COMMISSION DES RECHERCHES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES SUR LA SECURITE ET LA SANTE DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Médecine occidentale et vision chinoise
Exposés et débats du 18 novembre 1999
2ème partie  : La médecine chinoise 
La pharmacopée
Sommaire

 
 DEBAT

 
 
M. SAUTREUIL

Je voudrais simplement revenir sur le propos de Mme WANG pour dire combien, pour le médecin occidental que je suis comme pour d'autres collègues ici, il peut être enrichissant d'aborder la médecine traditionnelle chinoise, pour nous surtout l'acupuncture mais aussi la pharmacopée. L'enrichissement porte sur l'analyse symptomatologique et les possibilités de traitement. C'est vraiment un "plus" dans la pratique professionnelle.
 

M. LAFOREST

Une question complémentaire : on a bien parlé des effets et des médicaments associés mais vous n'avez pas parlé de l'équivalent d'une posologie. Avez-vous les notions de dose, et comment sont-elles déterminées ?
 

Mme WANG

Je n'ai rien noté là-dessus. La préparation des médicaments chinois classiquement consiste en des décoctions de plantes séchées. On prépare une décoction de 3 à 15 grammes par plante et à partir de là chaque formule est différente. On boit la décoction le matin une fois, le soir une fois, pendant 3 ou 4 jours. Aujourd'hui les compositions avec les nouvelles techniques sont bien définies et elles dépendent du laboratoire pharmaceutique. 

Depuis dix ans dans le monde entier, on a beaucoup importé de Chine des lyophilisats de médicaments chinois, avec des concentrations de 5%, 10%... toute une série de fabrications. Cela dépend... 
 

M. BONNEVIALE 

Je voudrais réagir sur qu'a dit le Dr WANG à propos du facteur personnel. Certaines personnes seraient plus aptes et d'autres moins aptes à contracter la silicose. Personnellement, je suis intimement persuadé que, si on expose les gens à un même empoussiérage, ils auront tous la silicose à la sortie. S'il y a des gens qui sont moins silicosés que d'autres, c'est parce qu'ils ont occupé des postes de travail qui les ont moins exposés à la poussière de silice. Je ne suis pas médecin, mais s'il y a un facteur physiologique personnel qui joue, il est à mon avis négligeable par rapport au facteur exposition. Je voudrais revenir à ce que disait le Dr MARQUET au début de la journée : finalement le meilleur remède, c'est la prévention au niveau du travail.
 

Mme WANG

Je suis d'accord avec vous, mais néanmoins sur les malades les progressions de la maladie sont différentes. Sur certaines personnes, il y a tout de suite des fibrosités alors que d'autres en sont encore à un autre stade. C'est la même chose en médecine chinoise. Il faut prévenir la maladie avant d'être malade et il faut éviter l'altération et l'aggravation des maladies. Selon le tempérament personnel certains progressent vite et d'autres moins vite.
 

M. COCUDE

Je regrette que MM. MAHIEU et AMOUDRU aient du nous quitter. Il faudrait avoir l'avis d'un médecin qui ait suivi effectivement des mineurs des Houillères. Dans mon souvenir les médecins des Houillères - je pense spécialement aux Houillères du Midi, mais peut-être aussi du Nord-Pas-de-Calais - avaient constaté des différences dans le développement de la pneumoconiose, même dans la même famille entre des frères. Évidemment, il faudrait avoir des médecins ayant suivi effectivement des familles de mineurs. Dans le Nord-Pas-de-Calais, il y a eu des dynasties de mineurs, de génération en génération des familles entières passaient à la mine.
 

M. KOCH

C'est avec le Dr AMOUDRU qu'avait été mise au point la réglementation sur la pneumoconiose dans les mines de charbon, il y a une trentaine d'années. Le but était qu'une personne travaillant dans la mine, normalement sensible à la silicose, n'attrape pas cette maladie. On n'avait pas les moyens de prévention et de lutte contre les poussières pour avoir un empoussiérage nul dans les mines. Si on n'avait visé dans le but à atteindre que les travailleurs normalement sensibles à la poussière, cela ne voulait pas dire justement que personne ne pouvait avoir cette maladie. On admettait qu'il y avait des gens plus susceptibles que d'autres de contracter la maladie d'où l'importance attachée par la réglementation à la surveillance médicale des personnels.
 

M. LAFOREST

Je pourrais ajouter qu'il s'agit là du problème général de la fixation des valeurs limites dans le domaine des maladies professionnelles, que ce soit les pneumoconioses ou les maladies par toxiques ou les allergies. On a toujours ce même problème et les valeurs limites telles qu'elles sont fixées par les réglementations française ou internationale sont toujours : "On protège tant de pour cent de la population". Cela veut bien dire qu'on admet qu'il y aura des gens plus sensibles que d'autres ; c'est écrit dans les définitions des valeurs limites. De ce point de vue, l'allergie est un phénomène bien caractéristique : 2 ou 3% de la population auront des réactions allergiques fortes à certaines expositions alors que 95% n'auront rien du tout. C'est le cas limite. Il y a toujours une sensibilité individuelle qui pose beaucoup de problèmes aux préventeurs.
 

M. BONNEVIALE 

À mon avis - celui d'un non médecin - l'immunité totale pour un individu n'existe pas. Quand vous pensez que dans certains bassins la prévalence de la silicose dépasse 50 %, (c'est-à-dire que sur 100 mineurs il y en a au moins la moitié qui contractent la silicose), pourquoi les autres ne sont-ils pas atteints ? C'est probablement parce qu'ils étaient moins exposés travaillant à des postes où il n'y avait pas ou peu de poussière.
 

M. KOCH

On pourrait ajouter qu'il n'y a pas de contradiction entre ce que dit M. BONNEVIALE et ce que je dis. Je suis tout à fait d'accord : c'est vrai pour les hommes comme pour les rats, ils finissent par contracter la maladie. L'INERIS et avant lui le CERCHAR ont fait suffisamment d'expériences en exposant des rats à un empoussiérage très fort. Mais pour de faibles expositions on trouve une gamme de sensibilités.
 

M. COCUDE

Il y a une autre question que je voudrais poser, et peut-être le Dr LAFON pourra-t-il répondre. Vous avez vu dans votre dossier les étapes, ou plus exactement les niveaux de la pneumoconiose selon la clinique chinoise ; c'est le document de Mme WANG et de M. DUHAMEL intitulé "Pneumoconiose en médecine chinoise" et qui parle de la clinique. 

Je lis un premier niveau, sécheresse du poumon, avec la description d'un certain nombre de points : toux sèche, peu de glaires, etc… ; un deuxième niveau, toux avec glaires épaisses ou glaires mélangées de sang, oppression de poitrine etc… ; et un troisième niveau, toux avec expectorations de sang, essoufflement aggravé par le mouvement, lassitude, fatigue.
 

M. LAFON

Il est très difficile de répondre. Il est vrai que dans la clinique, il y a un certain nombre de choses que l'on retrouve classiquement : l'augmentation des symptômes avec un démarrage par une toux sèche, l'apparition de glaires, tout cela c'est l'évolution normale d'une pneumoconiose. En revanche, quand on voit l'apparition de sang, d'altération de l'état général, c'est peut-être l'évolution normale d'une pneumoconiose, mais ce peut être aussi l'apparition d'une tuberculose, ou l'apparition d'autres pathologies associées. Comment, dans ce tableau, s'inscrit la tuberculose qu'on soigne avec des traitements très particuliers ? 
 

M. DUHAMEL

On ne peut évidemment pas répondre spécifiquement. Nous avons eu des informations de Chine sans être nous-mêmes vraiment spécialistes. Apparemment on distingue vraiment les atteintes secondaires à la fin de l'expérimentation des atteintes bactériennes suite à la pneumoconiose. Tout cela demanderait, si on était intéressé, à prendre contact avec les gens qui font ces études sur des milliers de cas effectivement et à creuser l'affaire. Je crois que le sujet le mériterait.
 

Mme WANG

En médecine chinoise, certains symptômes sont très importants pour le diagnostic, pour la prescription des médicaments, certains symptômes ne le sont pas.

Autre chose aussi, en médecine chinoise on surveille tout le temps les patients et en même temps on fait des radios régulièrement. On passe de l'un à l'autre et même dans le cadre de la tuberculose, la formule ne change pas pour le médicament chinois. En revanche on rajoute plus ou moins d'éléments dans les compositions entre le premier et le deuxième état car il n'y a pas de distinction entre la tuberculose et la fibrose au niveau des symptômes. C'est la radiologie qui fait la différence.
 

M. COCUDE

Nous allons conclure. Dans le même esprit qui m'a fait demander à M KOCH de tirer les conclusions du débat sur l'acupuncture, je demande à M OBRINGER de tirer les conclusions du débat sur la pharmacopée. Ils ont tous deux une certaine distance à l'égard des sujets discutés.


 

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