[ Yolin
| 2001
| Sommaire
]
6.1.2.12.1
Même dans la "nouvelle économie" la valeur" d'une entreprise reste son espérance de gains actualisée
Un
investisseur de moyen terme ne place son argent dans une entreprise qu'avec un
espoir de rentabiliser ses fonds
- Soit par un bénéfice d'exploitation (qui doit
être quasi immédiat pour une entreprise de service, mais qui peut
être plus lointain comme nous le verrons ci-après pour une
entreprise qui vise à devenir dans son domaine le standard du
marché). Au 1er janvier 2001 38% des dot.com
européennes étaient rentables contre 28% 3 mois avant
(enquête PriceWaterhouseCoopers)
- Soit par une plue-value lors de la revente, et c'est en
particulier le cas d'entreprises développant des technologies pour
lesquelles elles n'ont pas la base de clientèle : l'acquisition de
celle-ci serait beaucoup trop longue et onéreuse et la création
de valeur se fait par la réunion de l'entreprise qui possède la
base de clients et de celle qui a développé la technologie (en
général par rachat de la start-up). Ce second cas de figure est
de loin le plus fréquent (80%)
Une statistique de Broadvision montre que ce n'est pas moins de 6008
entreprises qui ont été rachetées en 1999 dans ce secteur
pour un montant de 1200 Milliards de $: il y aura beaucoup de joueurs pour peu
de gagnants, c'est ce que certains nomment la "hit economy", mais est-ce
"perdre" que de vendre son entreprise en contribuant ainsi au
développement du leader pour bien souvent en créer une autre avec
le produit de la vente?
De nombreuses entreprises créées autour des technologies
optiques n'ont dès le départ comme business model que de se faire
racheter par
Cisco
: rappelons que cette entreprise considère que
près du tiers de ses technologies proviennet de rachat, le plus
symptomatique d'entre eux étant peut-être le rachat de
Cerent
pour 6,9 Milliards de dollars (10M$ de chiffre d'affaire,
30M$ de perte, un seul produit...mais qui en donnant accès à la
technologie DWDM (multiplexage sur les fibres optiques permettant d'en
décupler le débit)
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La valeur économique d'une entreprise est alors égale à
son bénéfice actualisé
- on additionne les rentrées d'argent (Bn pour l'année n),
en général faibles les premières années, en les
affectant d'un coefficient d'abattement d'autant plus grand que la date en est
lointaine. Ce coefficient prend en compte tant l'a rentabilité
exigée (I) que le risque inhérent à ce type
d'investissement (R)
- on soustrait de la même façon les dépenses (Dn), en
général importantes dès les premières années
Le bénéfice actualisé est alors la somme pour les
années suivantes de [(Bn-Dn) divisé par (I+R)n], tout
le problème étant évidemment dans justesse de la
prévision des dépenses (un programme de développement peut
"dérapper"), et de recette, qui ne dépend pas que du projet
(développement d'un marché, conjoncture, nouveaux
concurrents,....)
Ce calcul, relevant de l'économie tout ce qu'il y a de plus
traditionnelle, montre qu'une entreprise qui "perd" de l'argent peut avoir une
"valeur économique" très élevée: si l'industrie
lourde amortissait ses investissements dans l'année elle serait
également fortement déficitaire en phase de
développement