Technologies du vivant

Dans le domaine du vivant, on assiste à un effacement de la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée: la recherche est simultanément une élaboration de connaissances de base et une source d'innovations valorisables sur le marché, parfois très rapidement. Il n'a ainsi fallu que quelques semaines pour passer de la découverte du virus de l'hépatite B à la production industrielle du vaccin. Déjà, l'industrialisation des premiers kits de diagnostic en 1981, quelques années seulement après la publication de l'article de Nature sur les anticorps monoclonaux en 1975 avait été vue comme un signe de la rapidité avec laquelle les avancées scientifiques trouvent des applications. Il est donc essentiel d'identifier les technologies majeures très en amont et d'assurer la cohérence entre la recherche publique et l'industrie, mais aussi de breveter pour transformer l'avancée scientifique en avantage compétitif.

La génétique joue un rôle central, d'une part parce qu'elle contribue à l'avancée rapide des connaissances dans pratiquement tous les domaines des sciences du vivant, d'autre part parce que le champ de ses applications industrielles potentielles est très vaste (agro-alimentaire, médicament, diagnostic).

L'articulation entre recherche et industrie est d'autant plus difficile à réaliser que les technologies du vivant, sans s'y limiter, touchent au domaine de la santé, où l'offre technologique crée la demande. La société veut bénéficier des innovations, exige un effort de recherche accru sur certains sujets plus médiatisés (sida, myopathie, Alzheimer) et revendique un droit à la santé qui va au-delà de la demande solvable, alors que les pouvoirs publics ou les organismes payeurs cherchent à maîtriser les dépenses de santé. Se posent également des problèmes éthiques et déontologiques. Ils touchent en premier lieu les questions liées à la génétique (en particulier la transmissibilité à la filiation des modifications génétiques) mais ne s'y limitent pas, comme le montrent les hésitations de certains pays à autoriser une pilule abortive ou les débats sur l'opportunité de prescrire pour des personnes ‰gées certaines interventions médicales lourdes (transplantations d'organes, pontages cardiaques).

Le développement technologique est d'autre part freiné par la complexité croissante des systèmes d'homologation et d'autorisations de mise sur le marché, ainsi que par un environnement juridique où se multiplient les appels en responsabilité. Cette situation peut par exemple dissuader certains grands industriels de s'intéresser aux biomatériaux.


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