Le
propre d'Internet est d'abolir les distances, et, paradoxalement, dans le
même temps où il ouvre les régions enclavées sur le
monde, il constitue un remarquable moyen pour renforcer les solidarités
de proximité : il constitue donc un outil privilégié d'une
politique active de développement local.
Mais rien ne va de soi : l'Internet a créé la plus forte
concentration jamais connue de compétence avec la Silicon Valley (qui ne
compte que 2,3 millions d'habitants) et dont les entreprises ont une
capitalisation dépassant celle de la Bourse de Paris: la Baie de San
Francisco regroupe 20% de l'industrie mondiale des TIC et 50% des
investissements US dans les hautes technologies (Philippe Coste PEE San
Francisco
Internet aurait aboli la mainmise de Paris et de sa région?. Eh ben non !
53,4% des entreprises "new tech" sont situées dans la capitale,
et 85 % en Ile-de-France. En seconde position, la région
Rhône-Alpes n'accueille que 3,6% de ces entreprises
www.journaldunet.com/0106/010622managers.shtml . Faisons une croix
sur le fameux miracle du duo Grenoble-Lyon.
"la Silicon Valley c'est un peu l'esprit "Sentier" souligne
Jean-Louis Gassé, un des Français célèbres
de la Vallée: l'émulation repose sur l'effet fourmilière,
la masse critique de talents, la densité des relations en réseau.
"la Valley fonctionne comme une véritable tribu, les réseaux y sont si denses (anciens de Stanford ou du MIT, réseaux ethniques,...) que l'information y circule plus vite que partout ailleurs, on compte pas moins d'une quinzaine de "network event" par jour, ne pas être dans un de ces réseau constitue un handicap économique. Cette dynamique est basée sur l'économie du don, la pression sociale est telle, avec un effet de réputation que les gens ne peuvent pas se permettre de tricher. Ne pas rendre un don marque la fin des échanges" Michel Ferrary , prof Essec détaché à Stanford, les Echos 6/2/01 |
Alors même que l'Internet permet à chacun de rester partout branché sur le monde entier, il convient de réfléchir activement pour essayer de comprendre et d'orienter ces nouvelles opportunités de développement pour favoriser une répartition harmonieuse des implantations d'activité sur notre territoire et ne pas recréer des phénomènes comme celui des banlieues "à problèmes" qui sont le drame de nos grandes villes:
Si indéniablement nos grandes métropoles ont une carte à jouer, il faut aussi créer les conditions, notamment en terme d'infrastructures pour que des initiatives compétitives puissent se développer en région...et pour que nos entreprises traditionnelles aient leur chance dans la compétition mondiale qui se joue largement sur la capacité à gérer l'information (voir aussi sur ce sujet le rapport d'Henri d'Attilio www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/dossiers/sb_attil.htm)
Des start-up visant le marché national ou même mondial ont choisi de se développer dans de petites villes :
Eat On Line
www.eat-on-line.com
, qui livre des repas à domicile dans toute la France , s'est
implantée à Azay-le-Rideau,
French Gourmet Fromage www.fromages.com qui livre des fromages frais dans le monde entier en moins de 72 heures a élu domicile à Saint-Avertin en Indre et Loire, Panier.com www.panier.com une boutique gourmande proposant, à toute l'Europe, des produits de pays introuvables dans la distribution traditionnelle s'est installée à Mamers (Sarthe) l'Odyssée Interactive www.jeuxvideo.com leader francophone des sites de jeux est à Aurillac dans le Cantal, Genesys www.genesys.com start-up aux débuts très prometteurs puisque déjà introduite sur le nouveau marché et présente sur 4 continents dans le domaine des téléconférences est née à Montpellier |
Nous avons pu constater, comme Francis Lorentz que l'appétence des provinces n'était pas moindre que celle de Paris
Mais aujourd'hui le raccordement à Internet dans des conditions de débits, de qualité et de prix convenables ne participe pas, ce qui est sans doute normal, des obligations de service public imposé aux opérateurs de télécommunication
Dans la logique précédente, la création du "kiosque micro", bien que ses faiblesses techniques au départ aient été fort critiquées, avait, à l'époque, répondu pour partie à cette préoccupation
Néanmoins pour le fournisseur d'accès Internet, un client en province (20 % du marché) lui coûtait 30 à 40 % plus cher qu'un client parisien (80 % du marché), et c'était à son niveau que se faisait la péréquation
Déjà pour le RNIS il n'en a plus été semble-t-il tout à fait de même : le kiosque V 2 à 2 mégabits, qui permettait la transmission vidéo, n'a été rendu accessible qu'à France Télécom-Wanadoo, AOL et Microsoft-MSN ce qui créait une grave distorsion de concurrence et pénalisait les fournisseurs d'accès régionaux.