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Oooooh, Le Gentil Patron !

24 avril 2008 à 12h50

Agade, petit, comme il est gentil, le patron : il réclame des papiers en règle, pour des salariés sans !

Voilà un patron de gauche, petit - ou je ne m’y connais pas.

Un peu naïf, sans doute, mais profondément humaniste.

Un peu naïf : ça fait dix ans qu’il asservit des Africains dans son arrière-cuisine, mais jamais.

Jamais.

Il n’aurait imaginé qu’ils n’avaient pas de papiers.

Oh.

Ben.

Non.

Alors.

Jamais il n’aurait deviné que Mamadou.

Le si effacé Mamadou, si humble, si docile : jamais un mot plus haut que l’autre, quand il faisait la plonge pour un salaire de merde, jamais une récrimination - ah, le bon négrillon.

Etait l’un de ces "clandestins" dont la télé parfois, quand ils sautent à la Marne, relate le triste destin.

Merde alors, tu me dis que mon négro est clando ?

Foutre, je tombe des nues !

As-tu correctement filmé la soudaine stupéfaction qui m’affecte les traits - ou si on la refait ?

Du diable si je me serais douté !

(Puis comment l’aurais-je su ?

Regarde-moi, et dis-moi : suis-je le genre de boss qui flique l’employé ?)

Humaniste, cependant : car le voilà qui demande, vive l’"immigration choisie" que veut Brice Hortefeux, la prompte régularisation de ses Noirs de cuisine.

Le voilà qui n’échangerait pas, fût-ce pour tout l’or du monde, son Togolais à mille euros contre un natif de Barbizon, qui lui coûterait le double.

Oui-da, quel gentil patron c’est : il veut naturellement que le régime renonce à lui chercher querelle au (sot) motif qu’il a, développement durable, fait trimer au noir quelques miséreux éperdus - mais c’est de bonne guerre, hmm ?

De bonne guerre sociale, dirais-je.

(Puis n’est-ce pas : si le gouvernement avait la moindre envie d’importuner le patronat indélicat, on le saurait, pas vrai ?)

Au reste : les "socialistes", forts de leur nouvelle trahis… "Déclaration de principes" (où l’"économie de marché", ne ris pas, est "sociale"), lui donnent au dos la grande claque des amitiés viriles, au si gentil patron.

Les "socialistes", crânement, posent qu’en effet, les sans-papiers "choisis par des employeurs" doivent, d’urgence, être sélectionnés aussi par le ministère idoine - cependant que les "clandestins" qui n’auront pas la chance d’être soutenus par de si gentils patrons peuvent (continuer à) crever, car, n’est-ce pas : on peut quand même pas laisser venir à nous (toute) la misère du monde, hein, mâme Dupont.

Comme dit Philippe Val, qui est comme nous de gauche : faut qu’en effet on maîtrise le flux migratoire - ou si on va se laisser passivement submerger par des milliards de gueux puants ?

Le patron est gentil, et solidaire du salariat : c’est la fable dégueulasse que nous vend depuis (bientôt) quinze jours le Parti de la presse et de l’argent.

C’est le joli contre patronal que narrent aussi les syndicats, empressés, t’as noté, à collaborer (de classe) : vive le marché aux esclaves - pour ce qui serait d’un salaire décent, on verra ça plus tard, on négociera branchu.

Mate un peu ces tristes bouffons, qui au lieu d’exiger la régularisation immédiate et sans condition(s) de tous les sans-papiers, militent pour leur tri sélectif - sous le(s) regard(s) amusé(s) de Brice Hortefeux et de Laurence Parisot, qui n’espéraient pas tant.

C’Est Madame Encausse, Qui Doit Etre Contente ! Suivant Que Vous Serez De