Habitat et infrastructures
INTEGRER LA MULTIPLICITE DES DEMANDES
Le "hard" et le "soft" sont inséparables
L'importance primordiale de l'organisation, dans un secteur caractérisé par la multiplicité des intervenants et par la mobilité des relations qu'ils entretiennent, implique une approche de l'innovation technologique intégrant de manière inséparable le matériel et l'immatériel.
Les technologies de base sont souvent disponibles; reste à concevoir les assemblages. Chaque technologie doit être accompagnée d'une solution de mise en oeuvre qui permette son appropriation par les acteurs concernés ("orgware").
Le couplage du matériel et de l'immatériel est en outre une condition d'exportabilité des technologies.
Bâtiment et infrastructures: deux logiques d'innovation
La problématique de l'innovation technologique diffère assez sensiblement dans le domaine du bâtiment et dans celui du génie civil. En caricaturant, la filière bâtiment est une filière organisationnelle et la filière génie civil est une filière technologique.
Le montant d'investissement engagé dans les ouvrages de génie civil les plus importants justifie et facilite l'élaboration de solutions techniques nouvelles alors que pour la plupart des ouvrages de bâtiment, la priorité est nécessairement accordée aux gains de temps.
Même si certains transferts de technologies interviennent entre le génie civil et le bâtiment (nouveaux matériaux par exemple), il s'agit de filières largement disjointes :
- ouvrages beaucoup plus diversifiés dans le domaine du génie civil;
- clientèles différentes (commande publique dominante pour les ouvrages de génie civil);
- intervenants de taille différente (PME et artisans dominants dans le domaine du bâtiment).
Les besoins d'innovation technologique de ces deux filières divergent donc largement.
Demande finale et demande des acteurs
Il convient de distinguer d'une part les technologies pour
l'usager et les technologies pour les "gens du métier" et,
d'autre part, les technologies de construction et les
technologies intégrées aux ouvrages. Bien entendu, ces deux
catégories entre tiennent souvent des liens étroits (exemple:
"l'architecture de chemin de grue"). Le caractère stratégique de
la maîtrise des coûts rend de fait, pour les "gens du métier",
les technologies prioritaires ("hard" et "soft"). Mais il peut
apparaître des contradictions fortes, qu'il est nécessaire de
gérer, entre recherche de maîtrise des coûts et recherche de
qualité pour l'usager.
La multiplicité des acteurs entrave et ralentit l'émergence des
innovations, même si la demande finale existe et s'il y a un
cahier des charges précis.
De plus, la demande des usagers est interprétée par les maîtres
d'ouvrage et les architectes; d'où l'absence de contact direct
avec les entreprises de travaux ou les industriels fabricants de
produits pour la construction.
Une "ingénierie de la demande" est donc nécessaire pour percevoir
et traduire des exigences des usagers, pour gérer les
contradictions éventuelles entre clients, entre clients et
acteurs, entre acteurs.
Les innovations en matière de "software" doivent aussi avoir pour
objectif de contribuer à améliorer la concertation usager-maître
d'ouvrage-maître d'oeuvre entreprise-industriel. Les pouvoirs
publics nationaux et européens ont certaine ment un rôle
important à jouer dans ce domaine, en favorisant la mise en place
de structures favorisant cette concertation.
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