Moto : Gaëlle Sinacouti championne à toute épreuve

23 ans et déjà dix années d'expérience dans le monde de la moto. Les cheveux rouges, piercing à l'arcade et allure très décontractée.Gaëlle Sinacouti tient tête aux « bikers » réunionnais depuis son plus jeune âge. Unique fille en compétition, elle devient championne de la Réunion en 1997. Scooter, 80 cm3, 125 et aujourd'hui sur son 250/4 temps, la jeune tamponnaise attend la reprise des championnats en mars 2006. Objectif : gagner sous la houlette, elle l'espère, de son récent sponsor.

Comment et depuis quand, êtes-vous entrée dans le monde de la moto ?
Toute ma famille fait de la moto. Mon père faisait des courses. Je m'y suis mise dès l'âge de 6 ans. Je courais alors les miniverts, une compétition pour les touts petits. Et puis, lorsque je me suis lancée dans les choses sérieuses à 13 ans, mon père a stoppé sa carrière pour me soutenir. Il est devenu mon mécanicien.

Quels genres d'épreuves avez-vous couru ?
A 13 ans, je me suis lancée dans la course de vitesse et la course de côte sur un scooter. Rapidement j'ai lâché le scoot' pour un 80 cm3. En plus d'être la seule fille sur les pistes, j'étais également l'unique 80 cm3. Du coup, j'ai raflé le titre de championne de la Réunion en 97.
En 1998, j'ai commencé les épreuves monobike (course sur bitume), toujours sur mon 80 cm3 et à 18 ans, je suis passée à la 125 cm 3 sur des épreuves supermotard (course sur bitume et terre).

Quel comportement ont les pilotes avec vous ?
Au tout début, tout le monde a été surpris. Il n'y avait aucune fille sur les circuits. A la longue, plus personne ne fait de différence. Ils ont pris l'habitude de me voir. J'ai beaucoup de personnalité et je n'ai pas de mal à m'imposer.

Avez-vous inspiré d'autres jeunes filles ?
Ma cousine Laura Bègue s'est mise à la moto. Elle est championne d'Europe de descente en VTT. Elle est en train de monter très vite dans les championnats.

Vous venez récemment de trouver un sponsor, pourquoi n'en n'aviez-vous pas avant ?
La plupart des sponsors veulent des « gagnants ». En ce qui me concerne, depuis mon titre en 97, je ne finis que dans les cinq ou six premiers. Et puis, j'ai rencontré la Husqvarna One Team que j'ai intégré. Ces derniers ont considéré le fait que j'étais la seule présence féminine dans le milieu de la moto et pensent avant tout à la publicité que je peux leur apporter de part ma notoriété.

Comment vous évaluez vos performances depuis 1997 ?
Je n'ai pas été bonne. (Rires). C'est vrai que si l'on considère le fait que je suis une fille et que j'ai couru parmi les meilleurs de la Réunion, on peut effectivement penser que je me suis bien débrouillée. Mais de mon point de vue, je me place sur le même piédestal que les autres. Voilà pourquoi, je pense que je n'ai pas été au top.

Comment appréhendez-vous 2006 ?
Depuis 2004, je cours sur une 250 cm3/4 temps. J'ai eu le temps de m'y faire. Les championnats reprennent en février et je vais courir pour gagner. Si la Husqvarna One Team veut toujours de moi.Autrement je n'aurai pas les moyens de continuer.

Propos recueillis par Laurène Mazier
Décembre 2005