Malgré l'arrêt progressif des grandes exploitations
minières, la silicose restera un problème d'actualité
pendant encore de nombreuses années. Cependant, compte tenu de la
dispersion et de la petite taille des entreprises exposant aux poussières
siliceuses, la connaissance de cette pathologie risque, à terme,
de se disperser et de s'amenuiser.
Mis à part les quelques cas de silicose évoluant sur un
mode aigu, en général à la suite d'une exposition
massive, le monde du travail n'aura connaissance que des formes peu évoluées
au moment du départ à la retraite.
L'organisation d'un suivi post-professionnel dans l'ancien bassin houiller
du Nord Pas de Calais, véritable observatoire des retraités
silicosés, a permis de prendre conscience du potentiel évolutif
de cette affection qui aboutit à plus ou moins long terme à
la destruction complète des poumons.
Les différents essais thérapeutiques tels que l'administration
d'aérosols de sels d'aluminium, n'ont pas permis d'enrayer cette
évolution. Cependant nous avons pu constater une diminution significative
du nombre de silicoses à fort potentiel évolutif chez les
anciens mineurs ayant été soustraits précocement au
risque, dès l'apparition des premiers signes de la maladie. Cette
évolutivité semble également d'autant moins importante
que les premiers signes radiologiques apparaissent tardivement.
En l'absence de thérapeutique curatrice, la prévention
reste le maître mot. Elle doit s'exercer à tout niveau : industriel
par la réduction des empoussiérages, médical par le
retrait le plus précoce possible des personnes présentant
les signes radiologiques d'atteinte pulmonaire.
Les progrès thérapeutiques ne sont pas cependant absents
de ces cinquante dernières années. Ils ont porté en
particulier sur la prise en charge de l'insuffisance respiratoire et de
ses complications. Il faut savoir qu'un poumon détruit ne se régénère
pas et que la seule solution consiste à utiliser au mieux ce qu'il
en reste.
Pour être efficace, cette action doit s'effectuer précocement,
avec la participation active des patients. Elle passe tout d'abord par
l'amélioration de l'hygiène de vie (suppression du tabac,
conservation d'une activité physique, lutte contre l'obésité,
etc.).
La rééducation respiratoire et le réentraînement
à l'effort, sous contrôle d'un kinésithérapeute,
peuvent retarder l'installation d'une insuffisance respiratoire grave et
préserver au maximum l'autonomie. Ils peuvent être induits
lors d'une "cure", mais doivent trouver leur prolongement au domicile.
Même dans les cas les plus graves, nécessitant une oxygénothérapie
au long cours, l'autonomie doit rester le premier souci du thérapeute.
Elle est maintenant facilitée par l'utilisation de matériels
de déambulation utilisant l'oxygène liquide.
Enfin, la prise en charge de très grands insuffisants respiratoires
peut s'intégrer, par l'utilisation de matériels de ventilation,
au cadre familial, permettant ainsi de rompre l'isolement de l'hospitalisation.
Ce bilan peut paraître sombre, mais la gestion du problème,
actuellement facilitée par la concentration géographique
de la population atteinte, a permis de développer des protocoles
d'actions efficaces. Souhaitons que ces bases ainsi jetées contribuent
à la poursuite d'une prise en charge tout aussi efficace des cas
isolés qui sont appelés à devenir majoritaires.