Il y a, dans Libération, un long, trrrrrès long papier sur un "caricaturiste" hollandais : Gregorius Nekschot.
Libé relève que Gregorius Nekschot "a été arrêté le 13 mai" par la police de son pays.
Libé relève qu’"il a passé la nuit et toute une journée au poste, pendant que sa maison était perquisitionnée".
Libé relève que "huit de ses dessins ont été retirés du Net" - où il s’en prenait, tu devines ?
Aux Arabes et aux Noirs.
(Comment que ça innove.)
Nous avons là, il va de soi : "Une atteinte à la liberté d’expression".
Nous avons là, tu l’as compris, tous les ingrédients nécessaires à la confection d’une bonne vieille affaire-des-caricatures.
Mais s’il te plaît, ami(e) : regardons ce que sont exactement ces "dessins retirés du Net" qui font dire au "satiriste" qu’"aux Pays-Bas, on muselle les artistes et les caricaturistes".
Libé, justement, reproduit, non sans le crâne courage des braveurs de censure(s), "l’un des huit dessins interdits de Nekschot, traduit en français" - le voici, le voilà :
Ce dessin montre, comme tu vois, un Arabe du (pré)nom d’Ali, "bien assis" (comme sont le plus souvent les Arabes) sur un très folklorique "pouf" - et qui pousse l’effronterie jusqu’à n’être pas seulement arabe, mais, de surplus, mahométan : Ali aggrave son cas.
Et que nous dit Ali, de la double hauteur de son "pouf" et de son arrogance ?
Ali nous dit que : "Le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir 30 ans de chômage et d’allocs".
Le message, tu l’as compris, est que notre ami Ali, croqué dans le vif de son parasitisme quotidien, n’est pas spécialement notre ami - et que s’il est parmi nous, c’est en réalité à la (seule) fin de nous arracher nos "allocs", et de nous faire sponsoriser, par une indemnité de "chômage", la fainéantise natale qui lui scotche fort le fondement à son "pouf".
De sorte que, tu l’observes : en fait de caricature, ce dessin est surtout un (gros) dégueulis xénophobe.
Libé s’en offusque fort peu : la promesse d’une belle affaire-des-caricatures vaut bien, n’est-ce pas, qu’on tortille un peu du cul, au moment d’appeler un chat un chat, et un raciste, un raciste.
Libé juge, plutôt, je te jure que je n’invente rien, que les "huit dessins (…) retirés de l’Internet (…) ne sont pas les exemples les plus choquants de l’humour parfois très grinçant de leur auteur".
Ces "croquis" pleins d’"humour", et qui choquent si peu Libé, "montrent" ainsi, et en sus d’Ali, "un vieux baba cool néerlandais faisant le signe love&peace et ce commentaire, "Ce n’est que la seconde génération", alors qu’il est braqué par un grand Noir".
Le message est direct : le "grand Noir" immigré de la "seconde génération" est resté si ensauvagé, qu’il agresse le (trop) gentil Blanc.
(Ca lui apprendra, aussi, au Blanc, à recueillir chez lui toute la misère du monde…)
Evidemment ce n’est pas tout : ces cocasses "croquis" montrent aussi une "statue bizarre, un gros Néerlandais, chaîne au pied, qui porte sur son dos un Noir aussi corpulent que lui, bras croisés et tétine à la bouche, sous cette légende : "Et maintenant, aussi un monument à l’esclavage pour le contribuable autochtone blanc"".
Le Noir, tu l’as compris, n’est pas seulement "grand", il est aussi "corpulent" (car le Blanc, à l’insu de son plein gré, l’engraisse) - et surtout : il asservit le Blanc, au point de l’enchaîner.
Il reste, cependant, car c’est un Noir, un grand nenfant - qui jamais ne sort sans sa "tétine à la bouche".
On nage là dans une abjection assez pure - mais Libé y voit, sobrement, une "critique croisée de la multiplication des monuments à l’esclavage aux Pays-Bas et du débat sur le Statut des Antilles néerlandaises"…
Cette longue série de hideux clichetons n’est pas (du tout) du racisme : c’est ce que Libé appelle "de l’humour".
Gregorius Nekschot le confirme d’ailleurs, sans trop de mauvaise volonté : "Je ne suis pas un raciste ni un type d’extrême droite.
Je plaisante juste".
Le gars serait, en somme, un briseur de tabous : "Quand je dessine un Noir sur le dos d’un Blanc, je me moque surtout du politiquement correct, d’une pensée de gauche très naïve selon laquelle nous serions les amis du monde entier".
(Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il se réclame, en même temps que de "Voltaire", de… "Charlie Hebdo" : les (courageux) résistants à la tyrannie de la bien-pensance font une grande famille…)
Libé, pour conclure, nous rassure : nonobstant l’interdiction de ses "huit dessins", Gregorius Nekschot "ne joue pas les victimes".
Et ça, n’est-ce pas ?
C’est beau.
Car tu l’auras compris : la victime, c’est lui.
Et non Ali.
(Ajout 01.06.2008 : Tu peux lire ceci, aussi.)