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Angelina’s festivalistic envy of Cannes (2)

Festival-moi : Caroline-Christa Bernard

23 mai 2010 à 10h22
Pour clôturer MON festival de Cannes qui a tout d’un festival mais n’est pas à Cannes, j’ai demandé à une chanteuse de nous livrer ses impressions sur le film qu’elle préférait. Exigence et amour de l’art sont les mots qui me viennent suite à ce magnifique entretien avec Caroline-Christa Bernard. Rideau avec "Camille Claudel"… Et merci.

Ce n’est sans doute pas par hasard que Caroline-Christa Bernard a choisi de parler de Camille Claudel. Aujourd’hui auteure et interprète, elle a longtemps managé des artistes, des personnes un peu en marge mais qui ont beaucoup de grâce, avant de, elle-meme, sauter le pas et oser s’affirmer comme une artiste.

La grâce, un mot qui lui va si bien, elle qui n’en manque pas. Si la voix de Caroline ne semble souvent tenir qu’à un fil, c’est au fil d’Arianne qu’elle me fait penser. Si cristalline qu’elle devrait se briser, si fragile et pourtant allant toujours au but qu’elle s’est fixée, cette voix parle le Gainsbourg couramment, jouant sur le souffle et l’harmonie.

« J’écris les textes en m’inspirant souvent de ma vie. Ma chanson Les clochards célestes fait référence à Jack Kerouac, qui est l’un de mes écrivains favoris. J’aime sa liberté, le fait qu’il ait refusé l’embourgeoisement. Mais cette chanson sort également tout droit de mon quotidien. Je rencontre, sur ma route, des personnalités borderline, interlopes, près de la cloche, qui me touchent par leur poésie, leur humour. Ce sont des personnes que j’apprécie. Il y a quelque chose de marginal dans les personnalités cassées, quelque chose qui m’inspire depuis longtemps. Elles ont le courage de vivre la précarité, parfois jusqu’au burlesque, parfois jusque dans des situations tellement cocasses qu’on pourrait en faire des films. Dans mon parcours professionnel, j’ai rencontré des artistes à la frange de la société qui refusaient de se sociabiliser pour défendre leur travail, des jeunes femmes qui écrivaient des textes en slam très noirs mais pleins de poésie, pleins de charme. » Un combat-moteur qu’elle épouse entre admiration et peur de l’abîme.

Aujourd’hui, Caroline continue de peaufiner de nouvelles chansons qui devraient faire l’objet d’un album idéalement dans le courant de l’année 2010. « J’ai l’habitude de travailler en binôme avec un musicien. » C’est ainsi que l’album à venir, qui devrait s’intituler La fille aux allumettes comprendra des collaborations avec le guitariste et ingénieur du son Philippe Benoît, Marc Gauvin qui, depuis quelques années, travaille avec un membre du groupe Portishead et Mathias Desnier qui a écrit pour Costa-Gavras et Carolyn Carlson.

La fille aux allumettes, un clin d’oeil à Andersen pour rester dans cette fragilité qui lui sied tant. « La chanson parle d’une femme artiste qui se bat contre la précarité financière mais aussi contre la solitude. Il y a tant de grâce dans cette femme qui croit en ses rêves. Les allumettes sont un des produits de la société de consommation les moins chers. Là, elles génèrent du rêve, de la chaleur, de la lumière, de l’espoir face à un total dénuement. Pour elle, ces allumettes sont un moyen d’entrer en communication avec le monde. »

Il est fort possible que la fine silhouette de Caroline-Christa Bernard se retrouve bientôt sur les scènes parisiennes de La Scène Bastille ou La Bellevilloise, car la jeune femme se dit maintenant prête à embrasser pleinement sa carrière artistique. Il est plus que temps de poser sa voix sur ces mots qui l’habitent et la meuvent.

Le Myspace de Caroline-Christa Bernard

P.-S.

Le son étant très mauvais, j’ai choisi de sous-titrer les propos de Caroline-Christa Bernard.
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