Matériaux et technologies associées
La problématique
UN DOUBLE MOTEUR POUR LE DÉVELOPPEMENT
Les utilisations des matériaux concernent pratiquement tous les secteurs de l'économie, qu'il s'agisse des biens de consommation ou d'équipement, de la construction, ou encore des produits intermédiaires (comme les catalyseurs utilisés dans la chimie). A cette omniprésence des matériaux correspond un spectre très large de prix, depuis 2 à 3 F/kg jusqu'à plus de 10 000 F/kg, par exemple dans le cas de résines photosensibles utilisées dans l'industrie électronique.
Cette diversité des matériaux constitue en elle-même un facteur de développement, une double dynamique alimentant la croissance des marchés :
- d'un côté, les matériaux de haut de gamme (composites à hautes performances, par exemple) issus des industries de pointe (comme la construction aérospatiale) tentent de se frayer un chemin dans les industries de grande consommation (sports et loisirs, construction automobile, etc.);
- de l'autre, l'amélioration constante des matériaux courants, notamment sous l'ai guillon de la concurrence des précédents, est à l'origine d'un flux régulier d'innovation qui, s'il n'est pas toujours perçu du grand public, n'en est pas moins considérable. Sans sous-estimer le potentiel des matériaux les plus avancés, il est en effet important de prendre la mesure des enjeux économiques associés à l'amélioration des matériaux courants, ainsi que le suggère le tableau.
Matériaux | Marché 1992 (en GF) |
Accroissement annuel moyen en volume 1992-2000 |
Nouveaux aciers | 420 | 2% |
Thermodurcissables et adhésifs | 190 | 3% |
Matériaux pour l'électronique | 170 | 7% |
Thermoplastiques techniques | 140 | 8% |
Nouveaux non ferreux | 130 | 2% |
Composites grande diffusion | 110 | 6% |
Céramiques techniques | 90 | 8% |
Nouveaux verres | 50 | 6% |
Composites hautes performances | 20 | 9% |
Total | 1320 | 5% |
On observera que cette amélioration des matériaux courants s'opère souvent par substitution à des produits existants de la même famille, ce qui constitue précisément l'une des raisons pour lesquelles le progrès technique dans ce domaine est difficilement saisissable au moyen des outils économiques usuels: ainsi, si le marché des produits laminés en acier est stabilisé en tonnage dans les pays développés, 50 % des types d'acier utilisés aujourd'hui ne l'étaient pourtant pas il y a cinq ans.
Ce point est d'autant plus important que l'amélioration se fait souvent par allégement (moins de matière pour la même fonction finale), de sorte que l'on peut dire que les matériaux traditionnels, comme l'acier ou le verre, sont les principales victimes des progrès qu'ils apportent. Il est vrai que, en théorie, cette amélioration devrait se traduire par un effet qualité aboutissant à une progression du volume des marchés mesurés à prix constants supérieure à celle des tonnages, mais la précision de la mesure des prix unitaires dans un contexte de forte concurrence n'est probablement pas telle que l'on puisse être certain de bien saisir cet effet qualité au moyen des agrégats économiques.
En d'autres termes, les progrès de productivité des grandes industries de base qui élaborent les matériaux courants sont souvent cédés aux secteurs utilisateurs, ce qui conduit globalement à sous-estimer la vivacité du progrès technique dans ces industries.