B. MAHIEU
L'observation porte sur 18 patients silicotiques traités et
suivis de mai à septembre 1982, dont 14 mineurs de fond.
Age moyen : 51,6 ans,
Durée moyenne d'exposition : 16,6 ans,
Ancienneté moyenne de la maladie : 11,7 ans.
Le traitement consiste en une pratique collective quotidienne du qi
gong à raison de 2h30 par jour en 3 séances.
L'analyse de l'efficacité du traitement porte sur :
- Les symptômes fonctionnels et la sensation de bien-être
général : résultats positifs.
- Des examens de laboratoire portant sur les globules rouges, la fonction
hépatique, la fonction rénale, les protéines sériques,
la coagulation sanguine : aucune évolution significative.
- Le suivi de la tension artérielle, de la température
et du poids : aucune modification significative, sauf une très légère
baisse de la pression artérielle, notamment diastolique. A noter
un poids apparemment faible des patients (? 56 kg).
- Le suivi des images radiologiques : aucun changement des images nodulaires
caractéristiques de la silicose. Les auteurs rapportent seulement
un éclaircissement des ombres pulmonaires au niveau des hiles dans
quatre cas.
Les auteurs concluent à "une efficacité évidente
sur l'amélioration de l'état général et sur
les symptômes cliniques" avec "amélioration des conditions
de souffle court des silicosés". Ils reconnaissent l'absence d'amélioration
des lésions radiologiquement visibles mais enregistrent avec satisfaction
l'absence de dégradation.
Commentaire de M. MAHIEU
- L'échantillon est de très petite taille : 18 cas. On
peut s'en étonner compte tenu du nombre important de silicosés
en Chine et de la pratique très répandue du qi gong dans
ce pays.
- L'observation ne porte que sur 4 à 5 mois. C'est nettement
insuffisant pour apprécier des évolutions radiologiques :
il aurait fallu au minimum 4 à 5 ans.
- La population est particulière : elle a commencé à
être exposée vers 1967 à l'âge moyen de 35 ans…
S'agit-il "d'intellectuels" réorientés vers une activité
productive au décours de la "Révolution Culturelle" ? Leur
silicose est apparue très rapidement : environ 5 ans après
le début d'exposition. On est en droit d'imaginer des conditions
de travail particulièrement difficiles.
- Le suivi médical ne comporte aucune exploration fonctionnelle
respiratoire permettant d'apprécier l'évolution de l'insuffisance
respiratoire.
- L'amélioration ressentie par les patients est semblable à
celle observée chez les anciens mineurs du Nord - Pas-de-Calais
lors de "l'essai de prévention d'aggravation des pneumoconioses
par les sels solubles d'aluminium en inhalation", qui avait été
mise sur le compte d'un réentraînement respiratoire et de
l'impact psychologique positif de l'intérêt porté à
ces malades. D'ailleurs, le Dr PUJET avait bien développé
en début de journée, dans son exposé sur la réhabilitation
respiratoire, les bienfaits de l'exercice physique en soi.
- L'ensemble des examens de laboratoire pratiqués n'ont a priori
rien à voir avec la silicose.