Santé et environnement

DES PRÉOCCUPATIONS QUI CONVERGENT

Des interactions directes importantes

Il existe peu d'études épidémiologiques approfondies permettant d'apprécier les effets sur la santé des dégradations de l'environnement. De tels liens n'en sont pas moins plausibles, par exemple dans le cas du saturnisme infantile ou encore de l'asthme infantile, dont la progression paraît liée à la dégradation de l'environnement. On peut également s'inquiéter des effets de la contamination des sols sur la santé des populations des régions les plus affectées. Il faudrait d'autre part étudier les relations entre santé et stress l'inquiétude des populations quant aux nuisances (bruit) et pollutions qu'elles pensent subir pouvant jouer, selon certains professionnels de la santé, un rôle très néfaste, y compris sur les structures cellulaires. Les pathologies liées à l'environnement urbain et les risques d'accumulation de polluants dans les chaînes trophiques définissent donc un ensemble de préoccupations communes à l'environnement et à la santé. Par ailleurs, en amont, les sciences de la vie ainsi que le génie chimique et le génie des procédés jouent un rôle clé, qu'il s'agisse des politiques de prévention ou de traitement propres à chacun des deux domaines. De plus, certains industriels ont des activités dans la santé et l'environnement, ce qui constitue un facteur supplémentaire d'unification.

Une démarche à la fois individuelle et collective

Le fait que les domaines de la santé et de l'environnement aient en commun de satisfaire à la fois une demande collective et des besoins individuels (voir tableau) conduit à l'existence de véritables marchés, dont le développement est cependant fortement influencé par le mode de régulation sociale (réglementation, financement... mais aussi médias et lobbies).

La demande d'environnement et de santé (exemples)
  Demande collective Demande individuelle
SANTE Santé publique
Genre Humain
Optimisation du capital-santé individuel Lutte contre la douleur...
ENVIRONNEMENT Patrimoine écologique Biotope d'homosapiens "Bulle" individuelle Doubles-fenêtres...

Dans le cas de la santé, on a déjà évoqué le choix entre filière ambulatoire et filière hospitalière, et l'on peut également observer que les travaux du Commissariat général du Plan ("Santé 2010") font explicitement référence à cette problématique, en proposant notamment un scénario "Soins techniques" où les arbitrages se font au niveau des individus, et un scénario "Santé organisée", où des objectifs collectifs sont définis en termes d'état de santé de la population.

Un choix similaire existe pour l'environnement. En ce qui concerne les équipements, la question se pose par exemple de savoir s'il faut privilégier des grands systèmes de traitement des pollutions domestiques (incinérateurs, composteurs, stations d'épuration de type Achères) ou, au contraire, des unités plus petites, éventuelle ment même au niveau des immeubles (petits broyeurs à déchets, individualisation de l'épuration des eaux usées).

Il faut encore noter que, si au Japon on observe une individualisation des équipements, les avis sont partagés sur une orientation de ce type en France. En revanche, dans le cas du bruit, domaine qui vient assez régulièrement en tête dans les sondages d'opinion parmi les pollutions et nuisances les plus mal vécues (mais qui ne correspond qu'à 1 % des dépenses publiques en faveur de l'environnement), c'est de facto l'option individuelle qui l'emporte à travers le choix du logement et de son équipement (isolation phonique).

Prévenir ou guérir ?

L'alternative "prévenir ou guérir" domine aussi bien le domaine de la santé que celui de l'environnement.

Il est pourtant nécessaire de dépasser ce simple parallélisme. La demande en matière de santé est en avance de plusieurs décennies par rapport à celle concernant l'environnement, parce que la demande solvable individuelle est importante, parce qu'un certain accord se fait sur des indicateurs de résultats (par exemple l'espérance de vie) et une hiérarchie des problèmes, enfin parce que des structures ont été mises en place depuis longtemps pour le financement, l'action et la R-D.

Or, en matière de santé, les traitements curatifs restent importants par rapport a la prévention. On peut en conclure que pour l'environnement, la phase des traitements "prothèses" ou "barrières" est loin d'être achevée et que c'est seulement progressivement que l'on va remonter vers le coeur des procédés (technologies propres).


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