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Portraits des uns et des autres

 

> Fabienne Redt - Présidente du 2ème Festival du Film de La Réunion
> Claude Brasseur - Président du jury
> Milind Soman - Acteur principal de la "La vallée des fleurs"

 

Fabienne Redt
- Présidente du 2ème Festival du Film de La Réunion

Fabienne Redt est passionnée par son sujet : la promotion du jeune cinéma et le rapprochement entre équipes métropolitaines et futurs talents réunionnais, entre personnalités du cinéma et spectateurs de La Réunion.
Le cinéma l'habite depuis très longtemps. Pas au point d'en faire le thème de ses études. Elle a choisi « Lettres ». Puis a navigué entre métropole et Réunion, son île natale.
La jeune femme a été notamment chargée de la communication de l'hôtel Saint-Alexis, un quatre étoiles de la côte Ouest de La Réunion et journaliste pour RFO radio.
Il y a un peu plus de trois ans, à La Réunion, elle assiste un peu consternée à une présentation devant une salle à moitié vide de son dernier film par Benoît Magimel, acteur ayant débuté sa carrière à 14 ans dans « La vie est un long fleuve tranquille ». C'est le déclic ! L' île n'est peut-être pas suffisamment sensibilisée au septième Art et plus particulièrement aux jeunes Å“uvres cinématographiques ! Il manque un festival !
Ce sera alors un job à plein temps. Entourée de sa famille – sa mère assure la comptabilité de l'Association, des cousins lui donnent un sérieux coup de main – mais aussi de nombreux amis bénévoles et de professionnels du cinéma, Fabienne Redt va se lancer tête baissée dans l'aventure. Par son sourire, sa détermination à toute épreuve, elle va parvenir peu à peu à convaincre.
Pas mondaine pour un sou ni hautaine, elle saura faire son marché à Cannes auprès des plus grands. Sûrement séduits par sa simplicité et sa volonté à toute épreuve. La jeune femme sera aidée aussi par le goût de paradis que dégagent les deux mots « La Réunion ».
Contre vents et marée Fabienne Redt ouvrira la pemière édition du Festival du film de La Réunion en novembre 2005 et la deuxième édition, sans accrocs majeurs, un an après.

 

Claude Brasseur
- Président du jury

Claude Brasseur accueille la presse - dont Runweb - entouré d'une partie des membres du Jury, avec une grande disponibilité mais sans complaisance. Il dit simplement ce qu'il pense et répond avec patience. A la fois décontracté, drôle mais répondant avec gravité à toutes les questions fondamentales, au sens propre du terme.
Il est heureux d'être là, à La Réunion, pour défendre un art qu'il aime passionnément au même titre d'ailleurs que le théâtre. Puis au fil des minutes Claude Brasseur laisse échapper quelques réflexions sur la vie et la mort…

Théâtre ou cinéma ?
« Cinéma, théâtre …Ce que je préfère ? C'‘est comme si vous demandiez à un enfant s'il préfère son père ou sa mère… Ce que je peux dire c'est que le théâtre c'est plus facile car il faut se concentrer sur une courte période, la durée de la pièce. Tandis qu'au cinéma, durant une journée de tournage qui dure donc huit heures, il ne faut jamais cesser de se concentrer. Ce n'est pas parce qu'il y a des techniciens qui modifient telle ou telle lumière ou change le décor qu'il faut penser à autre chose qu'au film qu'on est en train de tourner. De plus le théâtre c'est chronologique : on commence par le début et…on finit par la fin. Tandis qu'au au cinéma les scènes sont tournées dans le désordre. Â»

Pourquoi tourner tel film plutôt que tel autre ?
Ce qu'il y a de plus important dans un film c'est ce qu'il veut transmettre, c'est sa signification profonde. C'est cela qui me fait accepter ou refuser un rôle. En revanche si, pour faire passer cette idée, ce message, on me confie le rôle du « méchant Â», de l'odieux, cela m'est égal. Exemple : le film «  l'Etat sauvage «  sur le racisme. Il se passe en Afrique et est l'adaptation cinématographique d'un livre de Georges Conchon qui a eu le prix Goncourt en 1964. C'est moi qui joue le rôle de Gravenoire « le petit blanc raciste et con Â», cela ne m'a pas empêché d'accepter de jouer dans ce film.

Le dernier film dans lequel vous venez de jouer ?
Il s'agit de « Sa Majecté Minor Â» (*), un film de Jean-Jacques Annaud. Quatre mois de tournage en Espagne avec une équipe gigantesque, plus de 150 techniciens. J'ai terminé de le tourner il y a quelques jours !
Il s'agit d'une légende qui se passe 3000 ans avant JC. C'était très rigolo mais je ne sais pas ce que cela va donner en final. Jean-Jacques Annaud est en tout cas un extraordinaire cinéaste ! 

Qu'avez-vous à dire sur la mort de Philippe Noiret ?
La mort des uns et des autres est un non-événement  puisque c'est inéluctable.
En ce qui me concerne, je voudrais travailler de moins en moins, sans m'arrêter pour autant, et mourir « jeune Â».
Une chose est sûre : la réussite sociale n'est en aucun cas un gage de bonheur. Le « fric Â» est loin d'être essentiel.

Quelles raisons vous ont fait accepter ce rôle de président du jury du 2ème Festival du film de La Réunion ?
Ce n'est, bien sûr, pas la première fois que je fais partie d'un jury mais je n'accepte ce rôle que pour les « petits Â» festivals –cela n'a rien de péjoratif – les festivals à taille humaine. Ici on peut discuter avec les autres membres du jury, prendre le temps de se rencontrer, de mieux se connaître et de boire des canons ensemble ! Cela sans la « pression Â» médiatique et autres !
Et puis c'est une belle aventure : on va élire un film, et même deux car je viens de proposer aux autres membres du jury un deuxième prix pour distinguer une qualité particulière de tel ou tel film.
Être président ? Je n'aime pas beaucoup ce mot, parce que cela me rappelle la politique et que la politique ne me satisfait pas vraiment.
Et puis j'ai accepté aussi parce que cela me permet je découvrir La Réunion. Une région qui porte un très joli nom. Et puis ici on ne bronze pas idiot, c'est tonique ! À l'image de l'activité du volcan !

(*) « Sa Majesté Minor » est une histoire aux frontières de la mythologie grecque, tournée en français avec StudioCanal comme principal partenaire.
Ce film de Jean-Jacques Annaud est ¬présenté comme “une tragédie du pouvoir, de la chance, de l'amour et des cochons, inspiré de thèmes aux racines de la mythologie. ». Il l'a écrite avec Gérard Brach, son complice de « La guerre du feu », du « Nom de la rose », de « L'ours » et de « L'amant ».

 

Milind Soman
- Acteur principal de la "La vallée des fleurs"

Milind Soman vit à Bombay. Bien que mannequin, il est avant tout une star du grand écran dans un pays qui compte plus d’un milliard d’habitants ( 60% de moins de 25 ans) et qui produit plus de de 800 films par an.
Dans un excellent anglais émaillé de quelques mots français, tout sourire, il explique à la presse présente que si le « Bollywood » est le style cinématographique le plus connu au-delà des frontières indiennes il ne représente que 20% de la production locale soit 120 films par an.


Si vous deviez choisir trois qualificatifs pour définir le « Bollywood » ?
Ce type de films est certes très apprécié des Indiens car il leur permet de s’évader d’un quotidien souvent difficile. Mais ce n’est pas très passionnant en tant qu’acteur. Le contenu est trop « léger ». Les trois qualificatifs du Bollywood ?Joyeux, divertissant, sans lien avec la réalité..


Qu’avez-vous apprécié lors du tournage de « La vallée des fleurs » de Pan Nalin (réalisateur indien vivant à Montreuil, dans la banlieue parisienne )?
J’adore les paysages, les grands espaces. Et, en la matière, le Ladakh est un pays extraordinaire. Nous avons vécu trois mois à plus de 3500 m. J’aime aussi beaucoup monter à cheval : or le film m’a donné l’occasion de le faire à plusieurs reprises. Ce que j’ai aussi beaucoup apprécié c’est de travailler avec une équipe composée de personnes de différentes nationalités. Enfin, j’y ai rencontré une jeune actrice française, Mylène Jampanoï, l’héroïne, que j’ai imaginé arrogante. Elle est devenue ma femme en juillet dernier !


Que connaissiez-vous de La Réunion ?
C’est la première fois que je viens ici alors que je suis allé de nombreuses fois à Maurice. Il faut dire que chez votre voisine tout est fait pour faciliter la vie des réalisateurs et des acteurs. De La Réunion je ne connaissais que… le chikungunya. Je suis ravi de découvrir cette île. Le peu que j’ai vu – j’ai plongé ce matin - m’enchante.

(*) Le Ladakh ou Laddakh est le plus grand district de l'État indien du Jammu-Kashmir, situé dans sa partie orientale et dont il occupe plus de la moitié de la superficie. Parfois appelé le Petit Tibet, il est célèbre pour ses paysages montagneux et sa culture bouddhiste tibétaine. Sa capitale est la ville de Leh (Source : Wikipedia)

 

Textes et photos : Laurence de Susanne
30/11/06