Certes aujourd'hui il ne paraît plus nécessaire de sensibiliser les industriels à l'existence même d'Internet : il n'est plus possible depuis plusieurs années d'ouvrir un journal ou une radio sans en entendre parler, et un grand événement est inconcevable sans une déclinaison Internet (livres censurés, atterrissage sur mars, visite du Pape, décès d'une princesse, ou le site de Nagano avec ses 635 millions de connections en 15 jours lui-même dépassé par le mundial98 74 millions dans la seule journée du 30 juin, sans parler de loft-story, chaque grand événement depuis battant les records du précédent)
Mais cette information journalistique véhicule 2 niveaux de "leurres" qui finalement dissuadent le chef d'entreprise d'aller plus loin dans sa réflexion : |
niveau 1 : l'insécurité des paiements
électroniques et l'aspect non professionnel (ludique, voire immoral
"naviguer sur une mer infestée de pirates et de violeurs de
sirènes...")
niveau 2 :la réduction des usages
Ce n'est encore qu'un nombre insuffisant de PME qui a compris à quoi
Internet pouvait leur servir pour économiser de l'argent (Achats,
télécommunication, coûts administratifs, formation,
recrutements, gestion financière,...), pour réduire leurs
besoins de capitaux (stocks), pour gagner en
réactivité, pour pouvoir travailler plus efficacement
avec leurs partenaires (conduite de projet ou de chantier) ou pour
aborder de nouveaux marchés notamment en trouvant les bons
partenaires, pour être en mesure de mieux servir leur client et
donc de le fidéliser (SAV, personnalisation, information,suivi des
commandes,...), pour recruter de nouveaux collaborateurs
Elles n'ont pas assimilé le fait qu'internet concernait TOUS les
métiers de l'entreprise, dans tous les secteurs professionnels et
ceci indépendamment de la taille de celle-ci (de l'entreprise
individuelle à la Worldcompany)
L'éclatement de la "bulle" financière du Nasdaq les renforce dans
leur septicisme et leur attentisme alors même que la véritable
mutation en profondeur dans le tissu économique est en train de se
réaliser chez leurs concurrents étrangers ou leurs donneurs
d'ordre
Beaucoup pensent que les technologies ne sont pas encore stabilisées et
qu'ils peuvent attendre: ils ne voient pas qu'ils risquent de se trouver
exclus brutalement de certains domaines d'activité (automobile,
aéronautique, grande distribution,...) qui mettent en place des process
d'achat, de conception ou de fabrication qui ne supporteront plus les
ressaisies d'information ainsi que les délais inhérents à
des processus séquentiels
Enfin à côté de l'image "gadget à la mode"
propagé par les média et amplifié par la bulle du Nasdaq,
Internet garde une image de "haute technologie" et donc de coûts et de
besoin de hautes qualifications, alors même qu'Internet a surtout
apporté la normalisation des interfaces qui permet, par rapport à
l'informatique et aux télécommunications traditionnelles, une
simplicité dans l'usage, des coûts beaucoup plus
faibles et une interopérabilité permettant des
développements progressifs et modulaires.
Peu encore ont compris que Internet, c'est à dire TCP/IP ce
n'est qu'un simple standard, mais que c'est lui qui permet de sortir de
l'informatique et des télécommunications "propriétaires",
de ses coûts et de ses rigidités: l'électricité n'a
pu véritablement révolutionner l'industrie que quand la
normalisation (220V, écartement des prises, 50 périodes,...) a
permis le développement des réseaux électriques et le
développement des multiples appareils sachant que leur interconnexion
permettait de bâtir des systèmes complexes, flexibles et
évolutifs
Elles n'ont pas non plus compris que de ne pas acheter leur nom pouvait
leur coûter ultérieurement extrêmement cher
La plupart du temps Internet est encore assimilé à "site web"
pour "la notoriété" ou "la boutique en ligne" alors que comme
nous l'avons vu ce ne sont que des utilisations extrêmement marginales de
cet outil (et qui de plus n'ont de sens qu'intégrés à
l'ensemble de la gestion des flux)
Ils conduisent le patron de PME à considérer que ceci ne le
concerne pas vraiment et peu d'informations laissent imaginer au chef
d'entreprise que la richesse d'Internet se situe bien au-delà et le
concerne de façon incontournable. Malheureusement nos multiples contacts
sur le terrain, corroboré par les enquêtes comme celles
d'Ufb-Locabail
www.ufb-locabail.fr, de
Mazar
voir page 50 ou de novametrie
voir page 44 nous permettent de constater,
encore cette année, qu'en ce qui concerne les usages "business"
d'Internet, une action de sensibilisation reste nécessaire:
Confucius le disait déjà "l'ennemi de la connaissance n'est pas l'ignorance, mais le fait que l'on croit savoir" |
Les
conclusions de l'évaluation des opérations conduites en Franche
Comté en mars 2001 montrent l'ampleur du chemin qui reste encore
à parcourir au seuil de 2002
"le constat est amer... les chefs d'entreprise sont encore assez
réticents à faire évoluer leur société parce
que les NTIC mettent souvent en cause leur organisation et leur gestion de
l'information. Même si les entreprises ont de réelles
capacités d'adaptation, leurs démarches sont lentes et les freins
culturels profonds ... les usages sont encore à leurs balbutiements,
...les élus n'ont toujours pas pris conscience des enjeux des NTIC. Au
même titre que les chefs d'entreprises, ils peuvent être aussi la
cible d'une campagne de sensibilisation" Hervé Claudet
www.action70.com
voir aussi l'étude réalisée par Taylor Nelson Sofres, auprès de 604 dirigeants d'entreprises traditionnelles de toutes tailles, seulement 19% des patrons estiment en France que le Web révolutionnera le fonctionnement de leur société. Ils sont 53% au Royaume-Uni, 44 % aux Pays-Bas. La frilosité des entreprises françaises, grandes ou petites, face à l'outil Internet ne cesse de se confirmer: 46 % des chefs d'entreprise au Royaume-Uni estiment qu'Internet leur permettra d'améliorer leur profitabilité, 35 % aux Pays-Bas et 16 % seulement en France). voir page 51 |