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Le Bouc Emissaire A Ceci De Commun Avec Le Petit Pois Que La Droite L'A Toujours Chez Soi

5 juin 2008 à 11h31

Dans Le Point de la semaine, Claude Imbert énonce que l’Education nationale est un ?

"Mammouth".

(Bravo.)

Et plus précisément : un mammouth "prisonnier de sa masse à la soviétique, issu, il y a cinquante ans, du "quaternaire" de l’illusion marxiste", et "déjà fossile" (1).

C’est pour moi une révélation : je pensais, assez naïvement, que l’Education nationale, dans sa version d’"il y a cinquante ans", était plutôt née du souvenir des années d’il y a soixante ans, où une droite régimaire s’était vendu le cul au national-socialisme.

Mais si Claude Imbert dit que la France d’"il y a cinquante ans" était quelque chose comme une démocratie populaire, ça doit être vrai, pas vrai ?

Sur un sujet aussi grave, ça m’étonnerait quand même qu’un historien si chevronné, formé à la (rude) école du jeanfrançoisrevelisme (dont le maître-mot est comme tu sais que ton voisin est un communiste infiltré), puisse faire preuve de la moindre légèreté.

D’ailleurs, Claude Imbert le confirme : l’Education nationale est "un système à la soviétique", contre lequel "on ne peut aligner qu’une patiente perestroïka".

Naturellement, ça fait, à la maison, de pénibles débats, car les enfants n’ont de cesse, maintenant qu’ils savent que nous confions leur éducation à un "système" totalitaire, que de nous harceler de questions gênantes.

Genre : "Mais dites, parents, c’était donc ça, le soviétisme ?"

Non moins naturellement, nous prenons le temps de faire de la pédagogie.

Non, petit(e) : c’était pas ça (du tout).

C’était une machinerie totalitaire de niveau 9 - et il faut quand même avoir l’impudeur conquérante, pour suggérer, comme fait Imbert, que l’Education nationale est un "système à la soviétique", et que, par voie de conséquence, et en retournant sa fine démonstration, le "système" en question n’était que peu liberticide.

Mais la droite ose tout : c’est même à ça qu’on la reconnaît.

Ca fait 19 ans que le Mur de Berlin est tombé, mais vois comme elle continue à détecter partout des rouges.

Ca fait un an et quatre semaines que Sarkozy est aux pouvoirs, mais vois comme, pour mieux dissimuler qu’il étend partout son emprise, de fidèles clercs de régime en sont encore à suggérer que nous vivons sous la menace des T-72 du Pacte de Varsovie.

Et en même temps, comprends-les : ce n’est pas comme s’ils avaient le choix.

Le jour où ils cesseront de mentir, et de faire dire aux mots ce que les mots ne veulent pas dire, et de cracher que tes profs sont les salariés d’une loubianka - ce jour-là, petit(e) : ils apparaîtront pour ce qu’ils sont.

Les fidèles valets d’un système où le gueux est quotidiennement asservi aux intérêts d’une minorité repue (Claude Imbert dirait, j’en suis sûr, une nomenklatura) - et dans lequel, pour mieux le détourner de l’effondrement de son pouvoir d’achat, de fidèles penseurs de presse inventent pour ce gueux d’imaginaires périls, rouge une semaine, vert l’autre.

Le bouc émissaire a ceci de commun avec le petit pois, que la droite l’a toujours chez soi.

Maintenant, petit, regarde bien les salariés que des patrons virent comme des chiens pour les récompenser de vingt ans de bons et loyaux services, et dis-moi, d’après toi, qui laisse faire ces vilenies : Brejnev, ou Sarkozy ?

(1) Comment que c’est beau, avoue, quand un grand nom de l’éditorial te (re)file de la métaphore paléontologique.

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