Le
procès actuel intenté à Microsoft montre
l'inadéquation des outils juridique dont dispose le juge : tout d'abord
le champ national ne reste pertinent que lorsque l'action de la justice
s'exerce dans un pays qui représente à lui seul l'essentiel du
marché (et nous ne pouvons qu'espérer que cette situation
évolue), mais c'est surtout la sanction possible qui
paraît inadaptée
Autant quand il s'agit de Banque de Sidérurgie ou de Chimie, le
découpage de l'entreprise en plusieurs entités ou la
séparation de certaines activités pouvait apparaître comme
une solution pour recréer une véritable concurrence, autant la
transposition à un éditeur de logiciel, laisse sceptique
En effet, outre le fait que les produits évoluent à des rythmes
sans commune mesure avec ceux de la justice, rappelons que nous nous trouvons
ici dans une économie de "Standards" et non de production
(contrairement à l'acier, les coûts de production sont ici quasi
nuls) ni de technologie (beaucoup d'entreprises sont capables de faire
mieux, (mais c'est rarement le meilleur sur le plan technique qui gagne
voir page 232) mais de Norme
L'enjeu majeur dans une telle économie, c'est de devenir le standard du
marché: les clients n'ont alors plus le choix, ils sont
obligés d'acheter les logiciels qui leur permettent de communiquer avec
leurs interlocuteurs.
Même si vous préférez le traitement de texte de Corel,
vous êtes obligé d'utiliser celui de Microsoft sous peine
d'être exclu du circuit de l'information
Premiers inconvénients, bien mis en exergue par Roberto di Cosmo
www.dmi.ens.fr/~dicosmo
: les prix, l'infobésité, la facturation des
correction d'erreur, l'obligation pour les clients de changer de version
à un rythme effréné et totalement artificiel,
Mais plus grave encore cette situation de domination absolue du
marché met en situation de dépendance totale tous les
développeurs qui sont à la merci du bon vouloir de
l'éditeur de leur communiquer en temps utile les informations leur
permettant de développer leur propre logiciel Ce droit de vie et de mort
se traduit naturellement par une aspiration de la marge au profit de
l'éditeur dominant ainsi que par une impossibilité de fait de
refuser une proposition d'achat au prix qu'il condescend à offrir
La mesure la plus efficace pour éviter l'abus de position dominante, ne
serait-elle pas d'inventer une nouvelle forme de sanction tenant à la
nature très particulière de cette nouvelle économie de
standards? :