Sur France 2, hier soir, Lionel Jospin, aka l’homme de Ré, invité à délivrer un commentaire sur la "logique sociale" du gouvernement Fillon, a benoîtement énoncé : "Je me suis demandé si, derrière l’apparence de l’incohérence politique, il n’y a pas, en fait, comme explication, une logique économique et sociale dure".
Si benoîtement, à vrai dire, que pour ce qui me concerne, je vais, si tu n’y vois pas d’inconvénient, l’appeler Benoît Jospin, désormais.
Benoît Jospin, donc, a fini par comprendre ce que n’importe quel écolier de CM2 moyennement versé dans le décryptage des saloperies dont le régime qui prétend régner sur nos vies nous accable jour après jour a compris depuis de longs mois déjà - et, n’est-ce pas : mieux vaut tard que jamais.
Bravo Benoît, par conséquent.
Applaudissez Benoît, les enfants : il a finalement percuté.
Clapclapclapclapclap.
Merci, les enfants - et maintenant, vous êtes gentils : vous allez jouer ailleurs.
(Je vous rappelle que si vous jouez aux keufs de la BAC et aux sans-papiers, vous ne devez pas sauter dans la rivière : l’eau est froide, en ce printemps pluvieux.)
En effet, donc, "derrière l’apparence de l’incohérence politique", et durant que les journaleux dominants se (et nous) focalisent, avec un dévouement presque sacerdotal, sur les "couacs" du gouvernement, ledit gouvernement, ravi de ce que nul(le), dans la presse (qui ment), ne s’en émeuve le moins du "Monde", continue sa mission - qui est d’en finir avec les trois fondements traditionnels de la République française : liberté(s), un, égalité(s), deux, fraternité(s), trois.
Ce régime est un régime de guerre sociale.
Ce régime est un régime de guerre de classe(s).
Contrairement à Benoît Jospin, qui en fit naguère le grotesque théorème qui l’envoya, aux urnes, dans les choux talés de la social-démocratie mollassonne, ce régime ne pense pas, oh non, que : "L’Etat ne peut pas tout".
Ce régime, au contraire, sait que l’Etat peut tout : fort de cette conviction, il a mis l’Etat au service de son dessein, qui est de tondre aux épaules creuses des miséreux la (maigre) laine qui épaissira encore le mantelet de ses pansus commanditaires.
Ce régime prend aux pauvres, pour donner aux riches.
Classe.
Contre.
Classe.
En cela, ce régime est bien plus marxiste qu’une """gauche""", avec beaucoup de guillemets, qui, cependant que la droite harasse les gueux et fracasse les métèques, n’en finit plus de se "réformer", de se "moderniser" : de se palucher, en somme, l’oeil riv(et)é à ses prébendes, sous les encouragements de la bande à Joffrin.
Oui-da, Benoît, les Versaillai(se)s du régime toréent le commentateur, exactement comme Luis Francesco Espla ferait d’un toro de chez Victorino Martin : en lui mettant sous le museau un chiffon rouge - un leurre - pour détourner sa charge.
Seule différence, mais de taille : le toro de Victorino, incommensurablement plus avisé que le journaleux moyen, n’est jamais long à déceler qu’on essaie de le mettre à sec - et qu’il y a un homme juste derrière la muleta.
Il a tôt fait, par conséquent, d’ajuster sa charge, afin que de soulever le petit plaisantin qui prétend l’enfumer.
Alors que le journaleux : non.
Les journalistes quant à eux font, avec beaucoup d’application et sauf exceptions d’exception, dans le caniveau où le régime leur dit de faire.
Ils se sont pignolés à mort, durant des mois sans fin, sur le chef de l’Etat "bling-bling", nous entretenant de ses montres, et de ses compagnes aussi bien - plutôt que du fond des atroces "réformes" qu’il ourdissait.
Puis le gars leur a dit : ami(e)s, j’ai bien changé.
C’était, naturellement, une boutade - énorme : ils ont adoré ça, et sont dès lors allés répétant qu’anéfé, qu’est-ce qu’il avait changé, le chef de l’Etat français.
(Ces tristes crétins m’écoeurent, je ne te le cache pas.)
Depuis quelques semaines, je suis sûr que tu l’as noté : le refrain, de nouveau, a été modifié.
Il n’est plus question que des bisbilles qui, nous dit-on, opposent les fidèles féaux du Chef (agade comment que Nathalie et Jean-Louis s’engueulent) et des "couacs" du gouvernement.
Dès que tu ouvres un journal aux pages """politiques""", tu lis ce mot toutes les trois lignes, dorénavant : "Couacs".
Et vazi que je te couaque.
Et vazi que je te balance un gros fumigène - comme ça tu verras moins que je te fais les poches, crevard.
Le prédicateur halluciné qui sévit dans "Le Figaro" le vendredi, je parle bien sûr d’Ivan Rioufol, peut alors écrire, et ne s’en privait pas hier, que : "Des couacs répétés révèlent un manque de réflexion".
Il peut, dès lors, demander, sans rire : "Sarkozy est-il encore de droite ?"
(Est-ce que la pluie mouille, ma couille ?)
Pendant ce temps-là, évidemment : la guerre continue.
Sarkozy n’est pas de droite : Sarkozy est la droite.
Haineuse et revancharde.
La droite ultra, dure aux pauvres et aux "étrangers".
La droite en guerre (de classe(s)), qui pendant que les journaleux tiennent la chronique de ses "couacs" finit de nous infliger en douze mois chrono, et au prétexte de la "réforme", ce que Thatcher a mis douze ans à mettre sur la gueule des sujets soumis de la foutue reine d’Angleterre.
C’est pas une "réforme" : c’est un bombardement.
Une frappe globale, quotidienne, où les victimes collatérales se comptent par milliers.
(Dans le meilleur des cas.)
Vazi que je te sanctionne les chômeurs.
Vazi que je te remets les vieux au travail.
Vazi que je te sucre tes allocs.
Vazi que je te vire des profs.
Vazi que je te flexibilise la fonction publique.
Vazi que je te ferme ton hosto.
Vazi que je te quotise du sans-papiers.
Vazi aussi que, par tout ça, je te prodigue aux fesses grasses du patronat d’infinies lècheries.
Liste non exhaustive : à chaque jour suffit sa peine - ça ira pire demain.
C’est un matraquage continu.
C’est une guerre totale, savamment planifiée - où il va de soi que tu ne trouveras aucun début de "couac".
C’est ce que Benoît Jospin appelle : "Une logique économique et sociale dure".
Je préférais quand Benoît s’était retiré de la vie politique.