Matériaux
Les innovations en matériaux mettent le plus souvent entre dix et vingt ans avant de réaliser une percée significative sur les marchés. Elles sont en effet freinées par la pesanteur des investissements existants, et par les habitudes des concepteurs de systèmes et des utilisateurs. Ceux-ci rechignent à abandonner un matériau éprouvé, dont ils connaissent bien les possibilités et maîtrisent la mise en Ïuvre, au profit d'un matériau plus avancé, dont les performances a priori supérieures restent à valider dans les conditions industrielles. Ces réticences sont d'autant plus fortes qu'il ne sera souvent pas possible de procéder par substitution de la pièce concernée, et qu'il faudra reconcevoir le sous-système ou même le système dans lequel elle s'insère. La modélisation des matériaux et de leurs procédés de mise en forme devrait permettre de convaincre les utilisateurs des avantages économiques et techniques des matériaux nouveaux.
L'innovation rencontre d'autant plus de difficultés pour se frayer un chemin jusqu'au marché que le coût du matériau est, au départ, élevé. Il ne trouve en effet initialement à s'employer que sur des segments de marché où il apporte un avantage marqué: il n'est donc produit qu'en petites quantités et ne peut bénéficier d'économies d'échelle. Ce handicap économique peut être alourdi par le coût de la certification, souvent élevé. D'autre part, les matériaux couramment utilisés ne cessent de progresser, le plus souvent sans que ces améliorations se traduisent par un surcoût pour l'utilisateur. Le producteur de matériaux est en outre souvent pénalisé par un manque de visibilité de marchés potentiels disjoints, très divers, dont il connaît mal les exigences et sur lesquels les effets de substitution (à double sens, puisque les fournisseurs des matériaux concurrencés par l'innovation vont chercher à réagir) sont difficiles à évaluer.
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