[ Internet et PME ]

3.4.1.3 Les professions financières: banques, assurance, courtiers, ...

Une remarque de même ordre peut être faite pour les banques et autres institutions financières qui ne sont pas toutes aussi en avance que pourrait le laisser imaginer le potentiel de matière grise dont elles disposent

Zona Research considère qu'elles sont les premières qui risquent d'être touchées dans leur existence même par le développement d'internet si elles ne changent pas radicalement leur façon de travailler.

L'interpellation de Bill Gates lors de la conférence "retail delivery" de 1996 :

"the world needs banking but not bankers"

est sans doute caricaturale, mais ne doit pas pour autant être sous-évalué : le coût d'une transaction bancaire par exemple passe de 1,07$ lorsqu'elle est traitée en agence à 0,54$ quand elle est traitée par téléphone et 0,01$ par l'internet, (Bill Finkelstein, Wells Fargo)

l'Etude de l'OCDE sur les incidences du commerce électronique (août 1998 www.oecd.org) considère que les technologies de l'internet permettent aux banques d'économiser 89% de leurs coûts de distribution et les banques finlandaises ont déjà réduit leurs effectifs de 50% avec les téléprocédures

Malgré cela, certaines banques françaises se proposent sur le modèle du minitel de facturer 6 Francs les clients qui leur en économisent 5,95 en effectuant eux-mêmes leurs transactions par l'Internet sous prétexte que cela leur rend service

Alors que l'on aurait pu imaginer logiquement qu'elles fassent partie des premiers fournisseurs d'accès gratuit en prenant en charge les coût des minutes de communication consacré à la gestion des comptes. Et ce d'autant plus que comme l'a constaté la filiale luxembourgeoise d'une banque française, les 25% de sa clientèle passée sur internet représentaient 65% des transactions totales...


A la Wells Fargo il est apparu que les clients internautes étaient deux fois plus "rentables" que ceux qui ne l'étaient pas et que ceux-ci, en général plus mobiles géographiquement restaient 3 fois plus fidèles à la banque lors d'un déménagement (Bill Finkelstein de la Wells Fargo)

Certains jeunes hauts responsables de nos grandes Banques vont jusqu'à assimiler le comportement interne de nos grands établissements financiers actuels à celui des maîtres des Forges en 1960, quelques années après l'ouverture du marché commun, organisés en fonction de la production et non du client, leur prospérité semblant refléter la pertinence des choix stratégiques, alors qu'elle ne faisait que refléter les rentes de situation:

Il est aujourd'hui encore choquant pour certains de penser que business village, filiale de BNP-Paribas pourrait offrir à ses clients une palette de services financiers, en mettant en concurrence les plus performants du marché et ne pas se contenter de fournir les produits de sa maison mère


Plus choquant encore serait d'imaginer qu'une agence Bancaire pourrait faire autre chose pour amortir l'investissement considérable qu'elle représente, qu'écouler les produits maison, et que l'on s'attache à la globalité des préoccupations du client qui en franchit le seuil pour essayer d'y apporter une réponse globale: gestion de son patrimoine (immobilier, bourse, oeuvres d'art, fiscalité, assurance, succession,...) gestion de sa trésorerie (outils de paiement, tableaux de bord, crédits à la consommation,...).

La crédibilité n'impliquerait-elle pas alors que le conseiller puisse lui proposer les meilleurs produits, et donc y compris ceux de la concurrence ? ne faut-il pas clairement séparer la production de la distribution? Dans le téléphone, l'informatique ..ou l'épicerie cette mutation a été faite depuis longtemps, les produits financiers sont-ils si différents qu'ils puissent se permettre de rester dans une logique de l'écoulement de la production? Certaines timides avancées ont été faites (sicav, certains produits d'assurance,...) ne faudrait-il pas aller beaucoup plus loin? Voir page 68

Elles n'ont par exemple pas vu arriver les courtiers en ligne qui en cassant les prix et en fournissant des informations de qualité se sont appropriés 15% du marché des transactions des particuliers

E-Trade, 1,3 millions en juin 1999 avec 26 Milliards de dollars de dépôts http://www.etrade.com, continue à croitre au rythme de 80 000 nouveaux comptes par mois et le volume des transactions qu'il gère , après seulement 5 ans d'existence (120.000transactions quotidiennes) est équivalent à la bourse de Paris)

Fort de ce succès e-trade a lancé en janvier e-offering, banque d'investissement en ligne: elle prendra des commissions limitées à 4,5% des montants levés contre les 7% habituellement pratiqués comme Wit Capital http://www.witcapital.com qui l'avait précédé sur ce créneau. La firme est par ailleurs derrière la création de l'International Security Exchange, un système de transaction électronique qui ambitionne de concurrencer le Chicago Board Option Exchange (les Echos du 13/1/99)

A l'été 99 elle a également pris le contrôle de Telebank Financial pour 1,8 Milliard de dollars, banque en ligne spécialisée sur les prêts immobiliers

L'entreprise arrive en France en association avec CPR www.cpr-etrade.com lancé le 18 février 1999

Charles Schwab
http://www.eshwab.com 1,5 millions de compte) existe depuis 20 ans et s'est convertie au web plus récemment: elle reste N°1 en misant sur le conseil personnalisé

En France Self Trade (http://www.Selftrade.fr) ouvert en décembre 98 compte 3 mois après 1000 clients et en attend 10.000 pour la fin de l'année 1999.

Au total il y aurait 8,4 millions de personnes avec des portefeuilles dépassant les 100.000$ (420 milliards de dollars au total) opérant en bourse via internet, avec 450.000 ordres quotidiens (soit 22%des échanges), offrant 1 milliard de dollars de commissions aux quelques 60 firmes de courtage existant actuellement

également voir page 72 le chapitre consacré aux bourses

Par ailleurs CompuBank www.compubank.com, première banque fonctionnant exclusivement sur internet, a vu le jour en octobre 1998,

Elle est suivie par Egg http://www.egg.com , filiale du groupe britannique Prudential, qui n'accepte plus depuis avril 1999 que des clients en ligne: selon Mike Harris "l'exploitation des services bancaires grand public par internet sont 4 fois moins coûteux que par téléphone et 10 fois mois chère qu'à travers les agences traditionnelles".

Avec 500.000 clients après 6 mois d'activité, elle se classe au 8ème rang mondial du classement IBM-Interbrand après la Citybank l'UBS et Wells Fargo, mais avant le crédit Suisse et la Commerzbank

Avec des frais plus faibles elle offre une rémunération notablement supérieure aux banques classiques (5,85% pour un compte épargne), et avec 5 milliard de £ elle revendique 40% de part de marché sur les nouveaux dépôts

Elle propose crédits immobiliers, prêts personnels et bientôt assurance-dommage, cartes de crédit et produits de placement financier

Elle fournit évidemment accès internet et e-mail gratuit

Aujourd'hui à côté des 200 sites financiers sur internet comme ceux de la City Bank ou de la Wells Fargo, opérationnels dès 1995, on en compte une dizaine opérant exclusivement sur l'Internet (Compubank à Houston, Atlanta Internet Bank,...)

Rappelons que dans son plan stratégique City Group qui revendique aujourd'hui 300 millions de comptes s'est fixé un objectif de 1 Milliard de clients en offrant à ceux-ci de gérer l'ensemble de leurs comptes dans les autres établissements par son intermédiaire (Chris Zaharias Netscape, séminaire Aftel nov 98)

Maintenant tous les "portails" d'entrée sur le web comme Yahoo! ou Aol, lancent leur chaîne "finance" offrant plate-forme d'information économiques et financières conseils grâce à des partenariats éditoriaux ainsi que un centre de courtage en ligne permettant d'acheter et de vendre en ligne par l'intermédiaire de courtiers électroniques comme e-trade

AOL qui a lancé "personnal finance" en 1996 compte actuellement 10,5 millions de clients

(Cf classement des meilleures cyberbanques par l'association online banking http://www.obanet.org)


dès cette année on estime (Atelier Paribas) que 10 à 15% des prêts aux USA, soit 1500 Milliards de dollars en 1998 sont directement influencés par la consultation de sites Web spécialisés qui outre un riche contenu éditorial permettent de rechercher sur le marché le meilleur taux en fonction du profil de risque du client - et en faisant l'économie des intermédiaires-

e-loan http://www.e-loan.com : 15.000 demandes de prêts par mois, Get Smart http://www.getsmart.com 50 000 par mois, Quicken Mortgage http://www.quickenmortgage.com qui rassemble les propositions de 11 banques pour une comparaison immédiate, 800.000 visites par mois,...). En France Selectaux lance un site adapté aux spécificités françaises


Toutes ces évolutions devraient conduire à l'avenir à une claire séparation des fonctions de production de services financiers de celles de distribution, car le client exigera de plus en plus de pouvoir comparer des offres et n'acceptera plus d'être enfermé dans celle de sa banque:

c'est une des raisons qui fait que paradoxalement, business-village, filiale de Paribas n'offre pas de services financiers: Il ne serait pas crédible de n'offrir que les produits de la maison mère mais les esprits ne sont pas encore murs pour franchir le pas...

Un classement réalisé par Interbrand et IBM en mai 1999 des meilleures banques permet aux établissements scandinaves, allemands suisses et britanniques de se placer honorablement au cotés de leurs confrères nord américains. ce n'est malheureusement pas le cas des 7 banques françaises sélectionnées (sur un total de 45) dont aucune ne figure dans la liste des dix nominées: la différence s'est faite sur le caractère clair, complet et structuré du service offert aux clients

Banque Directe (
http://www.banquedirecte.fr ) décolle plus lentement qu'espéré tandis qu'en Allemagne son homologue Comdirect dégage déjà des bénéfices (valeurs boursières : 9 milliards de dollars).


Les assureurs ne sont pas non plus à l'abri de ce manque de clairvoyance. Là aussi les nouveaux courtiers tels Insweb http://insurance.yahoo.com qui agrège et compare l'offre d'une vingtaine de compagnies d'assurance devrait leur donner à réfléchir

Notons toutefois l'initiative de E-santé www.e-sante.com , filiale du groupe Azur qui en juillet 1999 était la première à proposer la souscription en ligne d'un contrat d'assurance santé complémentaire, ainsi que Reflex www.reflex.tm.fr ou Maaf Assurances www.maaf-assurances.fr


Des actions de sensibilisation à partir de success-stories peuvent donc se révéler opportunes pour les entreprises de cette catégorie afin d'accélérer le mouvement ainsi que des opérations d'aide au conseil afin de les mettre en mesure d'opérer les meilleurs choix stratégiques.

Cette évolution sera sans doute plus difficile à conduire dans les grandes structures où les hiérarchies intermédiaires pourront être tentées de bloquer sous tous les prétextes (sécurité, fiabilité, confidentialité...) des processus susceptibles de remettre en cause les modalités d'exercice des pouvoirs et l'utilité même de certaines fonctions.

pour les renseignements financiers citons Dun&Bradstreet : http://www.dbisna.com ou SCRL http://www.scrl.com filiale de la COFACE.


Dans le domaine financier de très nombreux services d'information se sont mis en place (www.mine-yours.com de l'AFP, www.woqats.com , www.netcote.com ,...) qui proposent en outre des mécanismes d'alerte et des systèmes experts pour assister le gestionnaire

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