Je voudrais aborder quelques points très rapidement,
rappeler bien évidemment que l'utilisation de la matière
médicale chinoise, comme le qi gong, comme l'acupuncture, s'inscrit
dans un contexte historique et culturel différent du nôtre
en bien des points. Il faut rappeler que, dans le domaine scientifique
et médical, on ne repère pas en Chine les mêmes ruptures
épistémologiques qu'on a connues en Occident, disons au XVIIe
et XVIIIe siècle. Ce qui fait que nous n'avons pas les mêmes
exigences que la Chine du point de vue de la rationalité scientifique.
Appliquer directement des recettes chinoises dans un contexte culturel
tout autre demande donc des précautions, et pourtant on est tenté
de le faire. La preuve, par exemple, c'est qu'on demande quelques points
d'acupuncture, quelques exercices de qi gong, ou quelques recettes de pharmacopée
chinoise qui pourraient soulager les pneumoconiotiques. Mais il est difficile,
pour les praticiens chinois, de donner une juste idée de leur propre
vision du corps, de la maladie, puisque tout cela s'inscrit dans un contexte
beaucoup plus large.
Il faut rappeler par ailleurs l'extrême richesse de la tradition
chinoise dans la pharmacothérapie et préciser que si la tradition
chinoise utilise plusieurs milliers de plantes, par ailleurs la flore chinoise
peut se révéler encore beaucoup plus riche pour nous autres
pharmacologues. D'une façon générale on ne peut pas
se limiter aux plantes qui sont utilisées par les médecines
traditionnelles, locales et parfois on a de bonnes surprises en faisant
des inventaires beaucoup plus larges. En nombre de taxons, la flore chinoise
est l'une des plus riches du monde, juste après les flores du Brésil
et de la Malaisie.
Soulignons par ailleurs que le concept de pneumoconiose n'existe pas
en médecine traditionnelle chinoise ; cette affection se trouve
intégrée dans des catégories nosologiques traditionnelles
ce qui rend difficile la recherche de documents. On ne trouve pas ce qui
soignerait spécifiquement la pneumoconiose mais par exemple la sécheresse
du poumon. D'autre part, pour ce qui est de l'utilisation des plantes chinoises,
il ne faut pas se cacher qu'il y a plusieurs problèmes. Un des problèmes
c'est l'identification selon notre classification linnéenne des
plantes. Récemment en Belgique, on a connu des néphrites
induites par des régimes amaigrissants utilisant des plantes chinoises
et contenant entre autres des aristoloches; or l'acide aristolochique peut
provoquer de graves néphrites. Un des problèmes pour l'importation
et la commercialisation des plantes chinoises, c'est leur identification
exacte.
En fait on est confronté à deux solutions ; d'une part
utiliser des formules chinoises venant de la médecine traditionnelle
chinoise, qui comprennent souvent une dizaine de plantes ou de minéraux,
et d'autre part avoir une autre approche, celle des industriels occidentaux
qui sont déjà sur place en Chine, à savoir étudier
et utiliser les plantes du point de vue de leurs principes actifs. Mais
je ne vois pas pourquoi on appellerait cela médecine chinoise, c'est
simplement l'utilisation de la flore chinoise.
Enfin, je voudrais rappeler comme pourrait le faire Mme LEMEE q'une
législation tout à fait précise fixe les limites de
la commercialisation et de l'importation des plantes. Cela dit, les cas
qu'a rapportés Mme WANG sur le traitement médicamenteux de
pneumoconiotiques mériteraient d'être approfondis.
M. COCUDE
Nous arrivons à la fin de notre colloque. Il a été
l'occasion d'un examen des différentes modalités étudiées
de la médecine chinoise avec comme conclusion pour chacune d'elles
ce qu'elle pourrait apporter en matière de soins aux pneumoconiotiques.
Pour ma part, j'ai vécu cette journée comme tout à
fait enrichissante et j'espère qu'il y aura des suites à
tout ce que nous avons dit, tout ce que nous nous sommes dit. En tout cas
je me réjouis à l'avance des contacts bilatéraux qui
pourront s'instaurer entre les participants à cette journée.
Il me reste à lever cette séance en remerciant d'abord
les intervenants et tous les participants pour leur présence et
leurs interventions.
J'associerai à ces remerciements le Dr TRIADOU, absent aujourd'hui,
grâce à qui ce colloque a pu être organisé et
se dérouler de façon très satisfaisante, ainsi que
toute l'équipe de la DARPMI pour sa contribution essentielle à
la préparation et à la tenue de la réunion et, j'en
suis sûr, à l'après - colloque.