que, Jacques Marseille l’énonce (très) posément : "La droite a été finalement plus sévère à l’égard des "riches" que la gauche".
(Qui saurait dire, mieux que Marseille, la souffrance des "riches" que la droite éreinte ?)
Pour en finir avec le honteux scandale des milliardaires qu’on affame, il va de soi que Jacques Marseille (dont les neurones sont en si perpétuelle ébullition que feu Haroun Tazieff le définissait comme "le Popocatepetl du néogiesbertisme") propose une solution, "efficace" et "républicaine" (plutôt qu’inopérante et nazie), qui "serait de faire payer" par tous les Français "un impôt proportionnel (…) de 20 % sur l’ensemble des revenus, prélevé à la source".
La formule aurait l’avantage que les ""riches" (…) seraient alors moins tentés d’utiliser les niches fiscales et de dissimuler leurs revenus, au grand désespoir des fonctionnaires des finances, dont on pourrait alors diminuer considérablement, voire éliminer, le nombre".
Et je ne doute pas (du tout) que plus d’un lecteur du Point a dû, lisant cela, s’écrier : "Bon sang, Moumoune, mais c’est bien sûr !"
(Car la déférence aux desiderata du riche trompe souvent le nigaud, quand elle se pare des atours d’un bon gros bons sens bien d’cheux nous.)
Mais prenons je te prie, pour vérifier si par hasard le gars Marseille ne nous moquerait pas un peu, les cas, imaginaires, de Roselyne et de Liliane.
Roselyne, caissière (à Marseille), gagne 800 euros par mois.
Liliane, cheffe d’une (grande) entreprise de fabrication de cagoules, par le seul jeu des intérêts, s’épaissit le portefeuille de 800 euros par minute.
D’après ma calculette, à la fin du mois de mai ?
Une fois prélevé, à la source, l’impôt marseillais de 20 % qui remettra(it) un peu d’équité au pays du collectivisme ?
Roselyne disposera(it), pour se nourrir et se loger, ainsi bien sûr que pour son divertissement, de la somme, assez folle, de 640 euros : autant dire que la noix de beurre qu’elle se mettra(it) aux nouilles aura(it) un air franchement festif.
Liliane, pendant ce temps-là, conservera(it) quant à elle, pour se nourrir et se loger, ainsi bien sûr que pour son divertissement, quelque chose comme 27 millions d’euros.
Et je ne doute pas (non plus) qu’elle passera(it) au flanc du si dévoué Marseille le doigt manucuré qui de longue date signale au fidèle Planchet que sa génuflexion est appréciée pour ce qu’elle est.
Inconsciente, je le crains, que des foules agacées fomentent une redistribution moins contournée de la richesse, où elles pourraient, qui sait, "diminuer considérablement, voire éliminer" le nombre des clercs de régime qui lui encombrent l’horizon.
(1) Qui est comme tu sais l’organe central du Parti de la pensée unique. (2) Ce "on" désigne, je suppose, la droite régimaire et ses bon(ne)s ami(e)s de la presse dominante.